De 1910 à 1939 (1ère partie)

En préambule de ce chapitre, on notera qu’il englobe la Grande guerre, ce qui explique sans doute certaines imprécisions quant à l’administration de la commune et singulièrement en ce qui concerne le statut d’Albert Pirmez. Si, vraisemblablement, il est resté bourgmestre en titre de juin 1910 à février 1939. Il apparaît nettement que durant cette guerre il n’était généralement pas à Gougnies et que la fonction a été assurée par le Premier échevin Victor Tayenne et ensuite par le second échevin Isaac Hébrant.

Le 11 janvier 1912 est installé le Conseil issu des élections de septembre 1911 : aucune mention d’Albert Pirmez, ni comme bourgmestre, ni comme conseiller. Il sera absent aux 21 réunions du Conseil entre février 1912 et avril 1914. Les procès-verbaux sont signés «Tayenne échevin » ou « Tayenne bourg. ff ».

Le 18 octobre 1913, avec une curieuse anomalie que l’on découvrira ci-après à cette date, le Conseil accepte la démission d’Albert Pirmez en tant que conseiller, donc aussi comme bourgmestre. Il demande au Collège de pourvoir à son remplacement. Cependant jusqu’à ce que Isaac Hébrant prenne le relais en avril 1914, Victor Tayenne continuera de signer « bourgmestre ff ».

Le 7 avril 1914, les conseillers décident d’une élection communale partielle le 10 mai.
Le 30 juin, quatre lignes laconiques pour signifier qu’Albert Pirmez prête serment de conseiller. Il a été élu le 25 avril courant… or il n’y a pas de procès-verbal à cette date. Par qui Albert Pirmez a-t-il été choisi ? Vraisemblablement par les conseillers.

A la réunion du 24 octobre suivant, il expose qu’il a été appelé aux fonctions de bourgmestre par arrêté royal du 2 octobre et remercie Issac Hébrant qui a rempli les fonctions avec dévouement… curieux c’est plutôt Victor Tayenne qu’il eut fallu remercier.
Dès la réunion suivante, le nouveau bourgmestre est absent et le restera aux 23 séances suivantes, soit jusqu’au 16 février 1918.
Ses absences trouvent une explication dans l’ « in memoriam » lors de son décès. Quelques distinctions honorifiques éloquentes décernées à ce sous-lieutenant aviateur : Croix de guerre, Croix de guerre française avec Etoile, croix du Feu.

Mais revenons-en à la vie de la commune.

Albert Pirmez (juin 1910 – février 1939)

Coll Jacques Monnoyer

La première réunion du Conseil, présidée par Albert Pirmez , nommé bourgmestre par arrêté royal du 18 mai 1910, se tient un mois plus tard, le 14 juin. Albert Pirmez succède à Camille Hermant, démissionnaire. On ne connaît pas la raison de cette démission, mais on constatera que l’ancien bourgmestre est resté conseiller.

Victor Tayenne et Isaac Hébrant sont échevins ; Camille Hermant, Edmond Daffe, Jules Thibaut Conseillers et J. Biernaux secrétaire.
L’ordre du jour n’est pas chargé : un conflit entre la commune et un boucher du village pour une question de taxe d’abattage et la fixation du traitement de l’instituteur provisoire Devergnies désigné pour remplacer Valentin Joachim, malade. Pour deux mois il percevra 1.400 francs.

Le 16 juillet, la « fée électricité » ayant fait son apparition à Gougnies le Conseil constate qu’il n’y a plus lieu d’allouer 200 francs (NB : par mois) au cantonnier pour l’allumage (NB : et l’extinction…) des réverbères (NB : au gaz) mais cette somme sera reportée sur son traitement qui s’élèvera donc à 875 francs.

Restons dans le domaine de l’électricité : le 16 août 1910 le Conseil examine les arguments à opposer à l’inspecteur provincial lequel a fait savoir son opposition à la décision du Conseil du 23 février précédent, d’accorder à Albert Pirmez le monopole exclusif de la fourniture d’électricité à la commune et aux privés.
La commune fera valoir que :
– à l’époque de la décision du Conseil, Albert Pirmez n’était pas bourgmestre ;
– il est le seul industriel de la commune en mesure de fournir de l’éclairage
– si l’autorité supérieure estime qu’il faut faire application de l’article 58 de la loi communale (NB : portant sans doute sur les conflits d’intérêt) il faudra en revenir au pétrole…

Le binage du curé
L’électricité, mais « dans l’air cette fois-ci » entre la commune et la Députation permanente. Celle-ci a refusé une fois de plus le poste de 500 francs porté au budget de la commune en tant qu’indemnité de binage pour le curé car il dit deux messes le dimanche et les jours fériés.
La commune adresse donc un recours au roi Albert 1er et argue du fait que « à plusieurs reprises » le père du Souverain avait accueilli favorablement une telle requête. Argument supplémentaire : Gougnies a les moyens de choyer son curé : son budget présente un solde positif de 1.066,73 francs.

On notera que dans la période 1939 – 1946 de cette série il est fait également mention de cette indemnité de binage, mais cette fois pour menacer le curé de la lui retirer s’il n’est pas plus rigoureux l’horaire de ses messes !

Les anciens réverbères au gaz avaient coûté 24 francs pièce : ils seront mis en vente au prix de 10 francs car ils sont encore en bon état, estiment les conseillers lors de leur réunion du 9 novembre 1910. Ce jour-là, ils approuvent aussi la liste de 27 garçons et 32 filles ayant droit à l’enseignement primaire pour l’année scolaire 1910 – 1911.
La vente de taillis et futaies du bois communal à Gougnies a rapporté 3.147 francs et dans celui dont la commune est propriétaire à Biesme 487,40 francs.

Le budget communal pour 1911 est voté le 28 novembre 1910 : 75.813, 59 francs, en boni de quelque 500 francs.

Le Conseil adresse, le 13 janvier 1911, un sorte de pied de nez à la Députation permanente : comme celle-ci n’a toujours pas donné son accord à la fourniture par Albert Pirmez d’électricité pour l’éclairage public, il est acté que depuis le 1er octobre précédent et jusqu’au 30 septembre de l’année en cours, l’électricité est fournie par la S.A. Marmor… dont Albert Pirmez est actionnaire.
Le tarif: 1 franc l’heure d’éclairage pour 40 lampes de 20 bougies (NB : environ 140 watts) brûlant un minimum de 800 heures par an.

Pour le plus grand bonheur du lecteur, le secrétaire Biernaux , bien que signant toujours les comptes rendus a cédé la plume à quelqu’un qui possède une bien plus belle écriture.
C’est sous cette calligraphie qu’il est acté que lors de sa réunion du 3 avril 1911 le Conseil accède à la demande du curé Arthur Rasneur d’obtenir une concession à perpétuité au cimetière. Le tarif en vigueur de 150 francs pour 6 m² sera appliqué… sauf que 90 francs seront pris en charge par la commune et 60 par le Bureau de bienfaisance.

Lors de cette même réunion les conseillers donnent satisfaction à deux fermiers, Edmond Daffe et Désiré André qui ont demandé l’autorisation de prendre de l’eau de la distribution pour leur bétail.
Les conditions sont cependant strictes: tous les frais d’installation seront à leur charge en ce compris une prise d’eau avec serrure qui permettra au garde champêtre de fermer la vanne si l’eau vient à manquer.
Quel est l’indicateur de pénurie ? La pompe publique aux Hayettes (NB : point haut du village)
Le texte de l’accord dit, en effet : « On leur fournira l’eau lorsque il y aura un excédent, c’est-à-dire que l’eau coulera à la pompe ». On estime cette circonstance à 6 mois par an, mais sans garantie.
Le prix est fixé à 30 francs l’an et l’autorisation n’est valable que jusqu’à l’inauguration de « la nouvelle distribution d’eau qui va être établie » (NB : et qui réservera bien des déboires…)

La pompe des Hayettes: on la distingue (difficilement) sur le côté droit de la haie qui sépare les actuelles rue des Hayettes et de Sart Eustache (Coll Jacques Monnoyer). Il y avait plusieurs pompes dans le village; la seconde photo montre celle de la place au début des années 1900. (Photo Gaspard François)

A la séance du 28 avril 1911 on se croirait à une partie de Monopoly : le Conseil examine une série d’échanges de terrains proposés par le bourgmestre qui, ayant coiffé pour la circonstance sa casquette de châtelain, n’assiste évidemment pas à la réunion. En gros, il s’agit d’échanger sa propriété dite « Bois le Comte », qui est une parcelle de plus de 6 hectares enclavée dans le bois communal (NB : à droite, en bordure de la route menant à Sart Eustache, à mi-chemin du bois) contre une série de parcelles bordant l’actuelle rue du Maka.
Albert Pirmez tient fort à cet échange car, alors que les experts ont estimé à 221,84 francs la soulte qu’il aurait à verser à la commune, il en propose 1.000.
Les conseillers estiment que c’est une bonne affaire pour Gougnies et acceptent le marché.

Logique avec elle-même, la Députation permanente a refusé, comme en 1910, le poste du budget prévoyant 500 francs de binage pour le curé ; logique avec lui-même, le Conseil décide, le 14 juillet 1911 de faire un recours au Roi, arguant que le budget est en boni de 8.831, 66 francs. Nous verrons que chacun campera sur ses positions longtemps encore…
En 1911, la fête communale est fixée au 16 juillet : une somme de 120 francs est allouée à la Jeunesse organisatrice et la commune fournira le matériel nécessaire à l’illumination de la place.

Lorsqu’il a fait sa demande de concession au cimetière, le curé Rasneur se sentait sans doute malade. Effectivement, la Fabrique d’église décide de lui adjoindre l’abbé Edouard Dulong comme vicaire coadjuteur. Cette décision est approuvée par le Conseil du 26 juillet 1911 « à condition que toutes charges y relatives soient à charge de l’Etat ».

L’hydrologue fait erreur
Gougnies manque d’eau : deux projets de captage sont soumis à un hydrologue, l’abbé Boulange : l’un concerne une captation dans le bois communal, près de la Biesmes, au lieu dit « Prés du Sart » ; l’autre des recherches  » dans la montagne située au Sud-Ouest du village aux lieux-dits Langlies et Tofait  » (NB : il s’agit d’une parcelle dans le Bois de Scu, le long du chemin qui le traverse et mène à l’actuelle route Gerpinnes-Fromiée)
Le rapport de l’hydrologue est présenté aux conseillers le 30 novembre 1911 et penche nettement pour le second projet. Il y voit quatre avantages :
-le coût moins cher
-la réalisation plus rapide
-l’utilisation d’installations déjà existantes (NB : les comptes rendus d’avant 1910 nous en diront peut-être plus sur ces installations)
-l’alimentation par écoulement naturel

Il affirme en outre qu’on trouvera à cet endroit l’eau nécessaire à l’alimentation de la localité, tant en qualité qu’en quantité (NB : l’avenir ne lui donnera guère raison…).
Ce jour-là, les conseillers se baignent d’illusions en imaginant que pour creuser les galeries nécessaires, il suffira d’un bail emphytéotique de 99 ans avec le propriétaire des lieux. En réalité, il faudra attendre deux ans et demi, pour que le dossier soit bouclé lors de la séance du 14 mars 1914. Ce que, entretemps, d’autres propriétaires se sont fait connaître. Finalement, la source et le terrain nécessaire au creusement des galeries seront achetés à Mme Laure Piret de Châtelet à 5.000 francs l’hectare, soit 3.392 francs. Un terrain proche sera acheté à Léonard Misonne de Gilly à 3.000 francs l’hectare, soit 1.100 francs. Quant à Edmond Daffe qui exploitait un terrain appartenant à Albert Pirmez sur lequel est prévu un bassin de distribution d’eau, il est invité à rétrocéder à ce dernier l’ « indemnité de culture » qui lui était accordée ( NB : par la commune ?)
Mais revenons-en à la séance du 30 novembre 1911 : les Gougnaciens qui vont travailler tôt (nous sommes en hiver) ont besoin d’y voir clair et ont adressé une pétition pour que l’éclairage public soit assuré le matin. Il le sera de 5h25 à 5h55. Par ailleurs une adjudication publique sera lancée pour l’installation d’un téléphone.

Le budget 1912, tel que fixé par le Conseil du 11 décembre 1911 ne présente plus qu’un boni de 3.825 francs. L’argument sera-t-il encore mis en avant pour obtenir du Roi qui annule la décision d’annulation du binage que la Députation permanente ne manquera pas de prendre ? Nous le saurons bientôt.
Par ailleurs les conseillers approuvent la liste des enfants ayant droit à l’instruction primaire gratuite pour 1911-1912 : ils sont 26 garçons et 31 filles.

Installation, le 11 janvier 1912 des nouveaux conseillers issus des élections du 30 septembre précédent.
La nouvelle composition du Conseil est la suivante :
-Victor Tayenne, 1er échevin, bourgmestre ff
-Isaac Hébrant, 2d échevin
-Camille Hermant, Jules Thibaut, Fernand Wauthy et Charles Vigneron, Conseillers.

A noter que, comme souligné en début de cette période 1910 – 1939, un certain flou règne quant à la situation d’Albert Pirmez : il n’est pas cité parmi les élus ni parmi les présents à cette réunion et pourtant il « signe » (il s’agit probablement d’un cachet) le compte rendu aux côtés de Victor Tayenne.

Séance du 13 juillet 1912 : les vacances des écoles seront fixée du 15 août au 30 septembre.

Ca y est: le 26 octobre 1912, les Conseillers décident d’adresser un recours au Roi pour le binage !

Le même jour, ils fixent à 1.200 francs l’indemnité annuelle due à Mlle Flore Collinet, institutrice diplômée, nommée le 23 par le Collège pour remplacer jusqu’à la nouvelle année Valentin Joachim, malade.

La gaffe du cantonnier
Le 23 novembre 1912, les conseillers approuvent la liste des enfants à scolariser : 32 garçons et 31 filles. Par ailleurs, étant donné qu’il a plus de 20 années au service de l’enseignement primaire, Valentin Joachim verra son traitement porté à 1.900 francs l’an.
En revanche, la demande d’augmentation du cantonnier est rejetée à l’unanimité : son traitement reste de 875 francs l’an (NB : nous allons voir qu’il aurait sans doute mieux fait de se tenir coi)

Le 7 décembre, Albert Pirmez , toujours absent, a fait parvenir au Conseil une proposition de contrat pour la fourniture de l’électricité publique. Elle lui est retournée avec quelques demandes de modification.
Quant au budget 1913 il affiche des recettes pour 64.852,30 francs et un boni de 2.253, 95 francs.

La commune n’est décidement pas satisfaite de son cantonnier : à la séance du 11 janvier 1913, il est décidé que, désormais son traitement sera fixé à 3,5 francs par jour de travail et que le garde champêtre constatera ses absences…

Le 19 avril 1913, les conseillers émettent un avis favorable à la demande de la Fabrique d’église sollicitant une récompense honorifique en faveur de Jean Baptiste Vassart pour le zèle apporté à ses fonctions depuis 25 ans.

Un mauvais garçon à Gougnies ? Le 18 juillet 1913, le Conseil accorde un secours mensuel de 10 francs à l’épouse d’un détenu pour l’entretien de son enfant en bas âge. Cette somme lui sera payée durant la durée de la détention.
Les conseillers décident aussi qu’à l’avenir le subside alloué pour les concours au jeu de balle organisés dans les différents quartiers du village ne pourra plus excéder la somme de 20 francs.

Une demande, pour le moins audacieuse, de la SA Marmor est examinée de 20 août 1913 tandis que se retirent Camille Hermant (directeur de cette société) et Fernand Wauthy (fermier) qui sont concernés. L’entreprise marbrière voudrait que soit supprimée la partie du chemin N°14 entre Gougnies et Fromiée située entre leurs carrières aux lieux dits Couture et Mainchevaux (NB : il s’agit des carrières appelées par la suite « Puissant » et « Pirmez Moncheur » que vous retrouverez dans notre dossier l’ascension de la Motte.
Il est clair que l’industriel voudrait exploiter la tranche de marbre sous ce chemin, mais l’enquête commodo – incommodo a rapporté des oppositions étant donné que ce chemin est de grande utilité pour l’exploitation des terres agricoles et que l’amélioration d’autres voies pour accéder aux propriétés des riverains serait trop onéreuse et imposerait de trop longs détours. Refus.

Tiens tiens, qui revoilà ? Le recours au Roi pour l’indemnité de binage du curé. Elle reste de 500 francs.
La décision est prise lors de la séance du 18 octobre 1913 qui accepte la démission en qualité de Conseiller communal de … Hyacinthe Pirmez.
Mystère : il s’agit évidemment d’Albert qui charge en outre le Collège de pourvoir à son remplacement (NB : sa démission comme Conseiller implique celle de bourgmestre) Hyacinthe quant à lui est un cinéaste qui, dans ces années-là, a réalisé des documentaires comme « Chasse en Abyssinie » (1908) ou « Premier tour d’Europe » (1911).

Lors de la réunion du 7 avril 1914, il est de nouveau question de Hyacinthe Pirmez. C’est évidemment, encore une fois, d’Albert qui s’agit dont « les circonstances le tiennent habituellement éloigné de cette commune ». Une élection partielle pour le remplacer est prévue pour le 10 mai.
Comme expliqué dans le préambule de ce dossier, on trouve le 30 juin quatre lignes laconiques pour signaler qu’Albert Pirmez a prêté serment après avoir été élu le 25 avril. Or il n’y a pas de compte rendu à cette date.

Allo: le 24 à Gougnies?
Le téléphone à Gougnies : le 23 avril 1914 la commune souscrit un abonnement : elle compte émettre 1.200 appels par an au départ du poste (NB : sans aucun doute public) dont le N° d’appel sera le 24.

Du 23 avril au 24 octobre 1914 il n’est plus fait mention de réunion du Conseil. Or, les troupes allemandes sont entrées dans Gougnies le 23 août et se sont livrées à des massacres dont on se garde bien de faire la moindre allusion dans le compte rendu du 24 octobre : les conseillers redoutent, certainement à juste titre, le contrôle des autorités occupantes. On peut lire : « vu l’obligation où se trouve la commune de faire face aux dépenses extraordinaires imposées par la guerre » pour justifier un emprunt auprès du Crédit communal afin de pouvoir :
1- payer le personnel communal
2- payer la « rémunération militaire » aux familles des soldats
3- disposer des sommes nécessaires à l’alimentation de nos concitoyens
4- subsidier les bureaux de bienfaisance
5- secourir les chômeurs involontaires

C’est ce jour-là aussi qu’Albert Pirmez siège à nouveau en tant que bourgmestre.

Ben

Voir la partie 2
et la partie 3
Voir aussi dans cette série la période 1939-1946
et 1947-1963
ainsi que les dossiers
Heures de guerre (1)
Heures de guerre (2)
Heures de guerre (3) et
Heures de guerre (4)