Loin d’ici (1)

Des Gougnaciens loin de Gougnies se racontent

Mariage, boulot, études… parfois comme on va le voir, tout à la fois: plusieurs habitants de Gougnies se sont expatriés. Nous en avons retracé quelques-unes (l’accord est volontairement choquant mais comme sur 5 personnes il y a 4 filles, permettre au masculin de l’emporter serait assez « culotté ») qui nous racontent, à leur façon, leur itinéraire et nous confient leurs observations.
Sous leur texte vous trouverez aussi un lien vers un nouveau dossier ouvert dans les recettes de cuisine : « Les bonnes choses de là bas ».
Bonne lecture !
Et si vous le pouvez ne manquez pas de nous aider à compléter ce dossier en nous mettant en contact avec d’autres Gougnaciens de l’étranger.

Christiane et ...
Deux soeurs à 1.500 Km de Gougnies mais à 30 Km l'une de l'autre

Voilà maintenant 27 ans que je vis loin de Gougnies…

J’y suis née il y a « un certain nombre d’années ». Gougnies n’était pas à l’époque ce qu’il est devenu… C’était un village beaucoup plus petit avec moins d’automobiles.
J’y ai vécu, très heureuse, mon enfance et mon adolescence. Mon enfance, entourée de toutes les personnes du quartier: Palmyre et son « sacré p’tit nom de Dieu » ou « on va danser », ses galettes et son délicieux cassis…
Papa Jules, grand père de Michèle qui nous faisait balayer la rue et nous « payait une glace du marchand » (c’était un jeu, bien entendu).
Bobonne qui nous recevait toujours avec un sourire et une « jatte de café ».
Jules qui passait pour aller chez Pierre et Rolende et avait toujours un mot gentil pour tous,
Aline Moulin, Gaby et François, Sylvie, Pierre et Rolende, Antoinette et Albert, les Espagnols qui vécurent dans la maison de Benoît, Gilbert et Marie-Louise, Mr et Mme Darville, Ghislaine… tous ces gens qui ont fait de mon enfance l’époque la plus heureuse de ma vie…

Il y avait les adultes mais il y avait aussi les amis…
Pierre et Michel Tondus, Pierre Marcelle, le Petit Jean, Véronique, Marie-Christine et Christian Hebrant « Coeu-Coeur » (excuse-moi, Christian, je ne sais pas si tu apprécies mais c’est par ce nom-là que je me souviens de toi) , les Borbouse (spécialement Martine), Christian Darville, …
Et puis il y avait le jeux… le Tour de France des Hayettes, les expositions d’ «antiquités » organisées dans la grange de l’actuelle maison de Jean-Luc, les groupes…(Le Petit Jean et moi, faisions un groupe à deux et notre quartier général était le caveau du « nouveau » cimetière!!! (Hahahah t’en souviens-tu, Jean??), les cabanes dans les bois, …
Et les lieux…. Aahhhhhhhhhhh.. ces lieux que je retrouve toujours avec nostalgie… Car j’ai toujours en moi ces personnes qui ont disparu mais les lieux, chaque fois que je les retrouve, c’est un nouveau retour en arrière… : la maison Maquet » (je sais, c’est pas beau de commencer par soi-même, mais vous (comprendrez que c’est le souvenir qui me marque le plus), celle de Palmyre, de François et Gaby, de Sylvie… et le bois, le cimetière (et ! oui, on y a joué tant de fois que c’est pour moi un agréable souvenir), l’église, le patronage, et surtout les écoles et la salle des fêtes. J’y ai passé tant de moments heureux….

Un goûter de 3 X 20. Christiane et Marie-Claude prêtaient mains forte aux organisateurs. 
Plus de détails sur cette photo ?

Voici ce qui m’est sorti du coeur, repensant à Gougnies… Gougnies est pour moi le lieu où je me sens réellement bien… Car j’appartiens à Gougnies: mon être s’est formé là (et oui! j’ai eu cette chance-là) et c’est pour cela que je n’ai pas besoin qu’on m’explique ce que les gougnaciens ressentent ni de leur expliquer ce que je ressens: nous sentons les choses de la vie de la même manière. C’est pour ça que je peux dire que Gougnies, c’est l’endroit où je me sens aimée par tout le monde. C’est ma patrie, MA MAISON… l’endroit où je peux mettre mes pantoufles.

Merci une fois de plus à Gougnies.be, au comité des fêtes, à tous ces gens qui font que Gougnies reste ce petit village plein de dynamisme et surtout plein d’humanité.

Un gros bisou à tous

Christiane Maquet/Gougnies

... Marie-Claude Maquet

Cela fait déjà plus de vingt-cinq ans que j´ai quitté Gougnies. Je venais de me marier avec un Espagnol, Jose Manuel (mais tout le monde l´appelle Bon, son nom de famille) et nous avions décidé d´habiter en Espagne. Je laissais donc ma famille, les amis, les voisins des Hayettes (voisins que je connaissais depuis ma plus jeune enfance), un travail, pour commencer une nouvelle aventure dans un pays que je connaissais à peine. Je me vois encore début septembre de 1981, ma Peugeot 104 grise bien chargée embrassant mes parents, frères et soeur et au fond contente car je commençais une nouvelle vie en Espagne.

La ville où j´habite s´appelle La Vall d´Uixó dans la province de Castellón. Avec ses 30.000 habitants, La Vall (comme on dit ici) se trouve à 60 kilomètres au nord de Valence et à 8 de la Méditerranée, au pied de la Sierra De Espadan. Comme son nom l´indique c´est une vallée qui s´ouvre sur une vaste plaine connue comme « la Plana ». Celle-ci couverte totalement par des orangers, autenthique moteur économique de la région.

Les débuts n´ont pas été trop difficiles mais je devais m´adapter à d´autres coutumes, une nourriture différente (je mange moins de frites mais plus de paella) et le handicap était la langue. A peine si je parlais espagnol et bien que ce soit une langue latine, ce n´est pas toujours évident; demander du poulet au lieu de lapin cela peut être amusant, mais une visite chez le médecin c´est tout à fait différent.
La présence de ma soeur Christiane m´a aussi beaucoup aidé, elle était en Espagne depuis un an et vivait à une trentaine de kilomètres de chez moi.

Pendant quatre ans nous avons vécu seuls, je m´adaptais peu à peu et je me faisais de nouveaux amis. Heureusement la vie en Espagne se fait beaucoup dans la rue, et cela aide à favoriser les contacts avec les gens. Ce qui aide aussi, c´est le temps ; ce n´est pas la Belgique, ici on se plaint parce qu´il ne pleut pas, le climat est plus agréable, nous avons du soleil et du soleil. Une chose qui me surprenait c´est que lorsqu’il pleuvait les gens sortaient pour regarder la pluie tomber.

Comme il était difficile de trouver du travail, les après-midi, je donnais des cours de français chez moi, j´avais quelques élèves et de temps en temps je faisais des traductions pour des entreprises.
En 1985, Victoria est née, c´était la première «hispano-belga» de la famille. Elle n´est pas arrivée seule, car ma sœur Christiane accouchait le même jour : Victoria avait un cousin, Carlos. Alors pour nous, la vie a complètement changé, j´étais très occupée entre les cours, la maison et la Petite.
En 1990, Victoria a eu une sœur, Paula.

Les années ont passé, mais malgré la distance nous n´avons jamais manqué notre rendez-vous annuel avec Gougnies. Au début, nous allions chez mes parents aux Hayettes. Là, mes filles jouaient comme nous le faisions dans mon enfance. Nous faisions de belles promenades, et sans oublier de rendre visite à mes anciens voisins et mes amis où nous avions toujours un bon verre et une magnifique compagnie.
Depuis quelque temps, le lieu de rencontre a changé. Maintenant nous allons chez ma sœur Thérèse-Marie, à la rue de la Gare.

Janvier 2008, les filles ont grandi, Victoria a 22 ans et est à l´université, et Paula, 17 ans termine sa dernière année au lycée. Moi, je travaille dans une fabrique de produits chimiques dans les bureaux et mon mari dans une banque. Chaque année j´attends l´été avec impatience pour enfin retrouver mon village, ma famille et mes amis. Ce ne sont que 15 jours et ils passent trop vite, mais heureusement nous avons maintenant des compagnies aériennes qui nous donnent la possibilité de voyager rapidement et pas trop cher. C´est ce que nous avons fait l´année dernière et j´ai pu connaître enfin la fête de Gougnies. Je me suis très bien amusée et j´ai pu rencontrer des gens que je n´avais plus vus depuis longtemps et nous avons passé de bons moments Mais il me reste un souhait, c´est de pouvoir écouter en direct le son du fifre et des tambours, je ne désespère pas. En attendant j´ai l´occasion le lundi de Pentecôte et grâce à un appel du GSM de Thérèse-Marie, de voyager pendant quelques secondes et de me retrouver sur la place pendant la descente de la châsse de Sainte Rolende.

Avant de terminer cette lettre, je voudrais féliciter tous les membres du site. Je ne fais jamais de commentaires mais je visite très régulièrement gougnies.be. Cela me permet d´être plus proche de mon village natal.
A bientôt, au mois d´août !

Marie-Claude, une Gougnacienne

Photo de famille lors d'une excursion à Paris en 2007.
Photo Thérèse-Marie Maquet.
Nicolas Monnoyer - L'histoire de Monnoy en Guyane

Je vais essayer de vous expliquer au mieux le contexte géographique, historique, culturel dans lequel j’évolue, depuis mon départ de Gougnies.

(Ndlr : Ce texte a été rédigé en janvier 2008. Depuis, Nicolas nous est revenu)

La Guyane est un département d’Outre-mer (DOM) situé à plus ou moins 7000 kilomètres de la France et par la même occasion de Gougnies.
Les touristes aiment beaucoup visiter la France, mais ils vont nettement moins en Guyane, pourtant celle-ci est son plus grand département (1/6ème de la France dite métropole ici).
La Guyane d’Amazonie… Terre des derniers Indiens, du bagne et de la fusée Ariane, formidable nid de vies animales, végétales et humaines.

Pourquoi est-elle si mal vue ? Que reproche t’on à la Guyane, finalement ?
– Sa forêt omniprésente, anthropophage (quel beau mot, à vos dictionnaires).
– Ses bestioles rampantes, piquantes et dévorantes…
– Ses moustiques aux mille germes malsains…
– Son manque de structures touristiques…
– Ses billets d’avion encore trop chers
– Son ciel lourd, gorgé d’orage…
– Son bagne et son passé lourd de souffrance.
– Son océan opaque, son climat hermétique
– La vie super chère ou tout doit être importé.

ALORS ?
Je vais vous expliquer ce qui se passe vraiment sur place !

Situation géographique et topographique
La Guyane se trouve en Amérique du sud.
Pas compliquée à trouver car elle se trouve juste en dessous des U.S.A. qui sont comme chacun le sait au centre du monde.
Elle se trouve entre le Surinam et le Brésil.
Elle est à 5h de décalage horaire et 7h d’avion d’Europe.
En Guyane, on peut trouver 1500 espèces d’arbres différentes, majoritairement de la
Forêt Primaire

Entre océan et forêt, une enclave de 160.000 habitants pour 90. 000 km² (une des plus faible densité de la terre).
Au nord de la Guyane se trouvent les terres basses : 6% du territoire pour 80% de la population. C’est là que se trouvent quelques villes, reliées par l’unique axe routier de Guyane.
Plus au sud, se trouvent les terres hautes, intégralement recouvertes de forêts, comprenant la Zone interdite, réservée aux Amérindiens.

En Guyane, il y a quatre saisons :
– Novembre à Février : petite saison des pluies.
– Mars : petite saison sèche.
– Avril à Juillet : saison des pluies.
– Juillet à Novembre : Saison sèche (canicule en octobre).

Continuons notre visite approfondie de la Guyane…
La Guyane est un arc en ciel d’ethnies, on y trouve de toutes les couleurs…
En premier, nous avons les créoles, ceux-ci sont majoritaires (40% de la population) et vivent majoritairement dans les villes, ils monopolisent les secteurs administratifs et politiques.
Il faut bien distinguer :
-Les créoles Guyanais, métis des esclaves libérés
-Les créoles Antillais, qui viennent des îles voisines.

Attention : ne pas les confondre, si on veut devenir copain avec et le rester…

Ensuite, nous avons les métros (métropolitains) = les blancs.
Les métros de Guyane, environs 20% de la population, sont plutôt plus sympas que ceux de France.
Cependant, il faut distinguer différentes de métros :
– Il y a ceux qui viennent pour bosser et qui se foutent parfois du pays (centre spatial européen).
– Il y a ceux qui sont là pour se la couler douce.
– Il y a les amoureux de la nature et de l’aventure.

Mais beaucoup viennent ici vivre un rêve ou fuir un cauchemar, on dit ici, que la Guyane est une terre de divorce, cela dit, les Brésiliennes sont largement à la hauteur de leur réputation et font ici office de très bon psychologues et ne laissent pas longtemps les âmes désespérées seules.

Après, nous retrouvons les Surinamiens et les Brésiliens car ils sont voisins de la Guyane.
Il y a aussi les Haïtiens qui est une des populations les plus démunies.
Ne pas oublier, non plus les Chinois, qui tiennent la plupart des commerces. (ici on ne dit pas : «je vais chez le paki, on dit je vais chez le chinois»).
Les Amérindiens, furent les premiers habitants de la Guyane. Assez réservés, voire craintifs, ils ne sont jamais belliqueux, qu’ils soient Galibis, Walanas ou Emerillions. Pour être copain avec eux, le foot reste le grand fédérateur universel. Il existe cependant un autre moyen : LE CACHIRI qui est composé de manioc, de l’eau et un crachat pour la fermentation. 2% d’alcool mais murge assurée…
Les Hmongs, ils sont arrivés du Laos à partir de 1977, ils sont venus car ils ont servi sous le drapeau français lors de différentes batailles, et ont été vus comme traîtres chez-eux, à cause du pouvoir communiste en place. Ce sont des cultivateurs d’exception, ils produisent en grande partie les fruits et légumes consommés en Guyane, mais sont moins bons commerçants que les Chinois, ce qui ne les empêche pas d’être plein de sous malgré leur apparence dépouillée.
Les noirs Marrons, qu’ils soient Bushinenge, Bonis, Saramacas, les noirs Marrons sont tous d’origine africaine. Ils vivent surtout en forêt ou au bord du fleuve. Ce sont les descendants des esclaves qui se révoltaient et s’enfuyaient en forêt (marronnage). Fiers et sauvages, ils parlent le taki-taki. Souvent polygames, ils ont conservé les mœurs de leurs tribus d’origine…

Le temps :
Dire qu’il pleut ici est un pléonasme (papa note le mot c’est terrible non ?) Il y a 80% d’humidité, faut bien que la pluie vienne de quelque part ! La Guyane est une grosse éponge verte. La température y est très chaude on ne descend que très rarement au dessous des 26 degrés.
Les transports :
En Guyane, il y a très peu de bus, il n’y a pas de train. Les moyens de locomotion sont très limités. Les taxicos (llectifs) sont couramment utilisés pour sillonner l’unique axe routier. Il faut savoir que certaines villes ne sont accessibles que par avion ou pirogue… (quand je vous dis que la Guyane c’est l’aventure…)

Le carnaval :
Il est attendu ici comme nous attendons la Pentecôte !!!
A peine Noël achevé, tout le peuple guyanais s’affaire pour la préparation de la plus grosse java de l’année… On prépare les costumes, on astique les instruments, on bricole, l’école s’arrête, tout le monde s’entraîne et quand tout le monde est prêt : C’EST LE CARNAVAL !
Le carnaval est la soupape de la cocotte-minute guyanaise. Toutes les ethnies confondues se mélangent pour une vaste et longue fiesta. C’est à ce moment là, qu’on réalise que la Guyane est BIEN sud-américaine.
Il faut signaler qu’il y a un pic de fécondité après le carnaval. On dit aussi ici, que c’est au carnaval qu’on voit si un couple est solide ou pas (beaucoup de divorces).
Le carnaval, commence le dimanche de l’épiphanie et se termine le Mardi Gras par un bûcher qui brûle « Vaval », le roi du carnaval.

On ne peut pas parler de la Guyane sans parler du bagne :
Celui-ci est la véritable star de Guyane, c’est un paradoxe, ce qui a fait sa salle réputation devient son principal attrait touristique!!! Il a pourtant été un abattoir à chair humaine. Il a débarrassé la France de sa racaille (Ndlr : n’oublions cependant pas quelques erreurs judiciaires. Dreyfus, par exemple) pendant plus de 100 ans ; dès 1854.
Durant toutes ses années, on pouvait se retrouver ici pour un simple cambriolage. De grands noms y sont passés : Papillon, Dreyfus, Seznec, mais eux étaient logés dans les quartiers VIP.
Le bagne était surtout basé sur le territoire des Iles du Salut, celles-ci étaient réservées aux plus durs des bagnards.

Les Iles du Salut sont composées de 3 îles :
1- L’Ile royale : accueillant nouveaux venus, administration pénitentiaire et condamnés à mort (guillotine).
2- L’Ile du Diable : L’île VIP où étaient mis au secret prisonniers politiques ou bagnards importants ( Dreyfus).
3- L’Ile Saint Joseph, endroit où travaillaient et dormaient les forçats, dans des conditions terribles.
Et tout cela à seulement 10 kilomètres de la côte, dans un océan infesté de courants et de requins.
Voilà en quelques phrases un petit résumé de ce qu’est la Guyane vue de l’intérieur.

Quelques infos sur moi

Ma vie en Guyane :
J’habite à Matoury (à plus ou moins 10 km de Cayenne), qui est considéré comme la campagne.
Nous avons mis beaucoup de temps pour trouver cette maison, car tous les contacts que nous avions eus avec les propriétaires avant de partir de Belgique, se sont avérés nuls à l’arrivée.
Ici il est très difficile, de trouver des maisons avec loyer abordable, en moyenne un petit studio a un loyer de plus ou moins 550 euro.

La vie ici en Guyane est très chère, on ne mange pas comme en métropole, le prix du fromage, de la viande, etc… sont comparables au prix du pétrole, je m’explique : 400 gr de fromage à raclette cela coûte plus ou moins 12 euros, 4 tranches de jambon coûtent 6 euros, etc….
Les grands magasins sont obligés d’importer tous les produits car ici il n’y a pas les articles de base, alors cela se ressent sur les prix.
Vivre en Guyane, est cela dit très plaisant, mais nécessite un moment d’adaptation.
Le rythme de vie est différent.
Le climat est tellement chaud et humide qu’il faut prévoir une quantité impressionnante de tee-shirts…

Oh! le beau tee-shirt

La Guyane on aime ou on aime pas, mais quand on aime on y revient !
Je peux dire avec certitude que j’aime vraiment la Guyane, pour son cadre, ses promenades, son ambiance, ses cultures différentes et toutes ses choses différentes qu’on ne verra jamais chez nous.
Il y a quand même un point négatif, ici il n’y a pas de Chimay bleue, et ça c’est décevant.

Quelques images de Cayenne, la mer, le centre, le bagne et, dans un autre genre, le carnaval.
Photos Nicolas Monnoyer

Mon boulot :
Je travaille dans un service, agréé pour l’accueil de 12 enfants et adolescents âgés de 18 mois à 18 ans, accueillis sans délai et sans procédure.
Les mineurs sont orientés au sein de familles d’accueil ou d’un foyer collectif, en vue d’évaluer leur situation à travers un bilan socio-éducatif, psychologique, scolaire et médical et de construire une orientation adaptée à la problématique de chaque jeune.
Les jeunes sont placés au sein de cette structure pour une durée de trois mois maximum, on essaie de les réorienter au bout du premier mois de placement afin qu’ils n’aient pas le temps d’avoir trop de repères.

Mon travail est essentiellement basé sur une orientation adaptée à leurs problèmes et leurs besoins.
Ces orientations sont pour la plupart des jeunes, des orientations dans des structures basées en Guyane mais si il n’y a pas de structure adaptée dans le département, on les oriente vers la métropole.

Il faut savoir que nous accueillons des jeunes venant d’ethnies diverses et que donc la langue utilisée varie selon leurs origines. Cela pose pas mal de soucis aux métros fraîchement débarqués car la compréhension du taki-taki, du créole et autres langues n’est pas toujours évidente.
La prise en charge des jeunes est quasiment pareille qu’en métropole, ce qui peut poser des problèmes avec des jeunes qui viennent du fleuve. Des adaptations devraient être faites pour permettre justement une meilleure prise en charge.

Difficultés rencontrées dans le cadre de mon travail :
Le service de l’accueil d’urgence est une jeune structure qui a ouvert ses portes en septembre 2007.
L’association ayant recruté essentiellement des métros (nouveaux arrivant) et n’ayant jamais travaillé en Guyane. Le travail et l’adaptation se sont avérés plus difficiles que prévu. (les cultures différentes, les langues, etc…) Faisant fuir la moitié de l’équipe après deux mois de fonctionnement.

Nicolas Monnoyer dit Monnoy

Antoinette Deconninck - La plus au sud des Gougnaciennes
Antoinette (premier plan) et Patricia Lepage, à Gougnies, à l'âge du Patro
Photo coll. Ivo Garutti

Un peu d’histoire : je suis arrivée avec ma famille à Gougnies en mars 1969. Mes parents avaient fait construire une maison au 37, rue du Maka juste avant le bois. Je me souviens qu’il y avait bien 20 cm de neige et que la 2CV avait de la peine à remonter la rue !
Tout de suite, je suis allée au Patro (merci pour les photos souvenirs sur le site, cela rappelle de bons moments !) Ma maman a toujours été très active dans la vie du village (bibliothèque, participation aux fêtes,…). Plus tard, j’ai fait partie de la chorale.

Après mes études d’infirmière, j’ai travaillé quelques années à l’hôpital Saint-Luc de Bouge. J’ai rencontré mon mari en avril 1983 et nous nous sommes mariés en octobre de la même année ! Nous avons d’ailleurs allumé le grand feu de Gougnies car nous avions été les derniers mariés de l’année.
Certains se souviennent encore à Presgaux de la belle prestation de la chorale de Gougnies lors de notre mariage.

Ingénieur agronome, mon mari avait toujours voulu travailler dans le domaine humanitaire et nous sommes partis en 1985 pour le Bénin ou il travaillait dans un projet agro-forestier de la FAO (Nations Unies).
Mes premières impressions: chaleur humaine et chaleur humide ! Puis ce furent le Nord Togo, le Niger, la Sierra Leone, El Salvador (Amérique Centrale), encore le Togo, puis le Ghana, le Mali et maintenant l’Afrique du Sud.
Depuis une vingtaine d’années, mon mari travaille pour CARE, une ONG d’aide au développement. J’ai travaillé dans divers projets médicaux. Actuellement et depuis dix ans, je suis documentaliste dans les Lycées Français de l’Etranger.
J’adore mon travail, mes élèves ont entre 12 et 18 ans et viennent de 42 pays différents. C’est un régal de passer sa vie au milieu de gens en quête d’infos et de livres.

Le pays que j’ai préféré ? C’est une question bien difficile. J’ai un petit faible pour le Mali, un pays très pauvre mais tellement chaleureux et avec une culture si riche.
L’Afrique du Sud, c’est «le» pays à visiter, des paysages à couper le souffle: mer, montagne, troupeaux d’animaux sauvages,… une histoire, fabuleuse et dure à la fois. Encore beaucoup d’inégalités (économiques surtout) mais des pas de géants accomplis en dix ans de liberté malgré le fléau du SIDA.
Ca a été un vrai bonheur de voyager en famille pendant toutes ces années. Nous avons deux garçons : Antoine (17) et Benjamin (13).

La prochaine étape: l’avenir nous le dira. Pour Antoine, c’est probablement le retour en Belgique et peut-être la FAC de Mons …

J’embrasse tous ceux qui m’ont connue à Gougnies et surtout Patricia Lepage avec qui j’ai construit des cabanes, passé les clôtures du château, gobé des œufs au carnaval, fait la semeuse et l’ange à la procession, porté mes premiers bas «nylon», nagé ma première brasse à la « Turbine », chahuté dans le bus, maraudé des pommes dans les courtils, été à mon premier bal, … etc.

Antoinette Vigreux-Deconninck

Quelques photos de leurs dernières vacances. Antoinette et son mari devant vieille ferme d'Afrique du Sud. Second cliché: Cape Point avec Jean-Michel et Benjamin. Troisième: en famille, dans la reserve de Mabula, Waterlands.
Photos coll. famille Vigreux-Deconninck
Marie Mincke - Marie, de Naples à Milan. Puis peut-être Pise, ou...
Au temps des études...
(Photo coll. Véronique Cabut)

Le 5 décembre 2007 j’écrivais…

«Et bien voilà finalement un peu de temps de libre, pour vous racontez quelques mots …
Donc, cela va faire trois ans en février que je suis arrivée à Naples pour travailler dans un bureau d’architecture et compléter mon parcours universitaire avec une recherche ayant pour thème, le projet d’architecture contemporain dans les centres historiques.

Une fois diplômée, j’ai quitté Gougnies, en vue de découvrir d’autres réalités culturelles. J’ai décidé de partir vivre à Naples tout simplement par passion pour cette ville. Il est très difficile d’y travailler et même d‘y vivre vu le chaos quotidien, mais il n’y a pas un jour ou l’on ne s’émerveille d’un nouveau paysage urbain, d’une nouvelle sensation culinaire ou encore des attitudes sociales des napolitains. Et puis travailler au pays de la Dolce Vita, à 2 pas de Sorrento, Amalfi, Capri…. C’est un peu comme être en vacances tous les weekend. La métropole est énorme et complexe mais la mentalité est paradoxalement villageoise. Des fenêtres entrouvertes sur les ruelles, les gens vous observent et vous reconnaissent.
Chez le marchand de poisson ou de fruits et légumes, vous faites partie de la chorégraphie. Les vernissages ont remplacé les messes du samedi soir, mais par contre rien n’a remplacé les amis au comptoir.
Lorsque la campagne me manque (surtout sa quiétude, le vert de ses prairies et des arbres) je pars passer le weekend en Irpinia ou encore en Puglia au milieu des vignes ou des oliviers.
Ce qui me plait énormément c’est que la vie, ici, est faite de contrastes et surprises pour le bonheur du quotidien.»

Marie au travail avec l'architecte Souto de Moura et Marie en mars 2007. Second cliché, un plat d'oursins sur la plage : de quoi regretter Naples... Et, enfin, une vue de Naples depuis Castel Sant'Elmo.
Photos coll Marie Mincke

Aujourd’hui, 3 février, les choses sont différentes. Je suis depuis un mois à Milan, où je travaille pour un des plus grands architectes européens si pas mondiaux. Dans un bureau d’une vingtaine de personnes, je réalise mon rêve, et si tout va bien, je dessinerai le prochain développement urbain du centre de Pise, ainsi que les nouveaux magasins de Paris et Milan, pour un des plus grands stylistes italiens. Je ne connais pas encore bien Milan, vu que les heures de repos se comptent sur une main, mais les sensations sont bien différentes de Naples. Le ciel est gris et les gens parcourent la ville en vitesse ayant, me semble t-il, le seul objectif de rejoindre le boulot. Et même si l’élégance règne, La dolce vita du sud a perdu tout son sens.

Qui peut dire où je serai dans quelques années ?

Marie Mincke

Laurence Nanni - Accrochez-vous : la vie de Lolo n'est pas un long fleuve tranquille...
Treize juin 1987, maison communale de Gerpinnes...
Photo coll. Laurence Nanni

Pourquoi j´ai quitté la Belgique ?
Mon mariage le 13 juin 1987 avec Siggi, à la commune de Gerpinnes (13.06 : jour de la St.Antoine, mon saint préféré car patron des « sans-allure », je le prie souvent. J´habitais au 25 rue de Namur, ma maison natale. Je suis née un vendredi de Pentecôte, c´est tout dire (suis gougnacienne à 100%, vive le blêmblêm des tambours).

Ai rencontré Siggi en Mai 1986 en Tunisie/Hammamet, lors d´une petite semaine de vacances avec ma copine Juju. A mon retour, ai reçu un courrier venant d´Allemagne et voilà que notre histoire d´amour commence.
Entre Mai 86 et Juin 87, ai rendu visite à Siggi à Kiel 3 fois, lui 2 fois en Belgique.
Début 87, ai reçu une demande en mariage,.ai laissé passer une semaine (j´avais la frousse) avant de répondre. Ce jour là, j´travaillais pour 13h. et ai envoyé ma réponse just´avant d´partir au boulot. Etais ainsi certaine de ne pas être là pour entendre sa réaction (…:toujours cette frousse).

Petite anecdote : la veille du jour de notre mariage nous étions encore à Majorque où nous avions passé deux semaines de vacances, Siggi, ma copine Juju et moi. Le vendredi 12, donc; direction aéroport en fin d´après-midi. Sur place, pas d´chance, le service au sol faisait grève. Ce qui veut dire qu’íl y avait juste le Duty free shop d´ouvert. Pas moyen de se restaurer. La soirée pââââââse, j´deviens nerveuse, mais peu à peu les vacanciers à destination d´Oslo, Paris, Londres etc… prennent le départ. Petite lumière d´espoir ! 22h—23h.—Minuit—01h., nous sommes toujours en attente, avons faim et soif, sommes fatigués et dans ma tête tout se bouscule : J´me marie à 11h. et j´suis toujours à Palma. Est-ce un signe ? Dois-je me marier ? Quitter la Belgique, ma famille, mes amis, ma culture, ma langue maternelle, mon travail ? Heureusement, j`ai ma copine Juju à qui je balance mes états d´âme en vrac !
Et le temps pâââââsse ! 02h.—03h.—.03h30, enfin le crew nous apporte des nouvelles. Il nous annonce qu´il y a un problème technique et ne sait pas nous dire quand nous pourrons décoller. Rassurant, non ? Dans l´aéroport il reste juste les passagers à destination de BXL. Cela fait 9h. que nous sommes là ! À 05h30, enfin, nous pouvons embarquer mais l´ambiance est tendue : les enfants sont fatigués, pleurent de faim, de soif et nous avec. Mais plus encore que ca, nous sommes tristes car ce n´était pas un problème technique qui avait retardé le départ. À l´aller, dans l´avion venant de BXL, une dame âgée était décédée. Cela veut dire : police, parquet, formalités, car décès sur sol étranger.

Dans l´avion, ambiance étouffante,chaque passager se demande s´il est assis à la place de la dame décédée. Il y a aussi l´odeur, le corps étant resté dans l´avion plus de 6h. Mais le plus triste, c´est que le mari a repris l´avion avec nous. Ici je dois dire chapeau au personnel de bord qui s´est occupé de lui avec gentillesse et délicatesse.
Atterrissage à 08h. Notre ami Jacques d´Auderghem est venu nous chercher à Zaventem, avons pris avec lui et Marie.Chantal le p´tit dej accompagné d´un café bien serré. Suis ensuite allée à mon appart prendre mon ensemble et enfin…, direction Gougnies. Il est 10h., juste le temps de prendre un bain. Pas eu l´temps d´acheter un bouquet. Pas grave, ma sœur Françoise m´ayant acheté des fleurs, j´en prends une et nous voilà en route pour la commune.
Vous penserez peut-être que cette histoire sort tout droit d´un livre mais non ceci est la pure vérité et nous étions à l´heure pour le grand OUI et cela fait cette année 20 ans que nous sommes mariés.

Lolo sur les planches et sur écran !
Laurence dans "La voix humaine" de Cocteau. (Ce beau pyjama a été entièrement confectionné par sa maman, insiste t-elle et la photo est signée par la copine Julie Meunier) et la même dans "Les mamelles de Tirésias" d'Appolinaire, lors d'une représentation à Brest, où elle tenait le rôle d'un journaliste parisien.
Photos coll. Laurence Nanni

Voici comment se passe une audition afin d´être sélectionnée pour un rôle de tout petit rien dans un film : le réalisateur vous donne une phrase et c´est à vous de l´interpréter de différentes façons :
– humour : on a trouvé le couteau sous le lit de la vieille
– anxiété : on a trouvé le couteau sous le lit de la vieille
– ironie : on a trouvé le couteau sous le lit de la vieille
– drame : on a trouvé le couteau sous le lit de la vieille
– hystérie : on a trouvé le couteau sous le lit de la vieille
– murmure : on a trouvé le couteau sous le lit de la vieille
etc …

C´est un exercice très intéressant et maintenant, si le cœur vous en dit, à vous d´essayer !
J´ai fait cette expérience au début des années 80 lors d´un tournage à Flavion et environs par une équipe de l´école du cinéma de Bruxelles. Réalisation d´un film «la nuit d´avant-hier» pour l´examen de fin d´études. Malgré le temps passé, j´n´ai jamais oublié cette phrase stupide.

En 1989, j´ai rencontré Gabi dans le magasin de spécialités françaises. Elle étudiait l´histoire de l´art et le français à l´université de Kiel. Et me voilà embarquée dans une nouvelle aventure. Un groupe d´étudiants (copains-copines de Gabi) formait une troupe de théâtre jouant en français. Première pièce : «Les mamelles de Tirésias» de Guillaume Appolinaire. Comme tous les rôles étaient déjà distribués, j´ai assumé un rôle en coulisses, c´est à dire : la souffleuse.
Ne sous-estimez cette fonction ! Explication : mon Dieu, mon Dieu, Frank entre en scène dans deux minutes. J´connais «l´oiseau». Il ne maîtrise pas son texte, saute à tire-larigot certains passages puis y revient sans prévenir. Trou d´mémoire ? pas grave. L´improvisation, ça oui, il connaît ! Et tant pis pour les autres sur scène. Dans les coulisses, moi aussi je jongle avec les passages oubliés ou inventés. – Pas de tout repos ce rôle dans l´ombre ! –
Les villes Kiel et Brest sont jumelées et nous avons été invités à jouer là-bas. Une étudiante n´étant pas disponible, j´ai saisi la chance et j’ai ínterprété son petit rôle du journaliste parisien.
En janvier 1990, Gabi et moi avons travaillé «la voix humaine», pièce de Jean Cocteau. Un vrai défi, car le texte de cet ouvrage à un personnage, mais où il est question d´une toute dernière conversation téléphonique – donc deux personnes-, n´était rédigé que pour mon rôle. L´autre, au bout du fil, nous l´avons construit (dans le texte original, on ne trouve que des points de suspension pour mon correspondant). J´avais besoin de quelque chose de concret ! Quel labeur ! Le temps passe, nous perdons parfois courage, mais enfin l´été arrive et avec lui, le jour de la Première. Je me trouve, là, SEULE face au public pendant une heure … Le rideau tombe, y suis parvenue, émotions, applaudissements. Le travail en valait la peine.

Je participe régulièrement en tant que figurante dans une série policière « Tatort ».
En 2003, j´ai eu l´honneur de tourner avec Maximilian Schell dans une saga familiale «Der Fürst und das Mädchen». Jusqu´à ce jour, il est le seul acteur allemand à avoir obtenu un oscar à Hollywood.
Mot de la fin : N´ai pas encore mon étoile sur le Sunset Boulevard mais qui sait ? Humphrey Bogart a débuté sa carrière à 50 ans !

Avec Siggi dans « Der Fürst und das Mädchen ».
Un peu d´Gougnies dans mon jardin

Comme dit la chanson : «J`suis descendue dans mon jardin, pour y cueillir du romarin, gentil coquelicot mesdames, gentil coquelicot nouveau….», á la différence qu´dans mon jardin y a pas d´ romarin mais d´la ciboulette de chez Roger d´en face, du thym et d´la sarriette de chez maman (j´en boirais bien une à l´occasion),ICI lien vers la recette mais et c´est le mais qu´est l´plus important, y a surtout «Renato, mon groseillier», précieux cadeau d´mon papounet adoré. Comme il portait une affection toute particulière pour les oiseaux qu´il observait avec passion d´puis la f´nêtre donnant sur le jardin, c´est décidé : j´les laisse à loisir picorer leur p´tit déjeuner dans son groseillier durant tout l´été. J´fais, ainsi, d´une pierre deux coups comme on dit et reste fidèle à ce grand ami de la nature qu´il était. Pour les confitures, c´est tant pis. Ai cependant résolu l´problème, j´vais les acheter chez PLUS, le p´tit magasin du coin !

La fête des cartables

Comment suis-je devenue la spécialiste du cartable ?

En arrivant à Kiel mon allemand se limitait à : JA , NEIN, GUTEN TAG, AUF WIEDERSEHEN, WIE GEHT´S, TSCHÜß et naturellement ICH LIEBE DICH (rien qu´pour Siggi évidemment). Alors une seule chose à faire, suivre un cours de langue.
Après de bonnes indigestions de « déclinaisons », un mal de gorge épouventable dû à ce «G» imprononçable pour tout francophone et quelques diarrhées provoquées par l´apprentissage des verbes forts et verbes faibles irréguliers, j´suis arrivée à m´débrouiller, j´pouvais enfin me mettre à la cherche d´un p´tit boulot.
Mon parcours professionnel fut très varié jusqu´au 01.12.2001 :
– conseiller des clients pour le choix d´un bon vin ou fromage dans un magasin spécialisé dans la vente de produits français;
– emballer au moment des fêtes des centaines de cadeaux dans une parfumerie (avec cette expérience j´peux dire qu´je n´suis pas seulement la spécialiste du cartable mais aussi de l´emballage);
– introduire des publicités dans les rotatives infernales du KN (Kieler Nachrichten : nouvelles de Kiel);
– conseiller la clientèle uniquement masculine dans un magasin très chic de vêtements pour hommes – un vrai plaisir !- et c´est là que tout s´est décidé pour mon emploi actuel.
J´avais un client très sympa, responsable d´une filiale spécialisée dans le matériel de bureau, scolaire et artistique. Comme je fais de la photo en amateur, j´ai souvent besoin de cartes et enveloppes, j´achetais donc mon matériel chez lui. Il était mon client, j´étais sa cliente.

En novembre 2001, je lis une minuscule annonce dans le journal : la firme Hugo Hamman cherche du personnel à plein temps pour la caisse. Jusque-là je ne travaillais que quelques heures/semaine. Cette annonce tombe à pic car à l´époque Siggi perd son emploi et nous avons une maison à payer ! -986 euros/mois – il me faut absolument ce travail !!!
J´envoie ma canditature et serai parmi toutes et tous la seule personne à être invitée pour un entretien d´embauche. Chance ? Miracle ? Ce jour-là Ste Rolende veillait certainement sur moi ou peut-être St Antoine (le patron des affaires perdues !)
Après un mois de travail à la caisse, mon chef m´annonce qu´il me verrait bien prendre en charge le rayon scolaire. La collègue responsable à l´époque prendrait sa retraite d´ici trois ans, nous avions donc le temps de préparer mon apprentissage de responsable. Et voilà comme je suis devenue la spécialiste du cartable.
Mon mot d´la fin sur ce chapitre : travailler avec les enfants c´est fascinant, émouvant, captivant, passionnant.

La fête des cartables: on peut la comparer une une grande fête familiale ou de village. Elle se déroule toujours en février car à cette période tous les enfants en âge de rentrer en 1ere primaire ont passé les tests d´aptitude. Ils se sentent déjà « grands » et sont donc impatients de choisir leur cartable. Ceux-ci sont très colorés et avec des motifs. Pour les garçons : autos, football, dinosaures. Pour les filles : princesses, poney, fleurs.
Le but de cet évènement est évidemment la vente (par un personnel compétent) mais aussi de donner du plaisir aux enfants avec différents spectacles et jeux : magicien, théâtre de marionnettes, maquillage, la police qui explique la sécurité sur le chemin de l´école, etc.
Cette fête rencontre un succès fou non seulement en raison des activités proposées, mais aussi parce que, ce jour-là, nous offrons 10% de réduction (les prix des cartables varient de 110 euros uniquement le cartable, à 220 euros pour un set complet). Cette année nous avons reçu plus de 3000 visiteurs. (Photo Siggi Zenke).
Second cliché: les honneurs de la presse locale lors d'une édition précédente.
Spécialité locale: les frites de Siggi

J´venais d´emménager, Siggi m´dit : j´fais l´souper. Vous m´direz : où est l´problème ? J´vous répondrai : Siggi n´avait pas encore passé son «permis d´savoir passer les frites». Permis indispensable pour la garantie d´un bon souper. Avant d´me mettre à table, j´fais un tour dans la cuisine et là, c´est l´horreur : il me sort les frites du four d´la vieille cuisinière au gaz d´avant la guerre ! les frites, les pauvres, elle venaient de vivre un vrai thriller et n´y ont d´ailleurs pas survécu ! Jamais assisté à un enterrement d´frites aussi rapide !
Z´avez d´jà vu des frites « anorexiques » ? moi ,oui. Z´avez d´jà vu des frites brûlées au «3ème degré» ? moi, oui. Z´avez d´jà vu des frites souffrant d´un «lumbago pas possible» (raides comme des piquets, comme un manche de balai) ? moi, oui. … .J´sais plus vous dire c´qu´on a eu dans notre assiette c´soir-là , mais d´puis j´ n´utilise plus l´expression : «raide comme un balai» ; ai choisi l’expression plus poétique : «raide comme une frite» !
Le temps s´est écoulé et Siggi a enfin passé son permis d´savoir passer les frites.
Je terminerai cette anecdote en envoyant un tout grand merci à Siza pour la super friteuse !

Coup d'oeil sur Kiel et l'Allemagne

Ici, la nuit, les autoroutes ne sont pas éclairées. Les conducteurs roulent à grande vitesse. Des Schumacher en herbe de 1ière classe. Interdiction pour les camions de rouler le dimanche de 00h à 22h, ainsi que les samedis en juillet en août de 07h à 20h.
Un aller-retour Kiel-Gougnies (un aller = 720 km) «ohne Stau gibt es nicht» ! ( c.à d. qu´il y a toujours un bouchon quelque part!), ça coince régulièrement à Hamburg, Bremen, Osnabrück, Köln. Mon record de vitesse «escargot» : 12 heures ! Mon record de vitesse «à la Speedy Gonzales» : 06 heures 30 minutes. Pour réaliser cet exploit, il faut rouler de nuit ou le dimanche.
En Allemagne les distances sont grandes. Les familles sont dispersées dans tout le pays. Il est donc tout à fait normal, pour rendre visite à la famille, aux amis, de rouler plusieurs heures.

Enseignement : ici, les élèves du primaire ont cours uniquement le matin. Dans le secondaire, les cours se terminent en général vers 15 heures. Les après-midi sont réservées aux activités sportives etc … Les vacances scolaires durent 6 semaines en été + 2 semaines en automne (pour faire moins long jusqu´à la Noel). Les vacances sont «décalées». Par ex., cette année pour le Land Hessen du 23.06 au 01.08, pour le Land Bayern du 04.08 au 15.09. L´Allemagne est composée de 16 Länder avec 82 millions d´habitants. Si toute cette population prenait les vacances en même temps, ce serait le chaos total sur les autoroutes, dans les aéroports et la bousculade dans les hôtels, gîtes et auberges du pays.

Une palette très variée de gâteaux, plus sucrés les uns que les autres, sans oublier le «massepain». J´ habite à 80 kilomètres de Lübeck qui en est la capitale.
Une cuisine qui n´a rien à voir avec les bons petits plats de maman (merci pour tes délicieux chicons au gratin, ton excellent «garou d´ veau», ton tiramisu à s´en lécher les doigts), de chez nous ou du Grand Claude. Entendez-le comme vous voudrez !
Il est déconseillé de consommer de l´ail durant la s´maine. Votre employeur n´appréciant guère que vous serviez les clients avec une haleine de «diable». Cela fait fuir les clients !

Port de Kiel: le terminus des bateaux-bus et une valse de bateaux. Mer du Nord : la plage de Sylt, avec ses corbeilles typiques. (Photos Klaus Riehl) 

A Kiel, tout au long d´la journée, on entend la sirène des paquebots qui entrent ou quittent le port à destination d´Oslo ou Göteborg. J´habite à 6 km du centre ville et du port et je l´entends d´ici. C´est tout simplement génial ! De plus, quasi chaque semaine, des centaines de passagers embarquent sur des bateaux de croisière en partance pour l´Italie, la Grèce, la Finlande, le Pôle Nord, les pays de l´Est, etc …, cette année, environ 170 croisières.
La TEC maritime «bateaux-bus» voyagant d´une rive à l´autre et permettant ainsi un gain de temps important afin de se rendre au boulot. Pour comprendre : la Baltique entre jusqu´au cœur de la ville. Kiel entoure donc ce bras de mer. Les pompes à essence pour bateaux de pêche.
Kiel = Ville verte : on y circule beaucoup à vélo. Pistes cyclables à gogo. La planète Terre nous dit merci.

Quelques mots d´un Papa « étranger » à sa fille partant vivre à l´« étranger »

Cette petite conversation eut lieu le jour de mon mariage.
J´ai invité Papa dans sa chambre où je venais de me préparer pour aller à la commune. J´voulais qu´il soit le premier à me voir dans mon ensemble de mariée. Et là , lui qui parlait peu mais juste, me dit : «Lolo, tu vas être un étranger comme moi !» J´lui réponds : «ça va aller». Lui : «Tu verras» … (silence).

Sur le moment je n´ai pas réalisé ce qu´il voulait me dire : me prévenait-il des difficultés que j´aurais à affronter ? Avec le temps, vivant à l´étranger, j´ai découvert plus que ça. Il me disait sa souffrance, ses manques. Rendez-vous compte : à l´époque cela faisait 39 ans – déjà – qu´il vivait en Belgique et il se sentait toujours «étranger» !
Que de choses perdues aussi : le soleil, la chaleur, le chant des cigales, le rythme de la dolce vita, la langue maternelle, la famille, les amis du village, les odeurs de sa Toscane …
Aujourd´hui j´ai compris les quelques mots de mon papa étranger.

Même si je ne vis pas si loin que ça, il ne m´est pas toujours possible d´être là lors d´une fête, d´un anniversaire ou … J´ai très souvent l´impression d´avoir manqué, de n´avoir pas partagé d’avoir raté des moments importants – de joie ou de tristesse – avec ma famille, mes amis. C´est mon plus grand manque.
Papa savait cela et c´est pourquoi il m´a attendue avant de nous quitter.
Merci PAPA.

Laurence Nanni, dite Lolo

Photo coll. Laurence Nanni

Pour la suite de ce dossier voyez

Des Gougnaciens loin de Gougnies(2)

et

Des Gougnaciens loin de Gougnies(3)

Facebook
Twitter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.