Ils l'ont fait ...
Crédit photos : gougnies.be
Partis à 3h du matin de Gougnies, nous arrivons vers 13h à Malaucène.
Cela fait déjà quelques kilomètres que nous dévisageons de loin un Mont dont l’apparence nous rappelle celui qui nous fera souffrir. A raison, c’était bien lui! Le temps de s’installer et de se rendre compte qu’il sera opportun de démarrer vers 7h le lendemain, vu les 35°C ambiants, nous sommes bien vite au lit.
Réveil à 6h, un mélange d’excitation, d’appréhension et de motivation s’empare de nous. L’excitation d’enfin s’attaquer au défi lancé quelques mois auparavant.
La crainte ne pas arriver au sommet, étant donné que le versant initial sera le plus compliqué et non le plus accessible prévu au départ.
Mais la motivation reste de mise malgré tout!
On y est, 7h nous sommes à la borne 0, chacun de nous entre dans sa propre course.
Chacun de nous va prendre son rythme suivant ses sensations de l’instant. Nous sommes des cyclistes débutants et nous ne connaissons rien sur l’ascension d’un col.
Cela démarre fort, il faut trouver son souffle, gérer son effort de 21km, mètre après mètre… Chacun de nous rentre dans sa bulle et, excepté sa propre souffrance, nous ne savons rien de celle des autres amis. Au milieu de ce parcours, 3km sont particulièrement difficiles. Ils oscillent entre 11% et 13% et tétanisent les cuisses et les muscles de « selle ». C’est ce tronçon qui fait de Malaucène la montée la plus difficile, car très irrégulière dans ses pourcentages. Cette partie sera malheureusement fatale à un de nous trois.
Nous nous attendions à souffrir, nous avions sous-estimé cette souffrance.
Une fois passée, même si les pourcentages redescendent à 6, 7, 8 ou 9%, les muscles brûlent et ont durci. Plus que la résistance physique, c’est également le mental qui entre en jeu.
Il faut mettre les doutes et la douleur de côté et les bornes défilent doucement, de plus en plus doucement. Chaque coup de pédale, fait mal et on s’accroche à la distance restante. « C’est comme si on était à Biesme et qu’on doit rentrer à Gougnies ». Le trajet n’est pas tout-à-fait similaire.
Le soulagement au dernier virage, et la larme versée d’émotion d’y être arrivé.
Fierté de l’avoir fait mais la photo n’est pas complète… Il y en aura une autre et elle le sera.
Surlendemain, projet similaire, parcours différent. Démarrage de Sault, celui que nous envisagions à la naissance du projet. Les jambes sont encore un peu lourdes de l’effort précédent, mais la motivation est toujours là! Durant les 18 premiers km de montée, nous traversons les champs de lavandes, puis les forêts de cèdres, puis de pins… Une ode aux odeurs de parfum d’ambiance. Le parcours se corse à 6 km de l’arrivée, à partir du célèbre chalet. Les pourcentages augmentent et les odeurs de moutons qui traversent la route nous rappellent également que cette partie sera moins agréable.
Les sensations d’être dans le dur reviennent mais la récompense est au sommet. Nous sommes à trois sur la photo et notre défi est une belle réussite.
L’histoire de 3 potes qui veulent réaliser un défi personnel et qui y sont parvenu..
Alors oui, la prouesse sportive n’est pas exceptionnelle, il y a beaucoup de monde qui grimpent le Ventoux. Tout cycliste assidu l’a déjà fait et sourira à cette lecture, mais nous ne le sommes pas. Nous avons plus le profil de rugbymen que de rouleurs de montagne, et c’est avant tout l’histoire du dépassement de soi.
Nous avons à Gougnies des sportifs remarquables, comme Nicolas qui termine 10ème belge de l’ultra-trail du Mont Blanc, comme Thomas qui revient des JO de Paris pour le saut en hauteur, comme Eddy qui enchaine les marches de très longues distances, et j’en passe… Chacun dans son domaine et avec ses compétences, mais un seul mot d’ordre, le dépassement de soi…
Texte de Benoît Marcelle
Chiche ...
de gauche à droite : Thierry Chardon, Michel Demarteau et Benoît Marcelle
Crédit photos : gougnies.be
Comment des amis de courte date peuvent-ils s’engager dans un défi aussi particulier ?
On se croise sans vraiment se connaître, où on se connaît sans vraiment se croiser, ainsi va la vie dans un village…
Jusqu’au jour où, parce que nos enfants partagent la même classe ou les mêmes activités, nous sommes voués à nous côtoyer davantage.
C’est ainsi, par les cours de danse hebdomadaires de leurs filles respectives, que Thierry, Michel et Benoît sympathisent et s’invitent plus fréquemment les uns chez les autres.
Noël 2023, Thierry se trouvant en visite conviviale chez Benoît en profite pour le surprendre avec une curieuse demande :
« J’ai un projet pour 2024 et je voudrais le faire avec toi. Je voudrais faire l’ascension du Ventoux en vélo».
Benoît lui rappelle en rigolant qu’il approche la cinquantaine et que depuis les dernières fois qu’il avait fait du vélo, en mode promenade, une trentaine d’année se sont écoulées.
La soirée se poursuit sans trop en parler, mais la graine était plantée…
Après une semaine de réflexion intense, le jour de l’an, Benoît retrouve Thierry et lui tape dans la main. « On va le faire, c’est une excellente idée ! ».
Nos passés sportifs sont loin, le travail de bureau nous empâte, la course à pied commence à nous faire mal aux articulations, quoi de mieux que l’effort fluide du vélo pour retrouver la motivation à se dépasser.
Le mois de septembre est choisi, pour éviter les grosses chaleurs et la grande affluence, tout en laissant le temps de pouvoir être prêts.
Aussitôt dit, aussitôt en route vers l’entraînement. Thierry possède un bon vélo de route, acquis lors de la période pré-Covid, même s’il n’est pas adapté à la montagne. Benoît se contente de remettre d’aplomb le vélo de ses 18 ans pour le mettre sur des rouleaux. Nous sommes le 04 janvier, et les séances en garage commencent, chacun de son côté. Quelques jours plus tard, Thierry emmène Benoît dans un magasin spécialisé pour profiter des soldes et acheter un vélo adapté au défi. Enfin équipés, vivement les sorties sur route, car le décor du garage commence à être monotone. Le point encourageant est qu’en partant de rien, la progression est manifeste.
Le projet est sympa et le sujet fait partie de nombreuses conversations, donnant envie à d’autres personnes d’y adhérer. Michel en sera le seul rescapé.
Cet amateur de CrossFit qui avait déjà fait un peu de vtt se fait prêter un vélo pour l’occasion. Lui non plus n’a jamais fait de vélo de route.
Les sorties sur route commencent, mais un accident de ski met un frein de 2 mois à la préparation de Benoît. La priorité était d’être apte pour la Pentecôte, avant de reprendre la route.
Depuis, les 3 acolytes enchaînent les sorties à 3, à 2, seuls parfois, mais l’objectif est en vue pour tous.
Les nombreuses côtes régionales franchies rappellent à Thierry que son vélo est plus adapté à la vitesse qu’à la grimpe. Il cède à son tour à l’achat de l’engin qu’il lui faut.
Le Mont Ventoux a trois ascensions possibles :
Par Sault, la montée dites « des débutants » car les premiers kilomètres au milieu des lavandes sont moins pentus, malgré un parcours plus long :
24,4 km – de 704 mètres à 1909 mètres ;
1210 mètres de dénivelé ;
4,9 % de pente moyenne.
Par Malaucène, dont une partie de 3km au milieu de l’ascension est très difficile :
21,2 km – de 334 mètres à 1909 mètres ;
1547 mètres de dénivelé ;
7,3 % de pente moyenne.
Par Bédoin, avec une ascension ardue régulière :
20 km – de 346 mètres à 1909 mètres ;
1539 mètres de dénivelé ;
7,7 % de pente moyenne.
Leur point commun, la difficulté des 6 derniers kilomètres.
Novices, la montée par Sault est envisagée pour commencer. Une deuxième ascension pourrait être faite, selon les sensations d’après défi.
Le périple durera 4 jours, et le logement se fera à Malaucène.
Petit coup de théâtre et de pression pour les cyclistes amateurs, la route de Sault sera exceptionnellement fermée ce 31/08, son jour prévu.
Un évènement local obligera donc à commencer directement par la route de Malaucène.
Pour la suite… Advienne que pourra !
À suivre …
Texte de Benoît Marcelle
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Bravo les garçons !!! Vous serez rentrés pour la fête au moins ???
Frieda