Gougnies et le centenaire

 

Le programme des fêtes des 20 et 21 juillet. Le dimanche: sortie musicale, ronde traditionnelle et visite aux cafés (et ils étaient nombreux à l’époque!) le tout suivi d’un grand concours de petite balle au tamis entre Biesmes (Javaux) Onhaye, Fosses et Gougnies. Le soir, brillant concert par la fanfare d’Acoz suivi d’un bal champêtre et d’illuminations. 
Le lendemain: messe de la Jeunesse et jeux divers. A 13h concours « au » jeu de balle au tamis entre Stave, Biesme (Carly) et Gougnies. A 15 heures, grande course cycliste de 60 km pour sous juniors. Les prix vont de 125 à 10 francs et les inscriptions se prennent au Café de la Gare chez M. Edmond Defresne. Le soir, bal populaire et illuminations.
Les chefs de la Jeunesse sont Eugène Goffaux et Jules André. Le secrétaire M. Stenuit et le bourgmestre A. Pirmez.
A droite: la page de couverture du programme des festivités d’octobre. Le comité organisateur, placé sous la présidence d’honneur d’Albert Pirmez, bourgmestre, était composé de H. Defrène, L. Wiart, J. Marcelle, O. Tayenne, J. Thibaut, R. Grégoire, E. Disière, A. Lefèvre, C. Pouleur, R. Jallay, J. André et M. Mengeot.

(Coll. Jacques Monnoyer)

Gougnies avait vraiment mis les petits plats dans les grands. Comme on le voit sur la splendide affiche ci-dessus, les journées des 20 et 21 juillet ont principalement été consacrées à des attractions sportives, des bals et un concert. 

L’affiche des fêtes d’octobre.
Collection Christine et Christian Hébrant

Quant aux journées des 4 et 5 octobre elles étaient, selon le procès-verbal que les autorités communales ont fait rédiger, « destinées à célébrer, par un acte durable, le centenaire du décret par lequel le gouvernement provisoire a proclamé l’Indépendance »: ces journées-là furent davantage solennelles : messe, Te Deum, cérémonie au cimetière, discours, plantation de l’Arbre du Centenaire et cortège historique. Ce dernier qui a parcouru les rues du village était composé de vingt groupes. Il était ouvert par la gendarmerie et les enfants des écoles et se refermait sur « le char de l’apothéose représentant la Belgique Libre et Glorieuse » en passant, par exemple, par « Napoléon et son état-major », « les chasseurs à cheval de 1830 » « les bourgeoises de 1830 » « les Joyeux conscrits » ou encore un « groupe de demoiselles représentatif de la Belgique et de sa colonie du Congo ».
C’est Isaac Hébrant, premier échevin de Gougnies et arrière grand-père maternel de Michel Caramin qui planta l’arbre commémoratif qui se trouve toujours, en pleine santé, entre ses quatre bornes de pierre, près du monument aux morts et c’est avec cette même bêche, fabriquée aux Ateliers Marcelle que, pas peu fier, Michel a planté en 2003 un tilleul à l’Ermitage, lors des festivités du 900e anniversaire de la sainteté de Rolende.

Isaac Hébrant, dit « le vieux fiston » (Photo Collection Michel Caramin). Et Michel présentant, devant le chêne, la bêche qui servit à le planter. Photo Ben

L’aïeul de Michel avait bien droit à cet honneur et celui qu’on surnommait « le vieux fiston » parce que, sans doute brouillé avec les prénoms, il appelait tout le monde « fiston », s’était distingué durant la guerre menant la vie dure aux autorités d’occupation. 

Voici d’ailleurs ce qu’on pouvait entendre dans le discours de ses funérailles célébrées le 5 novembre 1934: 
« Malgré le grand danger que comportaient alors les fonctions de Bourgmestre , danger d’autant plus considérable que la déportation équivalait à un arrêt de mort pour un vieillard de 67 ans , Isaac Hébrant accepta cette charge dangereuse et difficile et sut l’exercer à la satisfaction générale, tout en opposant avec calme et discernement la force d’inertie aux exigences sans cesse renaissantes d’un oppresseur toujours avide de réquisitions et de déportations .
Si des listes ou des renseignements étaient demandés sur les personnes ou sur les biens en vue de déportations ou de réquisitions , il répondait d’abord à coté de la question , puis faisait semblant de ne pas comprendre , puis enfin répondait dans un patois qu’il rendait à dessein inintelligible , si bien que de guerre lasse , l’envoyé de la commandantur s’en retournait souvent sans avoir pu obtenir les renseignements qu’il était venu chercher de vive voix , n’ayant pu les obtenir par écrit .
Cette attitude adroite et courageuse n’était pas sans danger ; aussi , plus d’une fois , fut-il menacé et molesté par la soldatesque , mais sans que ces brutalités aient pu en rien entamer sa ténacité.»

Et voici maintenant plusieurs photos de ce cortège des 4 et 5 octobre 1930.
Observez les bien: qui y reconnaitra un grand-père, une grand-mère, une vieille tante ?

Nous nous sommes posés bien des questions dans la rubrique Photos éloquentes (mal nommée en la circonstance) sur cette photo dont nous savons aujourd’hui qu’elle a été prise lors du cortège du centenaire et quil s’agit du groupe des « Chasseurs à cheval de 1830 » (Collection famille Marcelle)


Il est particulièrement difficile de situer des personnes sur des photos où les personnages sont ainsi anarchiquement disposés. Nous demandons donc votre indulgence. 
Photo 1. De gauche à droite. La dame qui tient un enfant dans les bras est Marie-Louise Mengeot et le bébé est Gaby Gillain (née en 1928)… la photo est donc bien de 1930! Le monsieur en chapeau, regardant le drapeau est Paul Soumillon. Le porte drapeau est Charles Grégoire. Juste après le drapeau: Eugène Douillet, René Grégoire, Léon Marchal, ? Bruyère (avec des fleurs) et Clément Poulleur en chapeau buse. Au centre, en chapeau mou: René Disière. A l’extrême droite, en chapeau buse: Léon Willard.
Photo 2. Sur le rang arrière, on distingue, de gauche à droite (avec réserves) Clément Poulleur (chapeau buse) Léon Willard (chapeau buse) Jules Marcelle (chapeau buse) le curé Botte et le curé Taminiaux. Au premier rang, la 2e personne serait Ernest Soumillon et la 3e, Albert Pirmez.
Photo 3. La personne au centre est Léon Marchal. Celui qui tient le drapeau est René Grégoire.
Photo 4. Au premier rang, à l’extrême droite: Marguerite Disière et à sa droite Elisabeth Grégoire; au 2e rang, au centre: Marguerite Brostaux. Les enfants en couple de paysans : la fillette est Gabrielle Soumillon. L’infirmière à leur droite est Nicole Tamines. Derrière elle, plus grande: Nancy Grégoire. Dans le rang des infirmières à droite, l’une derrière l’autre: Juanita Laffineur, Marthe Van Bossière, X , Lucienne ? . A l’extrême droite: Mlle Vassart. A l’extrême gauche sur le trottoir, le couple est composé de Marie Lefèvre et de Fernand Caramin.

(Photos coll. Elisabeth Grégoire.) 


Première photo, de g à d: en robe blanche: Irène Soumillon et, à ses côtés: Emile Berny. Entre les deux volontaires de 1830: Betty Bierleson. Les deux jeunes fille du centre en robes fleuries sont les soeurs de Hubert Douillet. Troisième photo: sur le cheval blanc : Pierre Brosteaux. Au centre, sur le cheval noir: Emile Disière. A pied, derrière, peut-être Léon Lefèvre. 
(Photos coll. Léon Baulin)

Pour conserver une trace officielle de ces journées mémorables, les autorités communales de l’époque ont fait tracer un compte-rendu officiel que l’on découvrira ci-dessous et dont on admirera la calligraphie. Mais, et nous terminons avec cet autre témoignage , la presse était présente également.

Collection Jacques Monnoyer

Collection Michel Caramin

De nouvelles photos (autres groupes) du défilé.
Collection Jean Marcelle

(1) un merci tout particulier à Elisabeth Grégoire, Christine Hebrant, Léon Baulin, Michel Caramin, Jacques Monnoyer et Jean Marcelle.

Texte rédigé par Benoit Gaspar