Une maison en bois à Gougnies

Nombreux sans doute ont été ceux qui ont été étonnés, ces dernières semaines, de constater qu’une maison « sortait de terre comme un champignon » rue de la Station. Chaque jour, ou presque, a été marqué d’une étape assez spectaculaire. C’est le résultat d’un projet, longuement mûri, que nous exposent ci-dessous, les futurs maîtres de céans. Ils ne tiennent pas à conserver stérilement leur expérience et proposent, comme on le verra en fin du dossier, de renseigner ceux qui seraient tentés par ce type de construction.

Quelque dix semaines séparent la première de la seconde photo prise le 18 juin 2009. Le troisième cliché est une projection de la construction terminée. 

Et voilà, en effet, depuis quelques semaines, notre projet de construction se concrétise. Notre rêve se réalise. La 2D a fait place au concret : la 3D.
Notre maison en bois massif a été montée en quelques jours à peine dans le centre du village.

Dès le début du projet en 2007, nous avons fait le choix de construire en bois. Nous avons également fait le choix d’une maison bioclimatique et basse énergie. Ce fût le début d’une longue période de recherche d’informations, de visites de maisons et de salons consacrés à cette thématique.
Les avantages de ce type de construction non traditionnel sont si nombreux que le choix nous est paru évident. A l’occasion de la journée annuelle de visite de maison en bois organisée par l’asbl Bois et Habitat, nous avons eu l’opportunité de rencontrer d’autres propriétaires qui nous ont ouverts leurs portes. Ces rencontres n’ont fait que confirmer tout le bien que nous pensions de ce type de construction.
C’est pourquoi à notre tour, via ce reportage sur le site de notre village, nous avons souhaité développer ces choix, apporter un maximum d’informations et de conseils à ceux qui le désirent et mettre en évidence les avantages que peut apporter une maison en bois.

Les avantages du bois :

– L’isolation : le bois a naturellement un coefficient de conductivité thermique faible ce qui lui donne des propriétés isolantes intéressantes.
– Le confort : le rayonnement chaud qui se dégage des parois et le confort visuel apporte une ambiance chaleureuse dans la maison.
– Le respect de l’environnement : le bois coupé avant la fin de sa vie a un bilan écologique positif car le CO2 non rejeté est stocké durablement. La construction en bois contribue donc à réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère. De plus, la construction est peu énergivore, tant en transport, qu’en transformation de matières que sur le chantier.
– Le délai de montage : étant donné la préfabrication en atelier des éléments de structure, il n’a fallut que 15 jours exactement pour le montage de la structure bois, des murs, la pose des châssis et donc la fermeture du gros œuvre. Ce délai nous permet de débuter plus rapidement les finitions intérieures de la maison. De plus, la maison étant vérifiée sur PC avant mise en production, les défauts se font rares lors du montage sur chantier.
– Une construction sèche : le chantier est propre, il n’y a pas d’eau pour la mise en œuvre de la maison et donc pas de temps de séchage. Les finitions intérieures peuvent être immédiatement entamées et l’occupation est plus rapide.
– Résistance au feu : lors d’un incendie, le bois en feu se transforme en charbon de bois. Il se produit une carbonisation de la couche superficielle du bois sur les premiers millimètres. Cette couche joue un rôle protecteur et permet à la structure de ne pas s’effondrer.
– Régulateur d’humidité : le bois fait office de tampon, il absorbe l’humidité trop importante dans la pièce, pour la rejeter lorsque l’air est trop sec.
Pour être complet, précisons qu’il existe trois types de variantes dans les maisons en bois :
– L’ossature bois : les murs de la maison à ossature bois sont réalisés sur la base d’un « squelette » constitué de membrures de bois espacées de 40 ou 60 cm entre lesquelles sont placés les matériaux isolants. La finition des murs intérieurs est au choix
– Le poteaux-poutres : structure rigide constituée de poteaux et de poutres de grosses sections. Les poteaux et les poutres sont fortement espacés entre eux. La finition des murs intérieurs est au choix sauf pour les murs intérieurs des façades et des pignons qui eux sont en bois.
– Les madriers empilés : les murs sont réalisés par l’empilement horizontal de madriers de bois rectangulaires. La finition de tous les murs intérieurs est en bois.

Nous avons choisi le second type car celui-ci nous permet de plus grande ouverture mais aussi un bon compromis entre des murs extérieurs en bois et d’autres murs intérieurs au choix.
Pour ces trois types de constructions, le parement extérieur de façade est au choix et dans le respect des prescriptions urbanistiques.
Pour l’anecdote, trop nombreux sont les préjugés que l’on peut entendre lors de tel projet, alors profitons de l’occasion pour les faire tomber :
– Non, une maison en bois n’est pas légère et ne s’envole pas à la moindre bourrasque !
– Non, une maison en bois ne brûle pas davantage !
– Non, une maison en bois n’est pas un chalet de montagne !
– Non, une maison en bois massif n’a pas une faible durée de vie !
– Non, une maison n’est jamais trop isolée, il suffit alors de bien la ventiler !

Derrière cette première caractéristique qu’est le choix de la maison en bois massif, d’autres atouts peuvent également être mis en évidence. Une attention toute particulière a été apportée à l’orientation du bâtiment, à l’isolation, à la récupération d’énergie et à l’étanchéité de celui-ci.
La maison fait d’ailleurs partie de la démarche proposée par la Région Wallonne via son action « Construire avec l’énergie ».

1. Une maison bioclimatique et basse énergie

– Dans un projet de nouvelle construction, des notions de bioclimatisme peuvent être intégrées. La technique est simple, il suffit d’implanter le bâtiment de telle sorte que les différentes pièces de vie bénéficient au mieux des apports solaires gratuits. Il est bien entendu préférable d’éviter la surchauffe du bâtiment lors d’une exposition plein sud du bâtiment.
Dans notre cas, l’implantation est perpendiculaire à la route ce qui nous assure une orientation sud-ouest des pièces de vies à l’arrière du bâtiment.
-L’isolation du bâtiment a été poussée au maximum de nos possibilités. Nous correspondons aux critères d’une maison basse énergie. En fonction de l’investissement possible, l’idéal est de s’approcher voire même d’atteindre les critères définis pour une maison passive. L’enveloppe du bâtiment à savoir : le sol, le toit et les murs extérieurs, doivent être isolés par de fortes épaisseurs.
Dans notre cas, nous avons choisi des isolants écologiques tels que l’ouate de cellulose et les fibres minérales.
– La ventilation est indissociable d’une isolation renforcée. La maison fortement isolée doit être renouvelée en air frais. Une ventilation mécanique est dès lors à prévoir. Là aussi, la récupération d’énergie est possible via une ventilation mécanique à double flux et un puits canadien. (1)

2.Les énergies renouvelables

Nous avons fait le choix d’utiliser des énergies renouvelables pour le chauffage de l’eau et de la maison.
-La maison sera donc chauffée par une pompe à chaleur de type air-eau et un chauffage au sol.
-L’eau chaude sanitaire sera chauffée par une pompe à chaleur géothermique.

Comme vous pouvez le constater, il est aujourd’hui possible d’intégrer l’ensemble de ces concepts dans un même projet et si comme nous à l’époque vous cherchez des informations, nous nous ferons un plaisir à vous en apprendre davantage. (2)

Nicolas Radermecker et Delphine Forge

(1) Le puits canadien consiste à alimenter un bâtiment en air frais en le faisant circuler auparavant dans un conduit enterré qui selon les conditions climatiques le refroidit ou le préchauffe en utilisant l'inertie thermique du sol. Il est considéré comme une climatisation naturelle en été et un préchauffage de l'air frais en hiver. Il permet une économie supplémentaire d'énergie.

(2) nicorader @ hotmail.com
Delphine et Nicolas sur le chantier, puis quelques étapes de la construction.
Photos Nicolas Radermecker et Ben