Guniacus 1103

900ème anniversaire de la reconnaissance de la sainteté de Rolende

Les 26 et 27 avril 2003, Gougnies était – une fois de plus… – en fête. 
Pour le 900ème anniversaire de la reconnaissance de la sainteté de Rolende, les habitants se sont mobilisés massivement. Ils ont transformé la place du village en château médiéval et c’est dans ce cadre exceptionnel qu’ils ont donné le spectacle «Guniacus1103 ».
TABLEAU I : LE FER 

Trois forgerons sont à leur brasero, ils chauffent le fer. 
L’homme de fer apparaît.

L’HOMME DE FER :
« Holà, braves gens, quittez votre sphère,
Que bienfaisante soit notre atmosphère,
Je me présente : je suis l’homme de fer !
Oui mes seigneurs, vous n’en avez souffert,
Que les voies de votre histoire soient chemins du fer
Et vous le rappeler ce soir est mon affaire. »

FORGERON 1 :
« Nous ne sommes point férus de ces ferments de ferveur. »

FORGERON 2 :
« Notre travail est le faire-valoir de la fertilité de notre terre ! Que ce ferblantier de pacotille nous laisse le faire ! »

FORGERON 3 :
« Sans coup férir, mon ferretier ne peut être férule en ces jours fériés, mais je vous le dis avec fermeté, que de son théâtre il en choisisse la fermeture et que ces rimes ferreuses, ce « Gogo » aille les faire ailleurs. »
L’HOMME DE FER :
« Vous avez dit « Gogo », ami ferronnier ?
Sur la matière, vous semblez être ferré !
Gogo fut mon ancêtre carolingien
Et le nom de votre village, c’est de lui qu’on le tient ! »

LE CONTEUR :
Et oui, il semblerait que Monsieur Gogo fusse vers le 8ème siècle le premier propriétaire de cette parcelle du domaine carolingien de Gerpinnes. Son nom, suivi de « IN-IACCUS », signifiant « propriété de » fut vraisemblablement la première appellation de notre village : GUNIACUS. Et que se passait-il au 12ème siècle à Guniacus ? 

L’HOMME DE FER :
« A Guniacus en 1103, du fer, on en a à gogo !
Depuis que de notre histoire, nous avons des échos
Le minerai dont notre terre fait généreusement cadeau
Apporte aux braves gens du village blé, deniers et… impôts ! »

LE CONTEUR :
Oui, homme de fer, le Guniacus dont tu fis le terroir
Restera longtemps dans son histoire
Le berceau privilégié de la métallurgie
Dans lequel grandira le village de Gougnies.

L’HOMME DE FER :
« Puissent les témoins du temps qui passe
De ces richesses en préserver les traces ! »

FORGERON 1 :
« Forges ardentes… »

FORGERON 2 :
« Maka percutant… »

FORGERON 3 :
« Fourneaux, bas ou hauts… »

L’HOMME DE FER :
« Pour valoriser l’outil au-delà des souvenirs,
Amis métallurgistes, en corporation il faut s’unir ! »

Musique :
Fanfare au rythme des marteaux sur l’enclume.

Entrent sur le plateau :
les corporations de métallurgistes. (Ils se placent autour du décor)
TABLEAU II : SAINTE ROLENDE 
Les métallurgistes sont en place.

Les forgerons : derrière leur enclume, les mains croisées sur le manche de leur marteau.
L’homme de fer se tourne vers l’entrée du plateau.
Entrent sur le plateau :

  • l’évêque de Liège
  • les ecclésiastiques
  • une escorte armée

L’EVEQUE :
(s’adressant à l’homme de fer)
« Holà, mon brave, pouvez-vous m’indiquer le chemin que je dois suivre pour atteindre sans tarder l’église-mère érigée sur le domaine paroissial de Gerpinnes ? »

LE CONTEUR :
Monseigneur Otbert, évêque de Liège en 1103 s’y rendait sous bonne escorte pour exhumer les ossements de la Vierge Rolende et les faire déposer dans une châsse en bois en signe de béatification.

L’HOMME DE FER :
« Votre équipage, Monseigneur, bien vite pourra se reposer.
Gerpinnes est tout proche et de ce côté.

Vous êtes ici sur les terres verdoyantes de Guniacus

Recelant de précieuses richesses sous de fertiles ressources ! »

L’EVEQUE :
« Bonnes gens de Guniacus, soyez bénis !
Car outre les moult trésors de votre pays
Votre campagne restera à jamais empreinte
Des souvenirs du passage de la Bienheureuse Sainte ! »

LE CONTEUR :
Souvenez-vous, c’était en 774.
Rolende en exil, quittant les siens et fuyant les aspirations d’Oger, se dirigeait vers Cologne pour entrer au couvent. Sur le domaine de Guniacus, malade et épuisée, Rolende sent ses forces l’abandonner. C’est du sommet d’un arbre qui se dresse à l’endroit de l’Ermitage que son fidèle serviteur va apercevoir la ferme de Villers. Rolende y sera recueillie par les fermiers et y décèdera 8 jours plus tard.

– Arrivée sur le plateau de Rolende et son serviteur.
– Rolende s’assied au pied de l’arbre.
– Le serviteur monte dans l’arbre.
– Il indique la direction de la ferme.
– Ils repartent.

L’HOMME DE FER :
« Allez, Monseigneur, Rolende vous attend !
Les miracles accomplis par elle en son temps,
Vous devez, en cette soirée de 1103
Tous les reconnaître de bonne foi. »

L’évêque et son escorte s’éloignent sur les traces de Rolende.

LE CONTEUR :
Depuis ce jour, le culte à Ste Rolende n’a jamais cessé de rayonner dans les rues de notre village. Guniacus au 12ème siècle, Guignies, Goygnies, Goingnies au 13ème siècle, Goingneez au 16ème siècle, Goniacum et enfin Gougnies au 17ème siècle, manifestera toujours, de génération en génération, de processions en processions, respect et dévotion à Sainte Rolende. A l’instar du minerai de fer, richesse de la terre, ce culte constitue un véritable trésor pour notre patrimoine.

TABLEAU III : FINAL 

Eclairage : l’arbre.
Entrent sur le plateau, au rythme de la musique :
– peloton d’arbalétriers (avec des flambeaux)
– groupe des chanoinesses
– membres de la Confrérie avec la châsse.

Les hommes en armes s’alignent dans le décor, face au public.
Les chanoinesses et la Confrérie encadrent la châsse placée sur un reposoir au milieu du plateau.
Eclairage : la châsse.
Fin du morceau par la fanfare.
Musique de fond (lointaine) : le cantique à Ste Rolende.
LE CONTEUR :
Sainte Rolende, ce soir encore Tu nous fais l’honneur de Ta présence au coeur de notre village. 

Cette châsse resplendissante façonnée avec talent en 1599 par Henri Libert et offerte à notre communauté par les chanoinesses de Moustier, est bien à Ton image.

Elle nous inspire respect et dévotion. Lorsqu’elle est si proche de nous, au sein de notre terroir, nous ressentons, et ce depuis des générations, la même et profonde émotion.

C’est, depuis 900 ans, le miracle que Tu nous offres, Ste Rolende. C’est le miracle qui, chaque année, nous guérit un peu de notre égoïsme.

C’est le miracle qui, dans ce monde perpétuellement incohérent, nous sensibilise aux vertus incontournables du respect de la vie, du respect de l’autre.

Oui, Ste Rolende, Tu es ici chez Toi et Tu y seras toujours la bienvenue. Notre terroir a traversé une histoire marquée par le travail des hommes, source de bien-être et de prospérité, certes.

Mais il est aussi resté fidèle et ce, depuis cette soirée de 1103, au culte qu’il Te voue avec dignité et conviction.

Alors nous Te le demandons, Ste Rolende, reste à jamais la marraine de notre village.

Sois pour ses habitants le souffle de bon sens qui tend les mains les unes vers les autres, protège les familles et ouvre vers l’avenir les portes de la sérénité.

Si, au niveau de la métallurgie, le berceau fait aujourd’hui triste mine, donne-nous cette inspiration qui nous permet de percevoir les réelles valeurs, celles de la richesse humaine toujours là, à portée de la main.

Et pour ceux qui s’endorment sans T’entendre, il y aura chaque printemps le réveil du tambour auquel nul sourd ne peut être indifférent.

Bonne route et à bientôt, Ste Rolende…

Acteurs et spectateurs se sont alors rendus en cortège à Gerpinnes

L’homme de fer – Photos Jacques Demoustiez

Photos Collection Jean Marcelle

Photos Michel Florence

Photos Monique Caramin

Photo – Collection Jacques Monnoyer

Texte et scénario : Jean Marcelle