Nos chroniques 2021

La petite Chronique du mois de décembre

Pour les enfants, c’est facile ! Aspergés de toutes parts par une véritable cascade de messages publicitaires, ils ont face à eux un éventail particulièrement généreux de sources d’inspiration leur permettant de rédiger sans aucun mal leur lettre au grand saint Nicolas.

Mais nous, couple rural dit « du troisième âge », que lui demanderait-on bien à ce brave bienheureux ?

Et bien, une fois de plus, c’est mon terroir qui m’a inspiré et suggéré une petite idée…

Cher saint Nicolas,

 Avant de te préciser ma requête, je voudrais te raconter ce que j’ai vécu dernièrement.

 Patient bien sage et obéissant, j’ai écouté attentivement les conseils de mon docteur. Mon épouse et moi offrons régulièrement à notre santé une petite balade sur les beaux chemins de nos bois et campagnes.

 Un matin, inondés de sérénité au cœur du bois, nous nous sommes octroyé une petite pause pour écouter le silence…

 Merveilleux silence ! Une quiétude bercée de mille chuchotements, une discrète conversation entre flore et faune sur fond de vent d’automne. Le souffle d’ouest joue sur la portée des plus hautes branches l’air saisonnier du ballet des feuilles mortes.

 Ce moment de béate communion avec l’environnement fut interrompu par l’arrivée d’un groupe de jeunes gens. Ils étaient, filles et garçons, bien équipés pour la marche et cela faisait plaisir de voir cette génération pratiquer une telle activité…

 J’applaudissais intérieurement leur initiative lorsque, en croisant leur groupe, je m’aperçus qu’ils disposaient tous d’écouteurs dans les oreilles et que, manifestement, ils n’écoutaient pas les quatre saisons de Vivaldi !

 Personne ne leur a dit que dame Nature avait tant de choses à leur raconter ? C’est un peu dommage, tu ne trouves pas, grand saint Nicolas ?

 Alors, ce qui me ferait plaisir, vois-tu, c’est que tu intercèdes auprès du ministre de l’éducation pour modifier l’article de loi concernant les travaux d’élèves à domicile. Oui oui, saint Nicolas, je suis sérieux ! Il devrait rendre obligatoire le fait de regarder ou enregistrer « Le jardin extraordinaire » à la télévision belge. Le sympathique journaliste qui anime cette émission nous apprend à tous l’art d’observer, de découvrir, d’écouter et de respecter notre terroir. C’est très enrichissant à tout âge et Tanguy Dumortier nous offre tantôt avec poésie, tantôt avec humour un superbe album d’images d’ici et d’ailleurs. Avec lui, notre petit jardin devient extraordinaire. Il suffit de s’y arrêter, de regarder et d’écouter…

 Oui, saint Nicolas, je sais que pour mettre tout le monde d’accord chez nous, il faut être persévérant ! Mais tu peux toujours demander l’appui de tes collègues du mois de décembre, saint Eloi, sainte Barbe et le Père Noël…

 Quoi qu’en disent certains, ils ont toujours leur mot à dire !

 Voilà, saint Nicolas, je te remercie d’avance et te souhaite de très bonnes fêtes.

 Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de novembre

L’automne ne manque pas de subtilité, de finesse, voire de coquetterie et arbore fréquemment des tenues d’un goût certain, des couleurs dignes des plus illustres impressionnistes.

Du soleil levant de Monet aux premières gelées de Pissaro, la palette des teintes soigneusement sélectionnées par les feuillus de nos bois semble vouloir nous adresser plusieurs messages.

Un message de bien-être dans un terroir qui est nôtre et nullement dénué de richesses naturelles. Cette nature que nous oublions souvent de contempler, tout simplement, en admettant que nous avons beaucoup de chance et que ce ne sont pas les pluies de novembre qui altèrent de quelque façon que ce soit les parfums boisés évoquant nos jeux d’enfants. Bien au contraire…

Mais un message de fragilité également, comme un signal qui nous rappelle que la nature est constamment à la merci de l’incivisme et que les pollueurs ne prennent pas conscience des dégâts qu’ils peuvent occasionner.

L’automne a aussi cette délicatesse ancestrale de nous avertir que l’hiver est proche et qu’il est bon de s’imprégner de ces teintes chaleureuses que nous offre la forêt. C’est, avant les premiers défilés du printemps, la dernière occasion de présenter ses collections aux tendances ocrées et dorées rehaussées de quelques bijoux ciselés dans le rubis.

Mais c’est aussi un message d’humilité devant la suprématie de la nature et les dictats de sa météo. Quand celle-ci se lève du mauvais pied, novembre replace délicatement ses parures dans un écrin ouaté de brouillard en attendant le retour de la lumière souvent annonciateur de la visite bienveillante du soleil.

Novembre, c’est aussi la mémoire, le message du devoir de ne jamais oublier ce que nos ancêtres ont enduré pour nous offrir la liberté de vivre sur cette terre dans un confort que, malgré tout, beaucoup nous envient…

Alors, en toute simplicité, par les temps qui courent et nous imposent constamment leurs litanies médiatiques anxiogènes, je vous invite à respirer profondément l’automne, à aiguiser vos sens afin de capter les ondes apaisantes qu’émettent sans compter les arbres et les campagnes de chez nous…

Sans doute n’est-ce pas la panacée, mais ça fait du bien tout de même !

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois d'octobre

Octobre, ce sont les soirées qui s’allongent, cette fraîcheur quelque peu inquiétante qui incite le terroir à se tricoter progressivement son pyjama d’hiver.

C’est le retour des fragrances boisées de feuilles fanées mêlées au fumet des premières bûches qui crépitent dans l’âtre familial.

Et pourtant, ce premier week-end d’automne avait un petit goût de printemps…

Le samedi, dès le matin, le souffle discret d’un vent d’ouest humecté de rosée portait jusqu’à nous le battement du tambour comme l’appel d’une Pentecôte. Après de longs mois de pénitence à vocation sanitaire, les pantalons blancs arpentaient avec dignité et ô combien d’enthousiasme les rues de Gerpinnes sous un soleil printanier.

A l’occasion de l’inauguration d’un bas-relief réalisé par un artisan rolendien, les Marcheurs du Centre, les drapeaux et délégations de l’Entité, la Confrérie Sainte-Rolende ont vécu le réveil des émotions emblématiques du folklore.

Le soir, les participants défilant vers le clocher du village étaient éblouis par le soleil aux confins de l’horizon du couchant. C’était vraiment comme à la Rentrée, comme au printemps d’une normalité tant attendue…

Le dimanche, dès potron-minet, les rues de Gougnies s’agitaient « comme avant », dans l’effervescence de l’ouverture de la brocante annuelle, elle aussi pénalisée par les événements d’une période dont tous, nous nous serions bien passés.

Les accotements de la route provinciale se voyaient à nouveau investis par un interminable chapelet de voitures s’étirant jusqu’à l’entrée du village et signifiant avec soulagement pour les organisateurs un succès retrouvé.

La fête du village, pourtant automnale, devenait la fête du « renouveau ». Comme un printemps surprise…

Sous le regard paternel de notre clocher, l’animation de la fête avait éclos à nouveau et les couleurs de la convivialité s’épanouissaient dans une ambiance particulière.

Sur le sol, une myriade d’objets hétéroclites offrait aux chineurs l’occasion d’une bien agréable et parfois surprenante balade. Là, une statue de sainte Thérèse se tenait religieusement aux côtés de Goldorak ; plus loin, un vieux livre cartonné proposait la vie d’Adolphe Hitler dans la même boîte qu’une série de magazines coquins des années 80 ; ici, un marchand de friandises probablement sponsorisé par l’union belge des dentistes étalait une débauche de sucreries multicolores attirant immanquablement le regard des bambins alléchés.

Et parmi ces « brocanteurs », les gens d’ici ou pas se croisaient, s’échangeaient des sourires bienveillants, se racontaient les dernières nouvelles dans une atmosphère parfumée à la saucisse grillée du comité et aux croustillons des forains…

Assis devant un bon verre de « Gougnies »,  j’observais tous ces gens et pensais très fort :

« Wouâw ! Comme ça fait du bien, c’est vraiment comme un printemps, on revit ! »

Et vous ?


Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de septembre

Quand on évoque la rentrée, on ne peut aujourd’hui occulter l’impact de la technologie sur l’éducation des enfants.

Evidemment, je suis d’une autre époque, mais cette avalanche d’arguments modernistes au niveau des équipements mis à la disposition des éducateurs et des parents me donne parfois le tournis…

Tout ce matériel irrémédiablement implanté dans notre quotidien s’immisce également et largement dans le milieu scolaire. Ordinateurs, tablettes, smartphones, toute la galerie informatique a pris place sur les sièges en PVC recyclé de l’école. Parmi les nombreux feuillets publicitaires qui envahissent nos boîtes aux lettres, j’ai même vu des « cartables connectés » et des « tableaux interactifs » !

Entre nous, ça sent quoi tous ces trucs ?

Encore une fois, je me répète, je suis d’une autre génération, une époque où les enfants ignoraient encore tout des PC et de la téléphonie mobile.

Mais c’est vrai quoi, ça sent quoi aujourd’hui une rentrée scolaire ? A part les gaz d’échappement des voitures qui, si elles le pouvaient, entreraient dans le couloir de l’école pour éviter aux têtes blondes de souiller leurs nouveaux baskets « Simpson » qui éructent à chaque pas…

Hé, les copains des années cinquante, vous vous souvenez des bonnes odeurs de la rentrée ?

Le cartable tout neuf, en cuir épais capable de supporter des années durant les nombreuses facéties de jeux de gamins, exhalait ce parfum naturel que l’on reconnaissait lorsqu’on allait avec maman chez l’artisan cordonnier du village. Bien à l’abri dans son unique compartiment, les accessoires du parfait écolier avaient chacun une odeur bien particulière : l’ardoise et sa touche, le plumier et ses crayons, le livre de lecture qui laissera à jamais le « lapin de Firmin » dans notre mémoire…

Et puis, il y avait la classe, au plafond interminable, avec ses bancs en bois vernis qui sentaient bon l’école du village, et le grand tableau qui expirait une haleine d’éponge mouillée lorsque l’instituteur lui avait rendu toute sa disponibilité.

Le plus capiteux de ces parfums était sans aucun doute celui du duplicateur à alcool que le maître d’école utilisait en période d’examens. Le maniement de cet ancêtre de la photocopieuse nous semblait parfois délicat et il valait mieux laisser le maître tranquille pendant ces moments-là !

Vous allez dire que cette rentrée me rend particulièrement nostalgique. Oui, peut-être, et je crois que « l’été » que l’on vient de passer y est pour quelque chose.

Mais avouez tout de même que nos rentrées ne manquaient pas de charme ! Et si vous en doutez encore, relisez Arthur Masson ou Marcel Pagnol, on y retrouve les parfums que je viens d’évoquer.

Mais si vous estimez que c’est vraiment trop « ringard », d’accord, je vais au tableau, je prends une craie blanche et, sur la pointe des pieds, j’écris mon nom dans le coin supérieur droit, là où l’instituteur notait les punitions.

Je copierai cent fois « je dois vivre avec mon temps » !

 

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois d'août

Le mois d’août évoque les moissons.

Les épis qui se sont dorés au soleil de juillet, taquinés par le vent d’été et délicatement fleuris de quelques coquelicots miraculeusement épargnés par les pulvérisateurs géants, sont traditionnellement récoltés dans la poussière de fétus séchés.

Cette année, la météo a voulu confirmer que les mauvais traitements infligés par l’activité humaine au climat de notre planète la mettaient de mauvaise humeur.

Alors la moisson que j’évoquerai dans ma petite chronique, c’est celle d’images interpellantes.

Ce sont les images de torrents d’eau emportant tout sur leur passage, les souvenirs d’un juillet semant désarroi et tristesse, infligeant à notre pays une blessure qui sera longue à cicatriser. La nature à décidément du mal à pardonner quand on ne la respecte pas et elle dispose de forces contre lesquelles nul ne peut lutter…

Beaucoup de gens aujourd’hui angoissent dès que le ciel se couvre et que les cumulonimbus nous toisent d’une inquiétante lourdeur.

La fête des moissons de ce mois d’août, pour peu qu’elle ait une saveur, laisse un goût amer.

Et pourtant…

Dans ce triste album d’images d’été, certaines semblent malgré tout empreintes d’optimisme. Les événements tragiques qui ont assombri la célébration estivale ont réveillé une notion humaine qui se faisait discrète : la solidarité. Celle-ci s’est manifestée sans vergogne et a pu, dans un marasme bien compréhensible, apporter un peu de réconfort aux victimes de ces terribles intempéries.

Oui, les éléments de la nature ont une force imparable, mais la solidarité en est une autre. Ce que l’une détruit, l’autre aide à le reconstruire. Cela pourrait constituer le thème positif de la fête de la moisson de ce mois d’août…

Et puis, juillet nous a tout de même gratifiés de quelques belles images qui agrémenteront longtemps notre moisson d’été…

N’était-ce pas émouvant de voir un maillot aux couleurs de notre pays vaincre le Mont Ventoux, s’octroyer le chrono le plus médiatisé de l’été et arpenter les Champs Elysées avec les bras levés vers le zénith de notre cyclisme national ?

Si ces quelques images disposées pêle-mêle dans un décor de solidarité ont pu apporter un peu de baume au coeur de ceux qui le méritent, la récolte ne sera pas totalement détruite…

 

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de juillet

21 juillet… popom popom…

Pour ceux qui la connaissent, c’est le moment de chanter la « Brabançonne ».

Ben quoi ? La Belgique, notre « chez nous », est un beau petit pays et, quoi qu’en disent certains, on y est drôlement bien !

Nous avons nos régions avec leurs richesses naturelles ou architecturales, notre savoir-faire, nos traditions et folklores, et puis cette savoureuse aptitude à l’art de faire la fête, d’apprécier les bonnes choses, les bons moments.

Du traditionnel moules-frites sur la « Vlaamse Kust » à la gourmande tarte au riz de Verviers, en passant par la fraîcheur conviviale d’une gueuze dans les « Marolles » et les délices roboratifs des célèbres charcuteries ardennaises (j’ajouterai « et gaumaises » pour éviter les ennuis diplomatiques), nous ne manquons décidément pas de bonnes raisons de nous imprégner de l’esprit « breughelien » qui anime notre bonhomie. 

De la Rodenbach du nord à l’Orval du Sud, un alléchant panel de couleurs moussantes ne faillit jamais dans l’art de titiller nos papilles gustatives. N’étant pas employé par « France Télévision », je m’abstiendrai d’ajouter « avec modération » !

Ah la bière belge ! Ces petites bulles d’amitié qui scintillent dans la gaieté dorée ou ambrée d’une véritable institution dotée du pouvoir de rassembler les gens du pays en une chaleureuse communion festive.

Et puis, notre mondialement connu chocolat national ! Chinois, Japonais et Américains sur la Grand-Place ont vite repéré la vitrine où les « Manneken pis » exposent leur zigounette en chocolat. Et pourtant, j’ignore dans quel état se trouve la friandise lorsqu’elle débarque à destination après de nombreuses heures d’avion…

Je profite de ce petit coup de coeur à l’égard des sympathiques richesses de mon pays pour évoquer une spécialité bien de chez nous qui, au départ, semble banale mais ne manque finalement pas d’intérêt. C’est une pousse de racine de chicorée Witloof…

Le chicon ! Une saveur nationale croquante et fraîche lorsqu’elle épouse l’oeuf dur dans le nid d’une salade maison, juteuse à souhait quand elle mijote dans le jus de cuisson d’un poulet de nos fermes ou d’un faisan de nos campagnes, traditionnelle et gourmande lorsqu’elle se blottit sensuellement dans un drap de jambon sous la couette d’une aventure gratinée…

Et si pour eux c’est une « endive », pour moi appartenant au plus brave des peuples de la Gaule, il gardera à jamais le très honorable titre de « chicon » !

Tiens, je réserverais bien un bon resto pour le 21 juillet… Et vous ?


Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de juin

C’était en 1942.

Fifres et tambours étaient emportés par le sinistre tourbillon de la guerre. Le folklore était captif de la folie des hommes. Le virus de l’envahisseur avait réduit au silence les plus précieuses vibrations du pays des Rolendiens. Triste Pentecôte ! Et pourtant…

Léon Gonthier, brave instituteur gerpinnois profondément attaché à ses racines, eut une idée magistrale qui allait marquer à jamais l’histoire de la région. Aidé de ses élèves, il confectionna avec les moyens dont il pouvait disposer quelques costumes et shakos en papier et bouts de tissus. Sous les yeux déconcertés de l’occupant pris au dépourvu par cette initiative, Monsieur Gonthier et ses élèves réveillaient dans les rues du village les braises du feu sacré.

D’une manière ou de l’autre, la Sainte-Rolende aurait lieu !

C’était en 2021.

Fifres et tambours étaient confinés par les drastiques mesures sanitaires. Le folklore était captif d’un autre envahisseur plus discret, certes, mais doté également de cette triste capacité de réduire le folklore au silence. Drôle de Pentecôte ! Et pourtant…

Corps d’office et responsables locaux se sont inspirés de Léon Gonthier pour que la sainte patronne des Rolendiens soit malgré tout honorée. Outre quelques petites manifestations organisées dans l’entité en respectant scrupuleusement les règles établies, les enfants allaient réitérer un fait d’histoire emblématique de nos Marches. Au nez et à la barbe de polypes de cette foutue petite boule, les Rolendiens en herbe réveillaient, comme les élèves en 1942, les braises du feu sacré dans les rues de nos villages.

D’une manière ou de l’autre, la Sainte-Rolende avait lieu !

Quand j’ai vu passer la petite Compagnie dans ma rue, j’ai eu les larmes aux yeux…

Que d’émotion ! Ces enfants en pantalon blanc et bonnet de police, bien alignés et encadrés de quelques adultes, marchant parfaitement au pas avec une dignité de bon augure pour l’avenir, étaient les ambassadeurs de milliers de Marcheurs, fidèles pèlerins de notre procession ancestrale. Par  leur façon de se tenir, leur fierté, leur sincérité, on sentait qu’ils comprenaient parfaitement l’importance de leur prestation au coeur de leur village. Eux aussi, ils sont entrés dans notre histoire. Dans de nombreuses générations, on parlera encore de leur rôle dans la perpétuation des traditions. Sans aucun doute, parmi ces enfants il y a de futurs officiers, les Marcheurs de demain qui veilleront avec ardeur qu’aucun trouble-fête n’ébranle les fondations de notre Sainte-Rolende.

Merci à tous les organisateurs, vous nous avez fait vibrer…

Oui, la Sainte-Rolende a eu lieu et bravo aux enfants !

 

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de mai

C’est vraiment une grande dame.

Dans un somptueux ballet, elle participe au grand spectacle du mois de mai. Parmi les délicates inflorescences de nos fruitiers, elle honore avec beaucoup d’élégance le grand buffet de printemps offert par les pistils édulcorés. Elle pose discrètement sa trompe nourricière dans la réserve de nectar et accomplit depuis des millénaires sa mission d’ouvrière. 

Mais l’instinct de l’abeille est doté d’une grande courtoisie.

Avec la bonne éducation qu’elle a reçue de dame Nature, elle ne manque pas de reconnaissance. Tout en butinant, elle se charge de pollen et pollinise les fleurs voisines. Une très subtile manière de remercier l’accueillant fruitier…

Le mois de mai serait-il emblématique du « merci » ?

Il est en tout cas manifestement empreint d’attention. Dès le premier jour, il dessine le sourire sincère d’un brin de muguet offert en toute simplicité.

A l’occasion de la fête des mères, il allume le plus joli « merci » dans les yeux humectés d’émotion d’une maman recevant le compliment de son enfant.

« Merci », un petit mot de cinq lettres seulement mais tellement riche, tellement puissant.

Là où le mot « éducation » paraît encore présent dans l’entête du parchemin familial, on dit aux enfants que c’est un mot magique.

C’est réellement précieux ! Dans une société médiatisée à outrance, ces petites civilités pourtant essentielles font triste mine.

J’ai été frappé bien malgré moi, au cours d’un acharnement publicitaire auquel nous sommes beaucoup trop confrontés sur le petit écran, par une scène illustrant bien le malaise dont souffre l’éducation actuelle.

Diffusé à une heure de grande écoute, le spot montre une fillette très occupée par ses activités ludiques qui reçoit de la part de sa maman une friandise moelleuse d’une marque évoquant une surprise. La mienne, de surprise, était de voir cet enfant carrément arracher de la main de sa mère la petite gâterie et l’engloutir avant de reprendre ses jeux. Pas un mot ! Pas le plus petit soupçon de merci ! C’est quoi « merci » ? Serait-ce « anti-commercial » ? Et bien entendu, on ne voit pas ce qu’est devenu le papier d’emballage… cela vaut peut-être mieux !

Et ce spot est loin d’être le seul exemple.

Chez nos amies les abeilles, la courtoisie est instinctive.

Chez nous, elle doit s’apprendre.

Et si le mois de mai était là pour nous le rappeler discrètement ?

« Merci » de m’avoir lu !

 

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois d'avril

L’artiste rolendien a déposé délicatement les couleurs d’avril sur sa palette afin de flatter au mieux la toile saisonnière de nos jardins.

Les nuances de bleus et violets s’accordent subtilement pour interpréter avec justesse la chorégraphie des muscaris, crocus et myosotis.

La joyeuse valse des couleurs tournoie dans le vent du printemps avec les étoiles du ballet des tulipes et des primevères au rythme des cloches de Pâques qui triboulent gaiement au clocher, comme le chantaient les vers de notre poète Robert.

Quand notre regard prend le temps de se poser sur les détails de cet écrin privilégié auquel certains adeptes asservis par le virtuel ne semblent plus prêter la moindre attention, il y trouve tout naturellement une source bénéfique de sérénité apaisante particulièrement précieuse en ces périodes difficiles.

Et pourtant, s’il est important de ne point en devenir totalement dépendant, la télécommunication peut, dans des situations telles que celles que nous connaissons hélas aujourd’hui, nous garder en contact avec ces traditions qui alimentent les racines de notre culture.

Bien sûr, ce n’est pas pareil ! Mais bon, quand on n’a pas le choix, il faut pouvoir s’adapter et ça, les gardiens fidèles de notre folklore y travaillent avec beaucoup de conviction.

A l’instar des couleurs du printemps qui colorent si joliment la fête de Pâques, le parfum du réveil du Marcheur nous parvient grâce aux effluves du couscous traditionnel que le corps d’office nous propose en version adaptée. Différemment, peut-être, mais assurément, ce n’est pas une foutue petite boule à polypes qui parviendra à faire pédaler des Rolendiens dans la semoule… Et quoi encore ? Elle n’emmerde déjà pas assez son monde comme ça ? Et en parlant de couscous, ce n’est pas l’imposante brochette d’experts qui peut affirmer le contraire ! Alors non, les gars, on ne va pas s’en priver de notre couscous de Pâques, il fait partie des prémices, c’est notre agneau pascal… Et, pour employer un terme cher aux experts, je constate une « flambée » de mon taux de salivation !

Et puis, grâce à la faculté qu’ont nos jeunes animateurs à manipuler les outils contemporains, nous pouvons vivre un cassage du verre « autrement ».

Je vais me répéter en disant que, bien sûr, ce n’est pas pareil, mais il faut admettre que l’an passé, cet événement que nous avons vécu dans les mêmes circonstances a tout de même réussi à convaincre pas mal de réticents.

Dans un contexte particulièrement déconcertant, j’ai personnellement ressenti une certaine émotion, la conviction profonde que, quoi qu’il arrive, le folklore continuera à vivre. Rien que pour ça, je dis merci à tous les acteurs de cette surprenante expérience.

En ce mois d’avril, qui résonne du tintement des cloches de Pâques et vibre des premiers coups des baguettes rolendiennes, je voulais manifester ma solidarité avec le corps d’office de notre belle Marche. Au-delà des soucis liés à cette saloperie de pandémie, je sais que les choses ne sont pas toujours faciles à gérer et que les routes d’aujourd’hui ne manquent pas de « nids-de-poules » dont on pourrait se passer !

Même si, à Pâques, c’est d’actualité…

 

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de mars

Il m’arrive de relire quelques bons mots d’Alphonse Allais…

Ce matin-là, ma muse avait revêtu sa tenue légère, elle était plutôt guillerette. Je parle de mon inspiration littéraire, bien sûr ! Elle attira mon attention sur cette amusante citation de l’auteur concernant les giboulées de mars : « Un grain peut en cacher un autre ! » Maître Capello eût ajouté : « Jeu de mot ! »

Je ne sais si le pétillant Alphonse avait quelque passion à l’égard des chemins de fer de son époque, mais cette allusion à la sécurité requise aux abords des voies nous informe quant à la récurrence de ce souci de prévention que l’on peut de nos jours encore observer dans le monde du rail.

Ce panneau existait sur les quais de notre petite gare du temps où la ligne 137 véhiculait encore des passagers venant de Châtelineau.

Dans les années 50, le trafic passagers fut transféré à la route et des autobus en assurèrent quotidiennement les liaisons.

Mais le transport des tranches de marbre pour Marmor et d’acier pour les Ateliers Marcelle persista jusqu’au début des années 60.

Et ça, pour nous, gamins du terroir, c’était un plaisir qu’aucun jeu virtuel traumatisant pour les pouces, les yeux et la sociabilité ne peut aujourd’hui égaler.

On pouvait entendre le sifflet de la locomotive (« ça, c’est le sifflet, chef ! ») quand le convoi quittait la gare d’Acoz. C’était alors la course effrénée de culottes courtes vers le pont enjambant la ligne juste avant la gare de Gougnies, là où les embranchements permettaient le déchargement du marbre ou du fer.

Nous attendions le train sur le pont, les coudes posés sur les garde-corps métalliques.

Chaque coup de sifflet amplifiait notre excitation. Lorsque le panache de suie et de vapeur se dégageant de la chaudière de la locomotive se trouvait juste en-dessous de nous, le jeu consistait à viser la cheminée avec de petits cailloux ramassés au préalable sur le chemin. Jeu de gamins… possible à l’époque. Aujourd’hui, avec le TGV, c’est plus difficile et cela finit souvent dans un centre de redressement pour jeunesse délinquante. Et puis, de toute façon, ça n’a plus de charme, il n’y a même pas de cheminée…

Les opérations de déchargement terminées, la locomotive allait effectuer un demi-tour aux aiguillages du passage à niveau, là où la grand-route dessinait un grand « S » à la sortie du village.

Nous avions le temps de nous précipiter sous le « pont noir », passage aménagé sous les voies pour les cariotîs et appelé comme ça tout simplement parce qu’il y faisait… tout noir !

Posées sur un tablier de pierres du pays, les plaques métalliques soutenant les traverses nous offraient, au passage du convoi, un concert assourdissant détrônant en décibels les concerts de « heavy metal » les plus « hard », prédateurs contemporains du marteau, de l’étrier, de l’enclume et du tympan…

Aujourd’hui, ces jeux de gamins paraissent sortir d’une autre époque.

Cela dit, au train où vont les choses, si on n’y prend gare, les petits plaisirs que les événements locaux motivent pourraient s’acheminer sur la voie de la désaffectation.

Oui, maître Capello, là je déraille…

 

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de février

Un début d’année mi-figue, mi-raisin…

La fin d’une année sombre, angoissante, une année qu’on aimerait tant oublier…

Mais aussi le retour de l’espoir avec, comme les perce-neige qui bientôt se réveilleront en  pointant le bout du nez par-dessus la couette d’hiver, les aiguilles salvatrices augurant, nous le souhaitons tous, l’épilogue du cauchemar.

Alors rêvons !

Rêvons au retour du soleil réchauffant les murs de pierres taillées par nos cariotîs et inondant nos campagnes de lumière.

Rêvons à nos promenades romantiques d’antan, main dans la main, ponctuées par un premier baiser timidement (oui, à l’époque c’était comme ça!) offert à l’indiscrétion coquine de ces endroits pittoresques complices de notre jeunesse.

Notre village jouit, sur la scène de nos souvenirs, d’un décor émotionnel particulièrement riche en couleurs et illustre nos histoires avec cette inexorable nostalgie qui croît avec le cortège des années.

Si souvent conté dans le récit de nos anecdotes parfois croustillantes, le pont Mariminson pourrait relater, en un épais recueil, de nombreux chapitres légers, certes, mais empreints de tendresse et d’humour.

Le glouglou permanent des méandres de la rivière inspirerait sans aucun doute le musicien choisi pour composer la musique originale des aventures amoureuses d’adolescents, enfants du pays sensibles aux charmes verdoyants de la Turbine.

Celui que nous appelions « le chemin des sources » nous invite à l’orée du Bois de Scu. Là, deux arbres symbolisent aujourd’hui l’union parfaite, la symbiose idyllique entre deux hêtres qui se sont juré fidélité. Cet endroit ne constitue-t-il pas l’écrin idéal pour une déclaration d’amour ? De plus, celle-ci aurait un témoin d’une valeur inestimable, la potale dédiée à sainte Rolende…

Tant d’autres sites dessinent avec finesse l’enluminure du manuscrit qui raconte notre village.

Peut-être les restrictions de voyages permettent-elles de redécouvrir la richesse de notre environnement ?

Sans doute. En tout cas, en ce mois de Saint-Valentin, les images de nos petites balades en amoureux évoquent dans ce décor la petite ballade des gens heureux…

 

Jean Marcelle

La petite Chronique du mois de janvier

Stephen King a écrit :

« Les rêves sont des poèmes écrits par le subconscient » 

J’ignore quelle mouche a piqué le mien en ce début d’année, mais je le trouve bien taquin ! Voulez-vous que je vous raconte mon rêve ? Bon, vous l’aurez voulu…

Vous n’ignorez certainement pas que la galette des rois est une très vieille tradition qui prend ses racines dans la période romaine. Elle permettait à l’époque d’affranchir un esclave désigné par le sort lors d’agapes dont les Romains étaient particulièrement friands.

Au Moyen Age, cette tradition s’est perpétuée et se traduisait, le jour de l’Epiphanie, par un repas au sein des logis les plus cossus. Au moment du dessert, la galette ancestrale était partagée et une part appelée « part des anges » était réservée au premier pauvre venu.

Cette portion de gâteau était désignée au hasard par un enfant caché sous la table.

Et bien dans mon rêve, j’étais cet enfant.

L’atmosphère (chère à Arletty) était à la fête autour de cette immense table en chêne massif devant l’âtre dans lequel flambaient gaiement les bûches du réconfort, bien précieuses en ce rude mois d’hiver.

Le maître de maison siégeait tel un souverain en bout de table et les convives festoyaient sans vergogne au son des vielles et flûtiaux du ménestrel.

Lorsque le dessert fut annoncé par une gente damoiselle, étant le plus jeune de l’assemblée, je me glissai sous la table, dans la pénombre ouatée où somnolait déjà le chien de la maison, et me tins prêt à désigner la part du pauvre.

Guêtres de cuir et de toile lacées, escarpins délicats me laissaient deviner quelque peu l’identité des convives.

Bercé par la musique du ménestrel et le crépitement chaleureux du foyer, je cédai à l’invitation du toutou serein et m’assoupis quelques secondes.

Mais saviez-vous que le fait de s’endormir dans un rêve permet de voyager dans le temps ?  Ah si Marty McFly avait su…

Je retrouvai très vite mes esprits au même endroit, dans les mêmes circonstances et la même position, mais cinq siècles plus tard ! En 1960, époque à laquelle une styliste anglaise, Mary Quant, popularise le port de la mini-jupe…

Bien, je vous raconterai la suite de mon rêve ce soir, quand les enfants seront dans les bras de Morphée !

Ben quoi ?  Un peu de légèreté ne fait finalement de mal à personne !

Et puis, en ce début de nouvelle année, vous ne pensez pas qu’on en a fichtrement besoin ?

 

Jean Marcelle

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