Le monument aux morts

Le monument aux morts, érigé sur la place communale, est évoqué par ailleurs dans notre dossier consacré à l’historique de Gougnies.
Pour réaliser un travail dans le cadre de ses études, Aline Cabut s’est attachée à l’historique de ce symbole des moments dramatiques de l’histoire du village. Nous vous présentons ci-après les résultats de ses recherches.

Comme beaucoup de Gougnaciens, je passe tous les jours devant le monument aux morts situé sur la place du village sans vraiment m’y intéresser.
Tout le monde je pense n’y prête vraiment attention que lorsque nous le célébrons au moment de la Pentecôte et encore …
Je me suis penchée sur son histoire et voici ce que je peux vous raconter :
Le monument commémoratif des guerres 1914 – 1918 et 1940 – 1945 a été érigé en hommage aux victimes civiles assassinées et aux militaires tombés au champ d’honneur pendant les deux guerres afin de donner aux héros du village un monument digne de leur mémoire.

L’érection du monument a été décidée lors du conseil communal de Gougnies le 30 juin 1921. Trois mille francs ont été prévus pour la construction et 1500 francs pour l’organisation de la fête d’inauguration.
Le 20 septembre 1921, il est décidé en conseil communal que le « chantier » sera attribué à Léon Mengeot.
Lors de la séance du 26 Août 1922, le budget prévu pour la construction doit être revu. Il est alors admis que le montant s’élèvera à 8000 francs.
Le 22 mai 1923, le conseil autorise, suite à une lettre de demande du comité des anciens combattants, le placement d’un grillage avec barrière autour du monument et l’élaboration d’un parterre.
Après la seconde guerre mondiale, il a été décidé d’y ajouter le nom des victimes gougnaciennes de ce nouveau conflit.

Le monument entre les deux guerres (Editions Préaux à Ghlin – 1934 – Collection Jacques Monnoyer) et aujourd’hui ceint d’une grille. (Photo Aline Cabut)
Avant 1920, il y avait un étang appelé « l’abreuvoir » à la place du monument. L’école communale accueillait les garçons.
Pour leur apprendre les tables de multiplications, l’instituteur de l’époque faisait tourner ses élèves autour de l’étang en récitant les tables.

Au centre de ce plan au 1/2.500e du centre du village, on voit nettement l’abreuvoir et l’école attenante.
(coll. famille Gaspar)

On ignore qui est précisément à l’origine du projet d’érection d’un monument. Mais il est vraisemblable qu’il s’agissait d’une recommandation des autorités nationales, dans un but patriotique et sans doute aussi d’une demande des villageois pour rendre hommage aux héros.
Après avoir examiné diverses offres en 1921, le conseil communal a décidé de passer commande à Monsieur Léon Mengeot aux conditions qui seront fixées par le Bourgmestre.
Léon Mengeot était marbrier à Gougnies.

Léon Mengeot et son bourricot qui devait être bien costaud.
(coll. Philippe Mengeot)

Cependant, un nom qui est différent de celui de Léon Mengeot apparaît sur le bas du monument. Le marbrier aurait-il lui aussi passé commande de ce monument à Oscar Lebrun ?
Malheureusement, je n’ai trouvé aucun document, aucune information pour répondre à cette question.

Le monument haut de 4,10 m a été réalisé en pierre. Des plaques en pierre ont été ajoutées en 1945 en sa partie basse. On y trouve le nom des combattants victimes de cette guerre.
Le monument est sobre et il y a peu de décorations. Seul, le devant est décoré Les inscriptions prennent beaucoup de place sur cette face et sur les côtés du monument.

On peut lire les inscriptions suivantes :

Militaires tombés au champ d’honneur

Piret Maurice 6 août 1914
Deprez Clément 16 avril 1915
Absil Joseph sergent 26 juillet 1917
Michel Joseph 27 décembre 1917
Baufayt Joseph le 27 mai 1940
Berger Emile le 21 mai 1940
Fréderic Léon le 10 janvier 1943


Civils lâchement assassinés par les Allemands

Grégoire Emile 23 août 1914 à l’âge de 60 ans
Thiry Joseph 23 août 1914 à l’âge de 84 ans
Piret Adelin conseiller provincial 25 août 1914 à l’âge de 74 ans

Tayenne Alfred le 10 mai 1940
Soumillon Emile le 16 mai 1940
Delporte Simone le 16 mai 1940
Soumillon Daniel le 16 mai 1940
Mathieu Maria le 16 mai 1940
Blondiaux Adolphe le 20 mai 1940

La commune reconnaissante

Oscar Lebrun
Près de l’Eglise
Mettet

1914-1918
1940-1945
Aux héros
Morts pour la patrie

Plusieurs décorations comme la couronne mortuaire, le laurier, la flamme et l’épée rappellent le courage des héros lors du combat.

Ainsi on retrouve :

La couronne mortuaire: c’est le symbole d’éternité
Le laurier : Le laurier a un feuillage persistant; il suggère ainsi l’éternité et depuis l’époque romaine, il est aussi associé à la gloire
Pour le motif central :
L’urne : C’est un récipient conçu pour contenir les cendres humaines.
La flamme : Elle évoque la vie. Elle peut aussi suggérer le souvenir vivace et la transmission.
L’ancre : Symbole de l’espérance.
L’épée : Elle est présente sur la sépulture des soldats morts au combat, elle suggère alors la bravoure et la défense de la Patrie.
La croix : Symbole de la foi.
Le blé : Il représente la vie

Le 11 novembre, les membres du conseil local paroissial (CLP) organisent une célébration de l’armistice à l’Eglise. Les autorités y sont invitées.
A la fin de la célébration, l’assemblée se rassemble autour du monument pour écouter le Brabançonne.
Le lundi de Pentecôte, une décharge est tirée par le canon en l’honneur des combattants. Une gerbe de fleurs est déposée au pied du monument par les autorités communales tandis que des trompettistes jouent la musique « au champ d’honneur ». Le drapeau belge est levé.

L’hommage du Lundi de Pentecôte
(Photo Aline Cabut)

En 1922, le coût total du monument était de 8000 francs. Mais qu’est ce que cette somme représente actuellement ?
Sachant que l’institutrice en 1920 gagnait 5.800 francs par an (conseil communal du 17/12/1920) et sachant qu’une institutrice gagne plus ou moins, en 2007 et en début de carrière, 580.000 francs/an, on peut donc estimer que le monument aurait coûté l’équivalent de 800.000 francs aujourd’hui soit 19.831 euros.
Il est important de souligner que ce genre de calcul est difficile et ne peut amener qu’à une approximation.

Aline Cabut