

Préparation et Motivation
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’inscrire à l’Ironman 2025 en tant qu’amateur ? Y avait-il un déclencheur particulier ou un rêve de longue date ?
Je suis arrivé au triathlon un peu par hasard. Il y a une douzaine d’années, après une longue pause sportive (pendant et après mes études), j’ai eu envie de me remettre en mouvement, de sortir, de me dépenser. Je me suis inscrit à quelques « raids nature », mélangeant course à pied, VTT, kayak… et j’ai tout de suite accroché à ce format polyvalent, exigeant mais surtout très fun.
Petit à petit, l’envie de progresser m’a amené à m’aligner sur des cross triathlons, notamment du label Xterra(1). Là, j’ai découvert l’intensité du triple effort dans des environnements souvent magnifiques, mais surtout bien souvent assez techniques et exigeants, et j’y ai pris goût. Les années ont passé, les défis se sont enchaînés, puis l’adhésion à l’Avenir Triathlon Club Charleroi, et la participation à quelques compétitions sur format Half(2) jusqu’au moment où je me suis dit : « Et si, moi aussi, j’essayais la distance mythique ? »
En ce qui concerne la full distance et la course labellisée Ironman, il y a tout de même une autre image qui me « hantait » depuis bien plus longtemps : celle de Luc Van Lierde(3) remportant le mythique Ironman d’Hawaï en 1996 ou 1999 (championnat du monde Ironman). J’étais tout jeune à l’époque, mais je me rappelle encore l’émerveillement de voir l’effort hors norme que cet athlète belge avait réalisé, un exploit presque surhumain. Ces images m’ont marqué, sans que je sache à l’époque que ce serait un jour un objectif personnel.
L’Ironman, c’est en fait plus qu’une course ; c’est en quelque sorte une quête. Alors, en 2024, quand j’ai appris qu’une full distance allait être organisée aux Sables d’Olonne (où j’avais participé 2 ans plus tôt à un Ironman 70.3), j’ai décidé de franchir ce pas, de tenter l’aventure, avec mes moyens, mais surtout avec la volonté de vivre intensément cette expérience unique.
Comment as-tu préparé ton corps et ton esprit à un défi d’une telle ampleur ? Peux-tu nous décrire ta routine d’entraînement (natation, vélo, course à pied) ?
Je n’ai pas vraiment eu de routine ni d’entraînement structuré. Je suis très loin du modèle « athlète ultra-préparé avec un plan sur 6 mois ». Depuis le triathlon XL de Gérardmer(4) en septembre 2024, je traînais une blessure tendineuse qui m’a longtemps freiné (jusqu’à quelques semaines seulement avant l’épreuve). En parallèle, ma vie était bien remplie :
Responsable de l’organisation du Triathlon Vert de Charleroi pour mon club, une organisation très chronophage et énergivore ;
Président de la Marche et tambour-major de la Marche Royale Sainte Rolende de Gougnies (avec les festivités à peine 2 semaines avant mon échéance sportive) ;
Et surtout, je suis papa et souhaite m’investir à 300 % pour mes deux petits loulous avec qui je partage mon temps une semaine sur deux.
Alors oui, j’ai un peu nagé, un peu plus pédalé et couru quand la douleur me le permettait. J’ai casé quelques sorties un peu plus longues quand le temps s’y prêtait, mais il faut bien avouer que rien n’a été linéaire ni planifié comme dans les manuels. La seule vraie préparation est un stage réalisé avec mon club dans le sud de la France début mai.
En réalité, ma préparation s’est faite sur la résilience, sur la capacité à faire avec le temps et l’énergie dont je disposais, et sur l’idée de ne pas renoncer. J’étais conscient que ce ne serait pas parfait, mais j’ai décidé d’y aller avec le cœur, l’envie et un mental de conquérant.
Combien de temps as-tu consacré à l’entraînement chaque semaine/mois ?
Très peu si on compare à la plupart des participants à un Ironman. Je dirais qu’en moyenne, je n’ai pas dépassé les 3 heures d’entraînement par semaine depuis janvier. Et encore, avec beaucoup d’irrégularité. Entre septembre 2024 et janvier 2025, j’ai même connu une interruption quasi totale à cause de problèmes tendineux suite au triathlon XL de Gérardmer. Pendant cette période, à part mes séances de kiné, je n’ai pratiquement rien pu faire.
Ensuite, j’ai repris doucement, mais sans réel plan. J’ai fait au mieux avec le temps, les contraintes physiques, familiales et organisationnelles. Autant dire que je me suis présenté au départ avec pas mal de doutes, mais aussi une grosse envie d’aller au bout malgré tout.
As-tu suivi un programme d’entraînement spécifique (coach, club, application) ou as-tu géré ta préparation de manière autonome ?
Honnêtement, non ! Je n’ai pas suivi de programme structuré ni fait appel à un coach. La qualité de l’encadrement au sein du club et l’accessibilité aux infrastructures m’auraient permis de construire quelque chose de cohérent, mais entre les contraintes familiales, professionnelles, organisationnelles et surtout les blessures dont j’ai déjà parlé, j’ai surtout géré ma préparation à vue, semaine après semaine… parfois même jour après jour.
Les semaines défilaient dangereusement, et l’échéance approchait, mais j’ai essayé de faire avec les moyens du bord, sans me mentir sur mon état de forme et en gardant l’objectif principal en tête : vivre l’expérience Ironman jusqu’au bout.
Quels ont été les plus grands défis rencontrés pendant ta période de préparation ? (blessures, fatigue, gestion du temps, motivation)
Sans hésitation, la blessure a été le plus gros frein. Elle a perturbé tout l’élan que j’aurais voulu mettre dans ma préparation il y a environ un an.
À côté de ça, je ne veux pas négliger l’aspect organisationnel. Quand on est très occupé, entre vie professionnelle, les engagements associatifs et surtout la vie de papa une semaine sur deux, il devient très difficile de dégager du temps et de l’énergie pour suivre une préparation cohérente.
Alors oui, j’ai procrastiné, je l’avoue. J’ai mis du temps à me lancer vraiment, à structurer un minimum ce que je faisais. Mais ce que je peux dire avec certitude, c’est que la motivation profonde, elle, n’a jamais faibli. Même dans les périodes de doute ou d’inactivité, l’envie de prendre le départ et de tout donner le jour J est toujours restée intacte.
Comment as-tu géré l’aspect nutritionnel et le sommeil pendant ton entraînement ?
Très honnêtement ? Aucun changement particulier… et certainement pas une hygiène de vie digne d’un athlète qui prépare ce genre de compétition.
Entre les semaines bien remplies, les impératifs personnels et professionnels, au niveau sommeil et alimentation, ce n’était pas vraiment glorieux : une vraie carence, avec des nuits souvent trop courtes. Un bon exemple ? Le week-end de la Pentecôte, à peine deux semaines avant l’épreuve, où j’ai enchaîné les nuits blanches, les responsabilités… et une alimentation pas vraiment compatible avec un effort d’endurance longue durée.
Bref, on est loin du modèle « science du sport et rigueur absolue », mais malgré cela, et je me répète, l’envie de vivre l’expérience et de me donner à fond le jour J a pris le dessus.
Quel rôle a joué ton entourage (famille, amis, collègues) dans ta préparation ?
Vu le peu de préparation réelle que j’ai pu mettre en place, je n’ai pas vraiment eu besoin d’aller chercher un soutien particulier autour de moi. Je n’ai pas modifié mes habitudes professionnelles, ni imposé de changements à mon entourage pour m’entraîner. Donc, je dirais que le rôle de mes proches a été assez limité dans ma préparation, au sens strict du terme.
Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas compté. Le simple fait de pouvoir continuer à vivre normalement, sans pression, ça m’a permis de garder le cap, même si je me préparais un peu à l’arrache. Et le jour J, les sentir et les savoir derrière moi, ça valait largement tous les plans d’entraînement du monde.
L'Expérience de la Course
Peux-tu nous raconter ta journée de course, de la veille au soir jusqu’à la ligne d’arrivée ? Quels étaient tes sentiments au moment du départ ?
J’ai fait la route avec quelques athlètes de mon club qui prenaient également le départ… mais eux étaient clairement mieux préparés que moi. Et je dois dire que le stress a commencé à sérieusement monter dès le vendredi. Dans la voiture, ça parlait watts, plans de nutrition millimétrés, stratégies de course, objectifs de temps et d’allures… Moi, je me sentais un peu comme un touriste qui s’était glissé dans la mauvaise salle. Mon seul « plan », c’était : « Tiens bon, apprends et essaie d’en profiter. »
Je voyais aussi les deux jours qui précédaient la course comme l’occasion de pouvoir récupérer et essayer de rattraper le manque de sommeil après les festivités de la Pentecôte qui m’avaient bien entamé physiquement.
La veille au soir, j’ai essayé de me reposer, de ne pas trop penser à ce qui m’attendait, même si le doute était bien présent. Le matin du départ, j’étais à la fois impressionné, curieux mais étrangement serein. Je pense que j’avais bien accepté mon niveau de (non) préparation et je m’étais fixé comme seule ligne directrice : aller au bout quoi qu’il arrive.
Le reste, je l’ai vécu comme une traversée, une suite d’émotions, d’efforts, de petites victoires mentales parsemées de petites difficultés avec au bout… cette ligne d’arrivée, et le sentiment d’avoir tout donné sans abandonner.
Comment s’est déroulée chaque discipline (natation, vélo, course à pied) pour toi ? Y a-t-il eu des moments marquants ou inattendus dans chaque épreuve ?
Pour la petite histoire, je n’avais jamais parcouru de manière isolée ces distances avant. Ni les 3,8 km de natation, ni les 180 km de vélo, ni encore moins un marathon sec. C’était donc une grande première à tous les niveaux, avec son lot d’inconnues… et de surprises.
La natation a été particulièrement éprouvante : la houle était bien présente, et j’ai eu beaucoup de mal à garder ma direction, d’autant plus que mes lunettes se sont embuées très rapidement. Résultat : un parcours assez chaotique, parfois même frustrant, mais j’ai réussi à rester calme et à finalement garder le cap, au sens propre comme au figuré.
Le vélo, en revanche, a été une immense surprise positive. J’ai roulé à une allure que je n’aurais jamais imaginée, avec d’excellentes sensations du début à la fin. Les conditions météorologiques étaient idéales : pas trop chaud, peu de vent, un ciel dégagé. J’ai pu profiter pleinement, prendre du recul, penser à mes proches, à tout ce que j’avais traversé pour arriver là et me marteler la tête avec la devise Ironman : « Anything is possible », surtout quand on y croit et qu’on s’accroche.
Et puis est venu le marathon, et là… disons que le corps a repris ses droits. Dès les premiers kilomètres, des problèmes intestinaux sont venus perturber la suite. J’ai dû faire plusieurs haltes pour gérer ces soucis, ce qui a bien évidemment cassé le rythme et ajouté une dose d’inconfort supplémentaire à une épreuve déjà très exigeante. Mentalement, c’était dur, très dur. Mais j’ai essayé de rester lucide, de ne pas lâcher, de repartir à chaque fois, en me disant que peu importe la vitesse, l’essentiel, c’était d’avancer.
Au final, chaque discipline m’a laissé une leçon : la natation m’a appris à garder mon calme, le vélo m’a redonné confiance, et le marathon m’a rappelé que la résilience, c’est aussi d’accepter les imprévus… et de continuer malgré tout.
Quels ont été les moments les plus difficiles pendant la course ? Comment les as-tu surmontés ?
Contrairement à ce que beaucoup d’athlètes m’avaient décrit en amont (à savoir les montagnes russes émotionnelles, les coups de mou successifs, etc.), je trouve que j’ai pris beaucoup de plaisir tout au long de la course.
Cela dit, le marathon a clairement été la partie la plus compliquée, notamment à cause des crampes et problèmes intestinaux qui sont venus perturber mon rythme. Ce n’était pas tant le fait de devoir m’arrêter plusieurs fois qui m’a affecté, mais plutôt la douleur intense des crampes et surtout la crainte qu’elles deviennent ingérables, au point de ne plus pouvoir m’alimenter ni m’hydrater correctement.
Malgré cela, j’ai réussi à gérer ces moments plus difficiles avec patience, en écoutant mon corps, en adaptant mon allure et en m’accrochant mentalement. Et j’ai fini par venir à bout de ce marathon, ce qui reste une énorme satisfaction.
Et au contraire, quels ont été les moments les plus gratifiants ou émouvants ?
Il y en a eu plusieurs, mais certains moments sur le vélo ont été particulièrement forts. À plusieurs reprises, j’ai eu les larmes aux yeux en me voyant avancer, en réalisant que j’avançais bien vers ma quête et surtout en sentant la présence de mes proches, même à distance ! Je les sentais avec moi et derrière moi, je les ai vraiment sentis me porter.
Mais la véritable explosion d’émotion, celle qui marque profondément, c’est quand on franchit la ligne d’arrivée. Il y a des centaines de personnes qui applaudissent autour de vous, le tumulte, l’énergie… et puis le speaker qui prononce votre nom suivi de ces mots : « YOU ARE AN IRONMAN« . À ce moment-là, j’ai réalisé que je l’avais fait. C’est une satisfaction immense, presque irréelle, avec toute la fragilité et la sensibilité que l’on peut avoir après un effort de cette durée.
As-tu eu recours à une stratégie particulière pendant la course (gestion de l’effort, ravitaillement) ?
Ma stratégie principale a été d’écouter mon corps et de veiller à ne jamais me mettre dans le rouge. J’ai vraiment essayé de rester à l’écoute de mes sensations tout au long de l’épreuve.
Sur le vélo, j’ai eu un petit moment d’inquiétude en voyant la vitesse moyenne que j’avais tenue sur la première moitié du parcours : elle était clairement au-dessus de ce dont je me pensais capable, et j’ai eu peur de le payer plus tard avec un gros coup de fatigue. Mais les sensations étaient bonnes, alors j’ai choisi de rester sur cette dynamique, tout en gardant à l’esprit l’importance de bien m’hydrater et de compenser mes dépenses énergétiques de manière régulière. Cela m’a permis de garder un certain équilibre jusqu’au marathon.
Comment as-tu géré le public et l’ambiance le long du parcours ? Ont-ils été une source de motivation ?
Le public a été une énorme source de motivation tout au long de la course. J’ai moi-même joué les supporters pendant l’épreuve, notamment sur le marathon, en encourageant mes amis du club à chaque croisement ou dépassement. On se soutenait mutuellement, et ça créait une vraie énergie collective.
Côté ambiance, c’était incroyable. Les encouragements, les applaudissements, les musiques… c’est hyper boostant ! Tellement, d’ailleurs, que c’est presque un piège : j’ai tendance à me laisser porter par cette ambiance et à me mettre un peu dans le rouge. À un moment, je me suis même surpris à danser devant un bar où les tenanciers avaient sorti les baffles, et où tout le monde dansait et encourageait les athlètes.
Un début de crampe est vite venu me rappeler que le but n’était pas d’amuser la galerie mais bien de finir la course !
Décris l’instant où tu as franchi la ligne d’arrivée. Quelles émotions t’ont traversé ?
C’était un mélange de fierté, de soulagement et de profonde satisfaction. Le sentiment que « Anything is possible », que les efforts, les sacrifices (même si j’en ai fait peu), les doutes en valaient la peine.
Mais ce qui m’a le plus traversé à ce moment-là, c’est l’envie intense de partager cette émotion avec mes proches. J’ai senti mes enfants, mes frères, sœur et proches derrière moi tout au long de la course, comme une force invisible qui me poussait en avant. Mais j’aurais tellement aimé les avoir physiquement là, les prendre dans mes bras juste après avoir franchi la ligne.
Le moment où j’ai franchi la ligne d’arrivée restera à jamais gravé, mais il aurait été encore plus fort en les serrant contre moi !
Quel est ton plus beau souvenir de cette journée ?
Curieusement, ce sont les moments d’avant et d’après course qui restent les plus marquants pour moi. Bien sûr, la ligne d’arrivée est inoubliable, mais ce que je retiens avec le plus d’émotion, ce sont les instants partagés avec mes amis du club.
Dès le matin, on s’est soutenus, rassurés, encouragés les uns les autres, presque comme une petite famille soudée par le stress et l’excitation. Et en fin de journée, après l’effort, on a partagé ensemble cette immense satisfaction, ce sentiment d’accomplissement.
Ce sont dans ces regards, ces accolades et ces silences pleins de sens que se trouvent, pour moi, les plus beaux souvenirs de cette journée.
Retour d'Expérience et Perspectives
Avec le recul, qu’est-ce que cette expérience de l’Ironman t’a appris sur toi-même ?
Elle m’a appris que mon mental est sans doute ma plus grande force. Il m’a permis d’accomplir des choses que je n’aurais jamais imaginé possibles, voire que je n’aurais même pas osé espérer. Ce n’est pas le talent ou la discipline qui m’ont porté jusque-là, mais bien la détermination et cette capacité à avancer coûte que coûte. L’Ironman m’a confirmé que, dans mon cas, c’est souvent le mental qui fait la différence bien plus que les capacités physiques pures.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui envisagerait de participer à un Ironman pour la première fois en tant qu’amateur ?
Le premier conseil que je donnerais, c’est… de ne pas faire comme moi en termes de préparation !
Plus sérieusement, même si une bonne préparation est évidemment importante, je pense qu’il ne faut pas non plus se laisser submerger par le stress ou l’obsession de tout contrôler. Pendant la course, le plus important, c’est d’écouter son corps. De rester à l’écoute de ses sensations, de ne pas chercher à tout analyser via les datas, et surtout de ne pas se mettre une pression inutile.
L’Ironman est une aventure avant tout humaine : mieux vaut y aller avec humilité, lucidité… et une bonne dose de plaisir.
Est-ce que cette expérience a changé ta perception du sport ou de tes limites personnelles ?
Elle n’a probablement pas changé ma perception du sport en lui-même, mais elle a profondément modifié ma vision de mes propres limites. Je les croyais bien plus basses. Cette expérience m’a montré que je pouvais aller bien plus loin que ce que j’imaginais, simplement avec de la volonté et de la ténacité. Et justement, ça me donne envie aujourd’hui de structurer davantage mon entraînement, de me préparer plus sérieusement, pour voir jusqu’où je peux aller… et peut-être me rapprocher un peu plus de mes véritables limites.
Envisages-tu de participer à nouveau à un Ironman ou à d’autres épreuves de longue distance ?
Oui, clairement. On m’avait souvent dit qu’au lendemain d’un Ironman, la première pensée serait : « Plus jamais ! ». Mais moi, dès le lendemain, ce qui prédominait, c’était l’envie d’y retourner. Je me suis tout de suite dit : le prochain, je vais le préparer sérieusement, structurer mon entraînement, et essayer de voir ce dont je suis réellement capable. C’est comme si cette première expérience avait ouvert une porte… et j’ai très envie de continuer à explorer ce qu’il y a derrière.
Y a-t-il un message que tu aimerais faire passer à d’autres athlètes amateurs ou à ceux qui hésitent à se lancer des défis sportifs d’une telle ampleur ?
Oui : Avec de la motivation, de l’envie et un minimum de rigueur dans l’entraînement, tout est possible. On n’a pas besoin d’être un athlète exceptionnel pour aller au bout de ce genre de défi, je pense qu’il faut surtout apprendre à se connaître. Comprendre comment on fonctionne, quelles sont nos forces mais aussi nos faiblesses, et composer avec. À partir de là, les barrières qu’on pensait infranchissables deviennent peu à peu accessibles. Il faut aussi oser se lancer, avec humilité mais aussi avec détermination.
Si c’était à refaire, changerais-tu quelque chose dans ta préparation ou ton approche de la course ?
Avec le recul, je ne pense pas vouloir réellement changer quelque chose. Les circonstances étaient ce qu’elles étaient et même si bien sûr j’aurais aimé pouvoir me préparer de manière plus structurée, cela m’a finalement permis d’aborder la course avec beaucoup de légèreté. Je n’avais pas de pression, pas de stress lié à un objectif de temps ou de performance, ni le poids de mois de concessions comme c’est le cas pour certains athlètes. J’étais simplement là pour vivre pleinement l’expérience. Et quelque part, c’est peut-être ce lâcher-prise qui m’a permis d’en profiter autant.
Quel était ton équipement favori ou le plus utile pour la course ?
Pour la petite anecdote, cela faisait 10 ans que je nageais avec une combinaison très bon marché, pas vraiment adaptée à ma morphologie ni au triathlon. Étant un piètre nageur, j’appréhende toujours cette première épreuve… alors cette année, j’ai décidé d’investir dans une combinaison haut de gamme.
Et franchement, ça a changé beaucoup de choses. Pour la première fois, je me suis senti plus libre dans mes mouvements, mieux soutenu et surtout beaucoup plus à l’aise dans l’eau. Ça m’a permis de vivre la natation avec moins de stress et de sortir de l’eau plus frais et plus serein pour la suite.
Y a-t-il eu des anecdotes amusantes ou insolites pendant ton parcours ?
J’aime toujours prendre le temps de remercier les nombreux bénévoles présents tout au long du parcours, que ce soit pour la circulation, la sécurité ou surtout les ravitaillements. Leur rôle est essentiel et j’aime leur témoigner et leur répète souvent : « Sans vous, nous ne sommes rien. » C’est d’ailleurs plus facile à faire pendant la course à pied, où l’on a un peu plus le temps d’échanger que sur le vélo où tout va beaucoup plus vite.
Une anecdote assez touchante s’est justement produite sur un ravitaillement lors du marathon : j’étais en train de remercier les bénévoles, comme je le fais régulièrement, quand l’une d’elles, visiblement émue, m’a pris dans ses bras et m’a répondu : « Sans vous, nous ne serions rien non plus. » Un petit moment de sincérité au milieu de l’effort… ça m’a vraiment touché et donné un peu plus d’énergie pour continuer.
Participer à une telle épreuve après un long week-end de Pentecôte n’a pas été trop difficile ?
À refaire, je pense que c’est justement quelque chose que j’éviterais. Participer à un Ironman si peu de temps après un week-end aussi chargé que la Pentecôte, avec toute la fatigue physique et le stress liés à mes responsabilités durant ces quelques jours, ce n’était pas l’idéal.
Enfin… qui sait ? Peut-être que c’est justement ça qui m’a permis de peaufiner ma forme sans le savoir ? Même si j’ai réussi à aller au bout, je suis convaincu que j’aurais abordé la course dans de meilleures conditions avec un peu plus de repos en amont. L’enchaînement était clairement trop rapproché.
Lexique :
Le XTERRA est une compétition de cross triathlon, une variante du triathlon qui se déroule en pleine nature, avec des épreuves de natation en eau libre, VTT et course à pied sur des parcours de trail. C’est un circuit mondial de courses, avec une finale annuelle à Maui, à Hawaï.
Format half : Un Half Ironman, aussi appelé Ironman 70.3, est un format de triathlon qui consiste en la moitié de la distance d’un triathlon Ironman complet. Il se compose de 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied, soit un total de 113 km.
Luc Van Lierde né le 14 avril 1969 à Bruges en Belgique, est un triathlète professionnel champion du monde d’Ironman en 1999 et double champion du monde de triathlon longue distance en 1997 et 1998.
Le triathlon de Gérardmer est une compétition de triathlon qui se déroule tous les ans autour du lac de Gérardmer, dans le département des Vosges en France. À sa création en 1988, la compétition propose 2,5 km de natation, 80 km de vélo et 20 km de course à pied. Les éditions 1992 et 1993 ont reçu le label Coupe d’Europe, celles de 1994 et 1995 le label Coupe du monde. En 2002, 2003 et 2004, le triathlon XXL a servi de support à l’Ironman France comme épreuve qualificative du championnat du monde d’Ironman. En 2008, l’épreuve du même format sert aux championnats d’Europe de triathlon longue distance. La notoriété de l’épreuve donne parfois à Gérardmer le statut de « Mecque hexagonale du triathlon ». En 2013, pour la 25e édition, l’ensemble des compétitions proposées ont réuni plus de 4 500 triathlètes.
Crédit photos : Damien Monnoyer
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