La Marche Royale Ste Rolende de Gougnies

La compagnie Royale Sainte Rolende de Gougnies est une des plus anciennes de l’Entre-Sambre-et-Meuse.

On trouve en effet des traces d’escorte armée de processions à Gougnies dans des documents du XVIIème siècle.

Forts de cette authenticité, les Marcheurs de Gougnies ont le souci de respecter et de faire respecter le déroulement traditionnel de leur procession. Ils marchent en l’honneur de Sainte Rolende et en revendiquent naturellement l’appellation.

La Compagnie se compose de la saperie, de la batterie et du 1er peloton ( les grenadiers) en costumes traditionnels et de deux pelotons d’artilleurs et grenadiers en 1er empire.

Depuis plusieurs générations, la saperie fait l’objet d’une attention toute particulière. Elle se veut parfaitement homogène, les tabliers sont tous identiques, galonnés suivant un canevas officiel. Les sapeurs marchent en rangs serrés et présentent ainsi un groupe tout à fait uniforme.

La tradition veut à Gougnies que l’unique couvre – chef soit le bonnet à poils.

Grenadiers et artilleurs, majors et tous les officiers défilent dans cette uniformité traditionnelle à laquelle n’échappent pas les petits garçons qui dès l’âge de trois ans, escortent le drapeau de la jeunesse.

Celui – ci date de 1862. Afin de le préserver, le corps d’office de 1980 a décidé d’en faire confectionner une copie.

Cette nouvelle bannière, riche en broderie de fils d’or, a été réalisée au Pakistan par des employés aux ornements d’apparats des éléphants des Maradjah.

L’originale a été placée sous vide dans une vitrine exposée à l’église St Remi.

Les moments forts

Le cassage du verre

Véritable prestation de serment des officiers, le cassage du verre se déroule, à Gougnies, le lundi de Pâques à 14 heures.

Bien conscients de leurs responsabilités, et en fonction des critères de priorité d’ancienneté déterminés par un règlement bien précis, les protagonistes de cette cérémonie s’engagent à gérer la Marche locale dans le plus grand respect des traditions.

C'en est fait, le nouveau tambour-major s'est engagé pour un an!
Le jeudi de l'Ascension

Cette petite mais conviviale sortie apporte à la Compagnie les premières vibrations apéritives avant la grande procession de la Pentecôte.

Le dimanche de Pentecôte

La première décharge à Ste Rolende, à 15 heures à la chapelle de l’Ermitage, constitue sans aucun doute la première étape émotionnelle du pèlerinage gougnacien.

La dignité qui empreint ce moment fort se poursuit devant le cimetière où un dépôt de fleurs au son du clairon rend les plus sincères honneurs à nos Marcheurs disparus.

Le défilé se poursuit dans les rues du village jusqu’à la retraite du soir, moment privilégié pour la batterie et le corps d’office

Le lundi de Pentecôte

Le réveil

(texte issu du « Marcheur » n° 147 de septembre 1997).

Trois heures du matin… Tout ce qu’hier était en mouvement, était vie , s’est enfoui sereinement dans la moiteur de la nuit.

L’obscurité tranquille enveloppe le village, efface les maisons avec discrétion pour protéger le sommeil de leurs enfants.

Le ciel d’un noir profond scintille de tous ses astres. Il semble nous rassurer sur le temps : nous aurons une belle journée ! .

Une nuit comme tant d’autres ? Eh bien non !

Sur la grand’route, quelques hommes se rassemblent. Les couleurs de leur uniforme se perdent dans le jaune artificiel de l’éclairage public.

Le silence, empereur de la nuit, est taquiné par le cliquetis des sabres des officiers qui se dirigent vers la maison du tambour – major.

Dans le lointain, des tirs isolés partiellement étouffés par la respiration profonde de nos campagnes nous rappellent qu’à Gerpinnes, à la Pentecôte, la nuit s’octroie un congé.

Le quartier du « Tambour », des voix, le craquement de l’allumette qui inaugure la journée du fumeur invétéré, le silence se retire sur la pointe des pieds.

Tout le monde est prêt ?

Comme les archets de l’orchestre cherchent sur les cordes le « la » perdu dans le prélude cacophonique du concert, les baguettes donnent aux peaux des tambours les premières vibrations désordonnées de la journée.

« Tambours, pour le réveil, pied gauche en avant, marche ! .

Véritable coup du sabre dans la sérénité nocturne, ensemble parfait des premières mesures de notre procession, la marche du réveil éclate dans la rue, roule sur les façades, rebondit sur les pignons, secoue les fenêtres et envahit les chambres où reposent encore dans leurs plis les pantalons blancs du lundi.

La nuit prend peur…

Le ciel pâlit progressivement et les teintes pastel de l’aube colore délicatement l’orient.

Les étoiles s’éteignent et quelques petits nuages roses se faufilent entre les imposantes traînées blanches que laissent sur le ciel les réacteurs des avions de ligne.

Regarde ! C’est une belle journée qui s’annonce, une fête pleine de cette chaleur de l’amitié qui, au sein de notre folklore rapproche les gens, efface les querelles, comme le tambour du réveil efface la nuit.

Ecoute ! C’est notre village qui vit, et chaque coup de baguette est le battement du cœur de notre terroir.

Respire ! C’est l’haleine fraîche de notre campagne qui offre à nos saintes reliques le parfum de la conviction de ses enfants.

Oui, ce sera un grand jour.

Oh! bien sûr, il y aura l’ambiance et on boira, certes, quelques verres…

Et alors ?

Une procession n’est pas un enterrement, c’est une fête, et la bière de chez nous n’a – t – elle pas la couleur de l’amitié, n’est – elle pas claire comme notre attachement au folklore et fraîche comme son éternelle jeunesse ? .

Et si, ce soir, tous ces regards sont moins vifs et les pas moins sûrs, c’est cependant la satisfaction d’avoir avec dignité honoré la sainte patronne qui inondera les cœurs.

Voilà, c’est ça la véritable richesse ! .

C’est notre trésor et nous en sommes fiers.

L’entrée de la messe (06 h 30)

C’est le premier défilé de toute la compagnie en grande tenue, les couleurs des uniformes et le blanc impeccable des pantalons, chatoyant sous les rayons du soleil matinal.

La prise du drapeau (09 h 00)

Une très belle cérémonie se déroule chaque lundi de Pentecôte à 09 heures sur la place de Gougnies : c’est la prise du drapeau.

Dans un environnement verdoyant, toute la compagnie se déploie au rythme de la Marche au Drapeau et présente les honneurs à la riche bannière remise à son officier par les autorités communales.

La rentrée (14 h 00)

A 14 heures, les reliques de Sainte Rolende arrivent à Gougnies.

Dignement escortée par la compagnie locale et rehaussée par la présence des compagnies de Biesmes, la rentrée de la procession à Gougnies offre une authentique image riche en couleurs du merveilleux folklore que constituent les vraies marches.

Photos Thérèse Charlier

Le mardi de Pentcôte

La journée du mardi présente plusieurs facettes.

La dignité du matin avec la Messe des Marcheurs, la remise des médailles et la décharge à Sainte Rolende.

La convivialité de l’après – midi avec les multiples réceptions dans les rues du village et la pittoresque visite au château.

Le folklore du soir avec la « caracole », point final de la journée sous forme de tradition festive.

Texte rédigé par Jean Marcelle
(Texte publié par «Gerpinnes activ’» en avril 2005)