Certes, Gougnies n’est pas Vincennes, Cagnes sur Mer ni même Sterrebeek, mais il y eut longtemps dans l’air du village un petit parfum de courses hippiques, non qu’elles se déroulaient ici, mais parce que nous comptions dans la population deux champions de trot attelé : Justin Minet et Ilario Garutti.
Justin devant un des boxes qui abrita ses champions et Ilario présentant sa casaque. (Photos Ben).
C’est à l’âge de 16 ans, en 1947, que Justin a entamé sa carrière sportive. Il ne la lâchera qu’en 1998 en déposant au rayon souvenirs sa casaque noire et bleue et sa toque noire.
Un moment décisif : en 1961, il achète une jument de race pure, Rosette, pour participer à la Marche Sainte Rolende en qualité de major d’abord; pour la reproduction ensuite. En effet, Justin, par ailleurs agriculteur, élevait et sélectionnait lui-même ses chevaux de compétition : son écurie en a compté jusqu’à sept simultanément, plus les poulains et pouliches à l’élevage.
Avec eux, il formait manifestement une bonne équipe puisqu’il remporta, en tout, une centaine de courses. Aujourd’hui, il est évident que Justin a gardé une certaine nostalgie de l’époque de ses exploits, sur lesquels il ne s’étend guère d’ailleurs, mais il souligne qu’il fut bien aidé : d’abord pas son épouse Yvonne, aussi passionnée que son champion de mari. Mais il eut aussi en Fernand Looze de Gougnies et Jules Derenne de Villers Poterie deux précieux aidants doublés d’acharnés supporters. Kuurne, Sterrebeek, Tongres, Ostende ou encore Waregem qui sont les hippodromes des exploits de Justin n’avaient plus de secret pour eux. C’est là qu’ils ont vu gagner Bagatelle, Panpan, Iffra, Olivette et Galipette, achetée poulain en 1968 et qui, outre une carrière de championne, donnera à Justin douze poulains!
Quelques moments marquants extraits des albums-souvenirs de Justin: de gauche à droite: Iffra à Kuurne vers 1975 et, au centre, le fidèle supporter Fernand Looze. Galipette en 1973, à Kuurne également. Bagatelle du Fayt à Tongres en 1958 (plusieurs visages connus sur cette photo dont celui d'Ilario Garutti). Très jolie photo de la victoire de Iffra, à l'arrière-plan, en train de coiffer un concurrent sur la ligne d'arrivée à Waregem en 1974. Et enfin, en 1964, le major Justin sur Rosette. (Photos collection Justin Minet)
Le 31 décembre 2008, dix jours après son épouse Yvonne, Justin nous a quittés.
Ilario a quant à lui commencé sa carrière sportive en courses de trot attelé en 1975 pour la terminer en 2003. Son écurie a compté jusqu’à cinq chevaux simultanément avec lesquels il a participé à pas moins de 200 courses.
Ses trois meilleurs trotteurs : Orléanais, Isatis et Tabata qui, sur dix courses, a été classé sept fois premier, deux fois 2e et une fois 3e.
La casaque d’Ilario était brune avec des manches jaunes et , dans le dos, la lettre V en jaune. Sa toque était noire.
Les chevaux en général et les trotteurs en particulier ont laissé Ilario de marbre jusqu’à ce que sa fille se prenne de passion pour eux. Gentil papa, il lui a acheté un cheval… et il fut lui-même séduit, à tel point qu’il s’acheta Orléanais, son premier trotteur.
Victorine, son épouse, était à ses côtés, Justin était son ami… et sa carrière se déroula de succès en succès.
Ilario s’entraînait sur les pistes d’Yves-Gomzée et de Farciennes. Il devint d’ailleurs le vice président de l’ASBL gérant ce site.
Ostende, Kuurne, Sterrebeek , Waregem et même la Hollande virent notre Gougnacien à l’œuvre…
En feuilletant les albums d'Ilario. De g à d: une photo finish de Tabata, les naseaux sur la ligne blanche virtuelle. Tabata encore en 1985; et, juste retour des choses, qui voit-on parmi les amis? Justin! La 3e photo fait encore rire Ilario: c'était en 1983 également, il était engagé dans un tiercé et une équipe de la RTB était venue filmer chez lui... le caméraman voulant trouver le meilleur angle recula, recula, recula encore... jusqu'à tomber dans un fossé. Remarquez que Tabata n'est pas insensible au fait d'être filmée et se présente sous son meilleur profil. Photos suivantes: Tabata encore à l'entraînement et, enfin, sa fille Isatis. (Photos collection Ilario Garutti)
Texte rédigé par Willy Moreau