Les potales de Gougnies

Au printemps, elles se fardent de soleil nouveau pour assister à la grande parade dorée du colza menée par les abeilles qui façonnent le miel de la vie.

En été, telles des balises éclaboussées par les embruns écarlates de coquelicots, elles émergent de la mer de froment qui ondule au gré du vent des générations oeuvrant pour le pain des hommes.

En automne, elles offrent aux migrateurs leur faîte en perchoir, ultime nostalgie du terroir avant l’exil saisonnier.

En hiver, sur la feuille blanche de la campagne enneigée, elles sont points d’exclamation qui ponctuent le s’il vous plaît de la phrase « respectez-nous ».

Potales et chapelles sont ces lieux magiques où le sacré côtoie les dures réalités de l’existence. Que de souvenirs, de témoignages n’hébergent-elles pas au sein de leur sanctuaire. La discrète procession des intercessions imprègne leurs pierres de cette ferveur que le temps n’érode pas. Que de discours désemparés n’ont-elles pas reçus en échange d’un simple souffle d’espoir. Parfois aussi par bonheur, la flamme de leurs cierges projette entre les ombres des statuettes des reflets de gratitude pour une prière exaucée.

Témoins du passé, éternelles racines de notre terre, héritage de demain, elles sont indissociables de notre environnement, elles ont dans nos campagnes, nos forêts, le long de nos chemins ou affectueusement protégées par les bâtisses ancestrales du village, une place privilégiée que nulle autorité n’a le droit de renier.

Telles les édiles locaux, elles reçoivent avec profonde conviction les honneurs d’un folklore pas ordinaire. Chaque année, qu’elles soient dédiées à Sainte Rolende ou pas, elles suscitent au coeur de cette grande fête de la convivialité une remarquable dignité.

Notre village est terre d’accueil pour ces précieux petits édifices. De bien respectables habitants y consacrent du temps et de l’énergie pour les maintenir dans le meilleur état possible. Ces personnes contribuent à la sérénité de l’âme du terroir et puisse leur exemple se perpétuer dans les générations futures.

Le pire ennemi de nos potales et chapelles n’est pas le temps qui s’égrène. Décevant paradoxe, l’homme peut parfois devenir un terrible prédateur pour ces vestiges de notre histoire. Le mot respect n’est pourtant pas tabou, il peut faire partie du quotidien de chacun. Malheureusement, certains individus dépourvus de tout scrupule, semblent irrémédiablement allergiques à cette notion fondamentale de la cohabitation et s’attaquent à ces sanctuaires comme à de vulgaires tas de cailloux pareils à celui qu’ils ont dans la poitrine.

Enfant, j’avais été impressionné par une phrase prononcée devant moi par un adulte : « Celui qui vandalise une chapelle, un jour ou l’autre sera puni… »

Qui sait ?

1 – Notre Dame de Walcourt

2 – Notre Dame des affligés

3 – Potale Sainte Rolende

4 – Potale dédiée à la victime de Barbe Henry – Bois vers Fromiée

5 – Chapelle située à l’entrée de la ferme des Longs Bonniers

6 – Potale Sainte Barbe Rue des Longs Bonniers

7 – Potale en l’honneur de l’enfant Jésus de Prague

8 – Chapelle Sainte Rolende Rue de l’Ermitage

9 – Chapelle Rue de Namur

10 – Chapelle du Sacré Coeur Rue de Namur

11 – Chapelle Rue de Sart Eustache

12 – Chapelle du cimetière

13 – Monument dédié aux marcheurs décédés

14 – Potale dédiée à Notre Dame du Rosaire Bois Communal

15 – Potale dédiée à Saint Gilin

16 – Potale dédiée à Saint Antoine Rue de la Tourette

17 – Saint Remy Porche de l’Eglise

18 – Chapelle de la Vierge Marie Château del Marmol (Privé)

19 – Potale Saint Eloi Château del Marmol (Privé)

20 – Chapelle enclavée dans un jardin privé

La partie supérieure de la potale N°14 a été volée par deux fois. 

Précision du 18/07/07 La potale N° 15 n’est pas dédiée à ND du Rosaire comme précédemment indiqué mais sans doute à Saint Ghislain (la gravure dans la pierre porte l’inscription « Gilin » et la date 1801). Sur le socle on peut lire (quand on se munit d’une brosse comme la courageuse Christine Hébrant que Gougnies.be remercie) le nom de Marie Louise Massinon. On dit que les femmes enceintes allaient à cette chapelle pour des grâces et aussi pour la guérison d’enfants malades.

Conception et réalisation:
Jean-Luc Baufayt
Arnaud Tombelle

Texte: Jean Marcelle
Photos: Jean-Luc Baufayt