Les vieilles familles de Gougnies

L’histoire d’un village est aussi, avant tout peut-être, celle des familles.
Suivre l’apparition de certains patronymes, leur persistance, leur disparition ou leur déformation est, à ce titre, intéressant.

Nous disposons de cinq documents reprenant les noms d’habitants de Gougnies.

Par ordre chronologique, il s’agit de :
– un extrait d’un recensement en 1778. Voir également les notes démographiques de notre dossier sur l’histoire du village.
– la liste de 70 habitants du village ayant droit, en 1825, à l’affouage dans le bois communal
– un extrait, concernant les tenanciers d’estaminets, d’un recensement en 1900
– le premier registre du personnel des Ateliers Marcelle– une liste de fermiers de Gougnies en 1940.

Le recensement de 1778 nous fait faire connaissance avec huit patronymes qui sont encore contemporains : Marselle (avec un « s » cependant), Grégoire, Douillet, Remy, Gillain, Caramin et Hébrant.
On en retrouve la plupart dans la liste, bien plus fournie de 1825, bien que Douillet soit devenu Doulliet. A noter que le « i » retourne à sa place en 1900.

Un petit trésor récupéré de justesse ….

Mais d’abord quelques détails sur ce document de 1825. Il nous a été copié par M. Jacquy Thomas qui habite entre Gougnies et Villers et cette quinzaine de feuillets au respectable teint ocre dû aux années a bien failli devenir de la pâte à papier…
Au début des années 1970, M. Thomas qui dirigeait un mouvement de jeunesse à Trazegnies récoltait des vieux papiers pour en alimenter les caisses. Mais il fallait les trier soigneusement ; c’est ainsi que ce document lui est passé par les mains parmi des dizaines de kilos d’autres. Comme il savait à cette époque qu’il allait venir habiter rue de Gougnies (devenue celle de Châtelet) à Gerpinnes et que la mention « Gougnies » apparaît plusieurs fois sur la première page, les précieux papiers ont attitré sont attention et l’ont échappé belle…

Nous sommes donc en 1825 et, faut-il le rappeler, nous faisons partie du royaume des Pays-Bas comme il est indiqué en en-tête. Le document comporte quatorze pages dont neuf constituent le cahier des charges en matière d’adjudication des coupes. Cinq pages sont manuscrites et concernent plus spécialement l’affouage. Un article du règlement spécifie : « le surplus contenant quatre bonniers quatre vingt dix-huit perches sera distribué comme d’ordinaire en affouage entre les habitants y ayant droit, ci-après dénommés ».

L’affouage ne semblait pas constituer une aide réservée aux personnes nécessiteuses puisque sur les 70 bénéficiaires on relève huit personnes dont la profession est « propriétaire » ce qui, à l’époque, désignait quelqu’un vivant de rentes. Parmi ces nantis, on relève d’ailleurs le bourgmestre du moment, Jean-Joseph Piret. Outre sa signature, on trouve aussi celle de Charles Grégoire et d’un Doulliet, échevins tous deux, d’un JF ( ?) Cornet, d’un JB Hubaux ( ?) d’un JB Hébrant et d’un NJ Romain.

Les noms qui reviennent le plus souvent dans la liste des bénéficiaires sont Grégoire (6 fois) Doulliet (6) et Caramin (5). Quant aux professions, c’est certainement celle de forgeron qui l’emporte (16), suivie des journaliers (14) et des mouleurs en fer (8). Relevons encore deux tisserands : Marcelle Alexis et Hubaux vieux Jean-Baptiste ; un garde-champêtre : Braibant François et un voiturier : Grégoire Jean-Joseph.

Le 3e document nous fait faire un bond de 75 ans. Il s’agit selon l’ « Annuaire Mertens » (*) de la liste de la trentaine de tenanciers d’auberges et d’estaminets à Gougnies en 1900. Un débit de boissons pour 23 habitants puisqu’à l’époque Gougnies devait en compter environ 700 ! Mais il faut savoir qu’il s’agissait, le plus souvent, d’une arrière-boutique, voire d’une maison particulière où se trouvait simplement une « armoire à goutte » avec ses petits verres. Il semble aussi -et c’est aussi savoureux que le pékêt- qu’à cette époque où le suffrage était censitaire on ne pouvait donc voter qu’à partir d’un certain niveau d’impôts à moins de détenir un registre de commerce …que les candidats aux élections ne se gênaient pas pour offrir à leurs espérés électeurs ! On constatera aussi en parcourant la liste ci-après qu’il s’agissait aussi d’un revenu certainement apprécié par les veuves.

Absil, J., Berger J., Bouquiaux (Veuve J.B)., Crépin A., Daffe (Ve J.B.)., Daffe, E., Defrène M. et A., Demanet V., Deprez L., Douillet (enfants)., Gillain M., Gillain (Ve V.), Grégoire-Binon (Ve C.)., Grégoire (Ve C. et Ve P.)., Guyaux (Ve J.) et O., Hébrant A. et L., Henseval (Ve P.)., Houdet A. (fils)., Laffineur C., Lefèvre (Ve E.)., Marcelle (frs et srs)., Pavaux A., Philippe P., Poncelet (Ve J.B.)., Tayenne V., Thibaut (Ve A.) et J. Thiriaux (Ve P.), Thiry A., Tichon, Wauthelet A.

Venons-en maintenant aux Ateliers Marcelle :
Le premier registre du personnel s’ouvre sur Marcelle Léon, né le 31 mai 1839, entré dans l’entreprise le 2 décembre 1902. Viennent ensuite : Marcelle Augustin ( né en 1834, entré en 1903) ; François Jean-Baptiste (1847 – 1902) ; Tichon Clément (1884 – 1904) ; Bourbouse Jules (1890 – 1903) ; Douillet Augustin (1890 – 1903) ; Thibaut Théodore (1890 – 1904) ; Thibaut Victor (1892 – 1904) ; François Eudore (1878 – 1905).
Parmi les autres noms encore connus aujourd’hui à Gougnies : Remy Eudore (1893 – 1905) ; Colin Victor (1893 – 1905) ; Douillet Eugène (1893 – 1905) ; Huchon Adelin (1873 – 1907) ; Hébrant Oscar (1877 – 1907) ; Marcelle Emile (1847 – 1907) ; Toussaint Emile (1894 – 1908) ; Grégoire Paul (1870 – 1908) ; Disière René (1895 – 1908) ; William Ferdinand (1855 – 1909)
Le dernier document qui nous sert de fil d’Ariane dans ce petit survol des familles de Gougnies est presque tout récent : il a 66 ans. Son intérêt ne réside pas tant dans l’évocation des patronymes que dans la saisissante évolution qu’il révèle. En 1940 il y avait comme fermiers à Gougnies (et la liste n’est peut-être pas complète) les familles de : Verleye Bénoni, Willot Camille, Demanet Achille, Malvaux Joseph, André Désiré, Minet Armand, Wauthy frères et Poncelet Fernand. Huit fermes au moins. Aujourd’hui, une seule : celle de André François, petit-fils de Désiré.

Ce que vous venez de lire n’a pas la prétention d’être exhaustif. Peut-être détenez vous des informations complémentaires. Peut-être avez-vous à suggérer des pistes de recherches…
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Dossier réalisé par Benoit Gaspar et Willy Moreau
(*)Cité par R. Delooz dans « Les villages de Gerpinnes »