De personnes comme lui, on dit généralement : « celui-là a de l’or dans les mains », mais à propos de Benoît Baufayt on ajoute : « il a la tête plus dure que le bois dans lequel il sculpte »… Et tant mieux ! S’il n’avait pas ce caractère, il n’exercerait pas, enfin, le métier dont il rêvait : ébéniste et sculpteur.
Il n’a que 32 ans mais, depuis sa sortie de l’école, il a déjà bien « galéré » avant de vivre de ses gouges et de son maillet : il a été menuisier, métallo et même, entre autres, chargé de l’aménagement intérieur …d’ambulances.
De ses doigts ne sortent pas que des meubles d’art, mais aussi le son aigu du fifre ou les « fla-flafla flabada- ra » des tambours : deux instruments qu’il a appris à jouer sans vraiment « connaître la musique ». Il use de l’un ou de l’autre selon la batterie dans laquelle il est intégré.
« Le solfège, explique-t-il, je ne l’ai abordé que plus tard en apprenant la trompette ». Et voilà : un troisième instrument ! Mais d’où tient-il donc ce talent de musicien ? « Peut-être de ma grand-mère maternelle qui était pianiste. Quand elle était jeune, elle jouait dans les cinémas à Bastogne pour accompagner les films muets… »
Aujourd’hui, Benoît entend poursuivre l’étude de la trompette mais il compte aussi retourner à l’école pour pouvoir, à son tour, enseigner l’ébénisterie ou la sculpture.
En tant que sculpteur, il a un sujet pas banal de satisfaction : c’est lui qui a réalisé le nouveau saint Remi qui surmonte la hampe du drapeau de la compagnie de Gougnies
« Un jour, explique-t-il, on est venu me demander de restaurer l’ancienne statue. Ca me semblait risqué étant donné qu’elle avait déjà connu de nombreuses réfections et j’ai proposé de la mettre à la retraite et d’essayer d’en faire une nouvelle. Que risquait-on ? Je suis allé retrouver l’ébéniste auprès duquel j’ai fait mes stages. Il m’a incité à me mettre au travail et m’a donné des conseils. La statue a pris forme peu à peu et au cassage du verre en 2002 j’ai eu le plaisir de venir la remettre au Corps d’Office de la marche. Elle est en tilleul et revêtue de doré comme l’ancienne »
Benoît constate : «avec ce saint Remi, j’ai deux sujets de satisfaction. Le premier, c’est de le voir chaque fois que je marche à Gougnies. Le second, c’est de voir mon fils Guillaume marcher en dessous ! »
La naissance d'une statue
Quatre stades de la réalisation :
Photo 1 : Le traçage dans le bois de tilleul afin de procéder à une première et grossière découpe à la scie à ruban
Photo 2 : La pièce obtenue après ce chantournage
Photo 3 : Suite de l’ébauche : Saint Remi sort de la matière
Photo 4 : La statue terminée
Texte rédigé par Benoît Gaspar