De 1947 à 1963

De la naissance de la Belgique à 1976, année de la fusion des communes, onze bourgmestres se sont succédé à Gougnies. Notre site ambitionne de vous les présenter tous au travers des problèmes qu’ils ont eu à résoudre durant leur mandat : travaux d’aménagements et de modernisation de la commune, gestion de l’école, résolution de conflits, mais aussi organisation de cérémonies, de réjouissances. Bref, tout ce qui compose la vie d’un village et de ses habitants.
Ce dossier vous donnera sans doute l’impression de dépouiller, avec nous, les procès-verbaux des réunions du Conseil communal.
Nous en avons retenu les principales préoccupations du moment mais aussi des anecdotes ou des chiffres révélateurs. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’augmentation d’une taxe on apprend que Gougnies comptait 794 habitants en 1960. Vous découvrirez aussi qu’au début des années ’50 le remplacement de l’horloge de l’église a coûté plus cher que le salaire annuel du garde champêtre.
La distribution d’eau semble avoir toujours été un gros souci à Gougnies et seuls les plus anciens d’entre nous se souviennent que jusqu’au milieu des années ’50, l’eau courante n’était « courante » que jusqu’aux pompes réparties dans le village.
En 1961 l’école communale comptait 31 élèves, classes gardiennes et primaires réunies. L’effectif fut jugé excessif pour le nombre de classes et on songea à dédoubler les gardiennes… les enseignantes actuelles vont se prendre à rêver d’une époque révolue.
Voici quelques-unes des informations, disparates, que vous découvrirez au fil de ce dossier que nous ouvrons avec la période de 1946 à 1962 et que nous complèterons, tant en amont qu’en aval, au fur et à mesure de nos découvertes.

Jules Burton (janvier 1947- décembre 1958)

Photo collection famille Nastavniy

son retour de captivité, Jules Burton reprit ses fonctions de comptable aux Ateliers Marcelle. Il y avait été engagé le 16 décembre 1922 alors qu’il n’était âgé que de 16 ans. Courageux, motivé, il avait suivi des cours du soir jusqu’à obtenir un diplôme de comptable.
Il s’est présenté sur la liste N° 1 (Intérêts communaux, proches du parti catholique) aux premières élections communales d’après guerre qui eurent lieu le 24 novembre 1946.
Bien lui en prit puisqu’il recueillit le plus de voix.
L’installation du nouveau Conseil eut lieu le 13 janvier 1947. Outre Jules Burton, François Hébrant, Gaston Gillain, et Aimé André avaient été élus sur cette liste, tandis que René Grégoire, Isaac Vaneukem et Albert Denis l’avaient été sur la liste 2 (parti socialiste).
Au moment de la prestation du serment : « je jure fidélité au Roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge », les trois conseillers socialistes ajoutent : « sous réserve de mes opinions républicaines ».
Maurice Stenuit est secrétaire communal.

Parmi les gros soucis que connut Jules Burton pendant son mayorat, il y eut sans conteste des dossiers importants comme l’état de la route entre Gougnies et le Bas-Sart qui, jusqu’au pont, faisait à l’époque partie de notre village, des travaux aux Hayettes, la réfection de l’église et le problème récurrent de l’adduction d’eau.

A noter qu’à cette époque Gougnies compte 735 habitants. Le budget communal est de 762.256,13 francs en boni de 3.427,27 francs.
Quelques chiffres encore: le traitement du garde champêtre Joseph Cuvelier est 45.393,60 francs annuels. Une inhumation coûte de 175 à 200 francs et un manœuvre gagne 12,5 de l’heure.

L’eau, si peu courante

La première décision importante concernant des travaux intervient en mai 1948 : les logements de l’instituteur et de l’institutrice, attenants à la Maison communale sont devenus pratiquement inhabitables en raison de l’humidité. Et, pour la première fois sous cette législature on parle d’améliorer le captage d’eau. En octobre un budget de 293.882,12 francs est alloué à cette fin. Les problèmes d’eau ne font que commencer.

Un autre dossier à rallonges est celui de « l’horloge publique » : comprenez celle de l’église.
En mars 1949, le Conseil estime qu’il convient de porter à 4 francs par jour le salaire de l’homme qui est chargé d’en remonter le mécanisme et qu’il faut installer une main courante et des madriers pour éviter qu’il ne tombe. Le brave homme n’aura pas longtemps bénéficié de son augmentation puisque deux mois plus tard l’horloge est définitivement hors d’usage. Il est décidé de la remplacer par une horloge électrique.

On demande des subsides pour la « réfection profonde » de la route Gougnies-Sart Eustache et on passe une convention avec les pompiers de Charleroi (téléphone : 20806) moyennant une cotisation de 5 francs annuels par habitant.

En novembre 1949 on reparle de l’horloge : on demandera à la députation permanente l’autorisation de passer commande à la firme Michiels de Malines pour une somme de 43.600 francs (presque le traitement annuel du champêtre ! mais on verra que lors de la commande finale de 37.500 francs + 20.000 francs, le salaire annuel du garde champêtre sera dépassé de 12.000 francs) mais on fera des économies par la décision de se contenter de « quelques brouettes de cailloux » pour réparer la route menant aux Longs Bonniers. En revanche, il faut prévoir 167.700, 80 francs de grosses réparations à l’église.

L’année suivante voici qu’on reparle encore de l’horloge : la firme Michiels exigeait un paiement anticipé et prévoyait des délais trop importants : elle perd donc le contrat au profit de la firme Achiel De Simpelaere de Geluwe, près de Wervik, qui a remis un devis de 37.500 francs.
A l’approche de la Pentecôte 1951 un subside de 3.000 francs est alloué à la compagnie de Gougnies à qui « il échoit de recevoir celle de Fromiée » et on prie un fermier du village de ne plus mettre son taureau en pâture celui-ci constituant un danger pour les personnes empruntant le sentier qui la longe.

Le 13 août 1951 Maurice Stenuit cède la plume de secrétaire communal à Emile Grenier

Emile Grenier à l’époque où il devint secrétaire communal de Gougnies.
(Photo coll Françoise Leroy-Grenier)

Et voici le dossier de l’eau qui revient : au devis de 295.856,99 francs pour l’amélioration du captage des sources près du Bois de Scu il faut déjà ajouter quelque 34.000 francs. Quant aux travaux à la route du Bas-Sart ils coûteront 1.464.336,5 francs et des subsides sont demandés à cet effet.

Plus modestement, à raison de 1,5 franc par habitant la commune va subsidier la bibliothèque libre établie au patronage et dont l’abbé Brison est le bibliothécaire, Mme Pirmez en étant la présidente.

Le mystère de l’horloge

En avril 1952 revoici l’horloge : profitant des échafaudages de l’entrepreneur qui travaille au clocher de l’église Achiel De Simpelaere est venu sur place et les nouvelles sont mauvaises : il y aura plus d’éléments à remplacer qu’il ne le pensait et il faut prévoir un supplément de 20.000 francs. La chose ne semble pas trop émouvoir le Conseil qui décide de passer commande et prévoit le paiement sur les crédits de l’année suivante.
Etrange: on ne parlera plus de cette horloge qui, pourtant, est bel et bien là aujourd’hui.

A la réunion suivante du Conseil communal, en mai 1952, il est constaté que les travaux à la captation d’eau n’ont pas donné de bons résultats. De plus, l’eau n’est potable qu’après ébullition. On va introduire une demande de subsides pour la création d’un pavillon de pompage électrique. Et comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, il faudra prévoir 83.524 francs pour des travaux supplémentaires à l’église.

En août, on reparle de l’eau : le conseiller Albert Denis fait remarquer qu’il faudrait aménager les étangs de la rue de Namur (actuellement rue de l’Etang Marcelle) et de la rue des Hayettes car ils dégagent des odeurs suite au déversement de déchets. La question, répond le bourgmestre, sera examinée quand la distribution d’eau existera dans toute la commune car, actuellement, les étangs servent de réservoir naturel en cas d’incendie.

Heureux enfants de l’école communale : le Conseil décide de leur offrir le transport et même l’entrée au Hall des Exposition de Charleroi où est donné le spectacle « Féerie de la glace ».
On approuve le budget 1953 (celui sur lequel il était question de payer l’horloge) en boni de 16.000 francs et… on crée une taxe sur les branchements à la distribution d’eau : 30 francs annuels par robinet. Nous sommes en décembre 1952 et l’eau n’a pas fini de faire parler d’elle.

Les élections communales ayant eu lieu le 12 octobre 52, le nouveau Conseil est installé le 16 janvier suivant. Elles ont été serrées au niveau des têtes de liste : du côté PSB 173 voix pour René Grégoire et autant pour Albert Denis contre, du bord IC-PSC, 180 pour Jules Burton et 180 également pour Aimé André. Ce dernier est installé 1er échevin et Fernand Looze, du même parti (172 voix) devient 2eme échevin. Du côté IC-PSC le Conseil est complété par Claude Lefebvre (21 voix) et chez les socialistes par Georges Massaux (57).

Les Gougnaciens sont généreux : en février 1953 une collecte a été organisée dans le village afin de récolter des fonds pour les sinistrés d’inondations en Flandre et en Hollande. Elle a rapporté 20.220 francs. La commune y ajoute 2, 5 francs par habitant, ce qui nous apprend qu’ils étaient au nombre de 727 au 31 décembre 1952.

En août l’instituteur Jules Thiry ayant obtenu un congé d’un an pour convenance personnelle est remplacé, à titre temporaire, par Jean-Claude Maquet.

Taxe sur les robinets

Il faut bien alimenter les caisses communales : à partir de janvier 1954 la taxe sur l’eau sera de 100 francs par an et par robinet, 30 francs par tête de bétail et 30 francs aussi pour les ménages non raccordés. On notera qu’il n’y avait pas de compteurs à l’époque.
On rétablit aussi une taxe sur les divertissements : 8,10% de la recette si l’entrée à la salle ne dépasse pas 5 francs et un forfait de 465 francs pour les bals occasionnels.
Taxes aussi sur le personnel : une servante coûtera 45 francs l’an à ses employeurs. Autant pour un chauffeur et en domestique sans livrée, mais s’il en porte une ce sera 90 francs…

Soucis du côté de l’église : les travaux adjugés en 1951 pour 167.700 francs subissent des retards suite aux intempéries…
Quant à la châtelaine, elle doit s’être fâchée avec quelqu’un de la commune ou de l’école car elle fait savoir qu’elle n’interviendra plus dans la distribution de friandises aux enfants de l’école à l’occasion de la saint Nicolas. Qu’à cela ne tienne, le Conseil communal du 17 janvier 1954 décide que, chaque année un crédit de 400 francs sera consacré à gâter les écoliers.

Le 16 juin de la même année décision de demander prix pour le renouvellement de l’installation électrique de l’église. Il s’agit peut-être de travaux indispensables avant l’installation de la fameuse horloge….

Le 18 octobre alors qu’après une série de conflits avec des entrepreneurs successifs, la réfection de la rue de Namur est enfin terminée, on constate que le nouveau revêtement incite les automobilistes à rouler trop vite. On placera des panneaux de limitation à 40 Km/h.

Réunion du Conseil le 14 mars 1955 autour d’une question d’importance. Si vous lisez : « Elle sera de forme agréable, de galbe, profil et contours parfaits et harmonieux » à quoi pensez-vous ? Une petite annonce de recrutement pour une future secrétaire du bourgmestre ? Que nenni et d’ailleurs Mme Burton aurait sans doute mis un veto….

Lisons la suite du texte : «elle aura une sonorité large, moelleuse et majestueuse. Les ornementations et inscriptions figureront sur la cloche sans augmentation de prix» vous aurez compris qu’il s’agit de Berthe qui va remplacer la cloche enlevée par les Allemands en 1943 et qui fut retrouvée fêlée, irrécupérable.

>1943: la cloche vient d’être descendue sur le parvis. Mme Dissy prend cette photo qui sera reproduite et vendue au profit de la Résistance. (Collections Jacques Monnoyer et Véronique Cabut.)
Il faut la refondre.
Le Conseil décide de solliciter le paiement de la facture par L’Etat à titre de dommage de guerre. L’accord du ministre concerné sera notifié trois ans plus tard. C’est la firme Michiels de Tournai qui a effectué la refonte pour 9.750 francs.

Le 24 octobre 1955 Jean-Claude Maquet est nommé à titre définitif, Jules Thiry ayant donné sa démission

En avril 1956, il y avait un téléphone public au café Carly près de l’église, mais, semble t-il pas de téléphone à la maison communale. On décide d’en installer un et de créer un registre dans lequel seront mentionnées non seulement toutes les communications données à partir de ce poste, mais aussi celles qui ont été reçues !

Avec le garde champêtre Albert Massinon, lors de la Prise au drapeau d’une Pentecôte vers 1955.
Photo coll. Jean-Marie Burton.

Le poste de garde champêtre n’est vraiment pas lucratif : de 29.000 francs annuels en début de carrière à 46.000 après 20 ans. Il est vrai que dans une commune de modestes dimensions comme Gougnies, ses prestations sont limitées à 4 ½ heures par jour. Albert Massinon n’arrive pas à nouer les deux bouts et est autorisé par le Conseil à prendre un emploi d’ouvrier dans le privé à titre accessoire.

Le 13 juillet 1956, M. Charles, l’architecte de la commune, expose au Conseil les projets de travaux

– rafraîchissement de la façade de la maison communale et de celle de l’instituteur : 421.721 francs ; pour les bâtiments de l’école : 663.678 francs
-aménagements et réfections rue des Hayettes et du Culot : 1.239.200 francs
-distribution d’eau : devis approximatif de 84.000 francs pour des chambres de visite et de 189.900 francs pour divers raccordements.

Pigeons et bonnes relations

Au cours de la même réunion, le Conseil s’émeut du sort des pigeons : « considérant que l’installation d’antennes pour les récepteurs de télévision tend à se généraliser et qu’elles nécessitent la pause de haubans et que ceux-ci sont de nature à contrarier le vol des pigeons et leur occasionner des blessures et de nature à provoquer des querelles entre voisins et qu’il s’avère nécessaire de prévenir les désordres, tout détenteur d’antenne devra placer des bouchons tous les 50 cm sur les haubans »

Le métier de garde champêtre réserve des surprises : Albert Massinon a été chargé de libérer les bovins de la commune de leurs varrons (un dangereux parasite) : ce travail lui a pris, en tout, 44 heures pour lesquelles il percevra une prime de 814 francs.

1er septembre 1956 : il y a, au moins, un mauvais payeur à Gougnies. Comme si le malheureux bourgmestre n’avait pas déjà assez de tracas avec l’eau, voici qu’un habitant refuse de s’acquitter de la taxe sur les robinets. Il est décidé de s’adresser à la justice pour récupérer 77 francs 50… ça aidera à payer les 315.385, 95 francs pour des travaux sur le réseau et les 32.020 francs pour les raccordements.

Gérer une commune comme Gougnies est une affaire de dévouement et non de cupidité : les indemnités du bourgmestre sont de 4.168 francs par an et celles des échevins de 568 francs, toujours par an.

Le 6 octobre 1956, le Conseil fixe le budget pour 1957. Il est de 1.232.886 francs en boni de 23.014 francs. Les postes les plus importants sont l’Enseignement (378.440 francs) et l’Assistance publique (91.529 francs).
Il s’agit ensuite de fixer le traitement du fossoyeur Jean-Baptiste Maginet : ces dix dernières années, il y eut en moyenne 14 décès annuels et le Conseil estime que creuser une tombe représente un travail estimé à 300 francs tandis que l’entretient du cimetière peut se faire en 9 journées à 200 francs. Au total on arrive à 6.000 francs l’an.

Enfin, on en revient à l’eau : la taxe passe à 180 francs par robinet et les fonctionnaires communaux seront habilités à aller vérifier dans les maisons si le nombre de robinets déclarés correspond à la réalité.

Le 29 mars 1957 un évènement : suite à la démission de Claude Lefevbre qui a déménagé,
Félicie Defrène, 69 ans, devient sans doute la première femme conseiller communal à Gougnies.

L’eau, encore et toujours…

L’inévitable eau ! Liste des travaux en cours :
– extension et remaniement du réseau
– construction d’un pavillon de pompage
– installation d’un matériel de pompage
– et comme, jusqu’ici, la consommation ne se payait que via la taxe au nombre de robinets et têtes de bétail, on en viendra à un système plus juste : installation de compteurs individuels. Mais, comme on le verra plus tard, les ennuis ne sont pas écartés pour autant…
-le Conseil choisit aussi d’utiliser des tuyaux en fonte et en plomb plutôt qu’en polyéthylène.

Novembre 1957 : le garde champêtre Albert Massinon démissionne car il est nommé à Carnières, commune sans doute plus importante où son salaire sera plus élevé.
Et comme les compteurs d’eau sont en passe d’être installés la commune demandera à la Députation permanente l’autorisation de recruter un nouveau garde champêtre qui, outre son mi-temps en cette fonction, soit aussi cantonnier – fontainier – indexier.

Le 12 juin 1958, le Conseil examine les doléances des habitants des rues de la Tourette et de Châtelet qui se plaignent du peu de débit de l’eau. Ces rues seront raccordées à l’hydrophore. On apprend également que les travaux d’extension du réseau sont terminés depuis le 19 octobre précédent.

Qui a enlevé son compteur?

Clochemerle à Gougnies : le 23 août 1958, le Conseil constate, alors que plusieurs habitants se font tirer l’oreille pour des retards dans le paiement des redevance pour la distribution d’eau, que deux d’entre eux ont carrément refusé la pose d’un compteur, pour les raisons que l’un « ne veut pas en entendre parler » et que l’autre ne veut pas se conformer aux prescriptions. S’ils n’acceptent pas le compteur on leur coupera l’eau. Mais il y a pire : l’échevin Fernand Looze expose au Conseil que chez Untel , quelques jours après le placement d’un compteur, celui-ci avait déjà été enlevé…
Prudence : les compteurs seront plombés…

La fête communale qui a lieu le 2eme dimanche d’octobre sera reportée au 3eme en raison des élections communales fixées au 12 octobre.
Le 15 décembre, suite au décès de Mme Defrène-Tayenne, Alexandre Beaurain est installé conseiller communal.

Le 19 janvier 1959, installation du nouveau Conseil, suite aux élections. Un nouveau venu y a réalisé un beau score de voix de préférence : Gérard Delfosse, 191 voix. Il sera nommé bourgmestre. Sur cette même liste IC, Berthe de Sauvage (l’épouse d’Albert Pirmez) et Gabrielle Gillain seront conseillers et Aimé André ainsi que Fernand Looze, échevins.

Du côté PS il n’y a plus que 2 conseillers: Georges Darville et Simon Disière.
Jules Burton n’a pas sollicité de nouveau mandat.
Cyr André qui avait créé sa propre liste n’a pas été élus.

Anecdotes

Deux anecdotes pour clore l’ « époque Burton ».
Le curé se plaignait de façon récurrente de l’état de l’église et ne se privait pas de le faire du haut de la chaire de vérité lors de ses prêches.
Un dimanche, il entame son couplet favori et tonne : « si on ne fait rien, le plafond finira par nous tomber sur la tête » à ce moment précis, patatras un gros morceau de plafonnage tombe du plafond du jubé et s’écrase au sol… effet garanti ! Collusion avec le Saint Esprit ? Pur hasard ou astucieux sabotage ? Les voies du Seigneur restent impénétrables sur le sujet.

Par ailleurs, Jules Burton était un pratiquant fervent. Un jour le voici « à confesse » et l’anecdote se situant sans doute à l’approche de Pâques, on fait la file devant le confessionnal. Quand vient son tour, il pénètre dans le cagibi, le prêtre le reconnaît : « ah ! Monsieur le bourgmestre, vous tombez bien : je voulais justement vous parler de…. » et l’a tenu ainsi à sa merci pendant une demi-heure. Inutile de dire que quand Jules Burton a enfin quitté le confessionnal ce fut sous le regard lourd des autres fidèles qui se demandaient bien quels abominables péchés avaient nécessité une si longue confession…

Gérard Delfosse (janvier 1959- janvier 1963)


Visite de Saint Nicolas à l’école en 1962. Avant plan de g à d : Philippe Mengeot (enfant de chœur), Bernard Mengeot (enfant de chœur), Saint Nicolas (Michel Caramin), Pierre Baudoux (enfant de chœur), Gérard Delfosse (mayeur).
2ème rang : Mme Coster (institutrice gardienne), Jules Lefevre (garde champêtre), Melle Caussin (institutrice école des filles), Melle Vassart (institutrice honoraire), Père fouettard (Yvonne Minet), le curé Brison, Aimé André (échevin de l’instruction), Emile Grenier (secrétaire communal), Jean-Claude Maquet (instituteur école des garçons)
Photo collection Martine Delporte

Désigné bourgmestre par arrêté royal du 14 janvier 1959, Gérard Delfosse, comptable à la société Marmor, fait voter en juillet, par le Conseil, le remboursement de ses frais téléphoniques. Comme il argue de l’étendue de la commune, on apprend donc à cette occasion qu’elle s’étend sur 467 hectares et qu’au recensement du 31 décembre 1958 elle comptait 772 habitants.

Conseil du 25 septembre 1959 : il n’y a plus de garde champêtre à Gougnies et un seul candidat pour ce poste. On fera un appel via la presse.
Les habitants de la rue des Hayettes seront invités à venir exposer leurs doléances quant au raccordement à l’égout.

Mme Pirmez qui n’a encore assisté qu’à la séance du Conseil au cours de laquelle elle fut installée conseillère, obtient que la commune lui cède une parcelle de terrain devant le bâtiment du « patronage » qu’elle a acquis. (NB : lors d’une séance ultérieure, il sera précisé par le bourgmestre que, vérification faite dans l’acte de vente, la demande de Mme Pirmez n’avait pas de raison d’être: elle est déjà propriétaire du terrain)
Il s’agissait de construire un escalier menant à la salle. Ces travaux ne semblent pas avoir été menés à bien… En revanche, manifestement satisfait par ceux opérés à la cure, l’abbé Brison invite les membres du Conseil à « une petite réception ».

Le 5 novembre, le Conseil décide de céder en affouage le bois bombardé en 1944 car les taillis sont devenus tellement épais qu’ils empêchent le reboisement. Des travaux, non spécifiés, seront menés dans le bois de Gougnies pour 14.700 francs et dans celui de Biesme appartenant à Gougnies pour 1.600 francs.

Un fauteuil pour deux

Conseil du 14 décembre 1959 : le compte rendu est un peu cocasse. On signale que Pierre Gillain et Georges Soumillon vont fêter leurs noces d’or. Sont-il « pacsés » ? Mariés avant que la loi n’autorise les noces entre personnes du même sexe ? Non, le secrétaire a seulement omis d’indiquer le nom des épouses respectives. Quoi qu’il en soit on leur offrira un fauteuil.

Il y a de nouveaux projets de travaux :
– un égouttage général pour 2.500.000 francs
– la réfection (encore !) du chemin de Bas-Sart : 500.000 francs
– idem pour la rue de la Gare : 1.210.000 francs
-et pour la rue des Hayettes « derrière le cimetière » qui ne portait donc pas encore le nom de rue du Bos-le-Comte : 483.000 francs.

Le 22 février 1960 le bourgmestre fait part au Conseil d’une lettre du ministre de l’Intérieur et du gouverneur octroyant à René Grégoire, ancien conseiller communal, la décoration civique de 1ere classe. La médaille n’est pas jointe aux lettres : la commune l’achètera…

Cérémonie de remise de la médaille civique de 1ere classe à René Grégoire.
A l’arrière plan de gauche à droite : Jean-Claude Maquet, Claire Dissy, Edmond Baulin, Georgette Bertrand, Nancy Grégoire, Monique Dissy, Serge Chtoukariov, Rosita Bertrand, Edgar Scieur, Francis Goffaux, Lucienne Douillet, André Goffaux, Fina Goffaux.
Deuxième plan de gauche à droite parmi les enfants : Claire Decruyper, Patrick Grégoire.
Ensuite : Simone Brosteau, Betty Bierleson, Léa Pouleur, Arthur Pouleur, Marcel Pouleur, Victor Grégoire.
Les 3 enfants : Claudine Schoonjans, René Grégoire, Viviane Schoonjans.
Photo coll. Freddy Grégoire.

Un forain offre 500 francs par fête pour louer un emplacement. Le Conseil accepte. La somme sera versée au bourgmestre ou au Comité des fêtes « s’il en existe un ».
Moins gai : la commune va solliciter l’engagement de deux « croque-morts » pour porter les cercueils de la mortuaire à l’église et de celle-ci au cimetière. En effet, dans plusieurs cas, il a fallu faire appel à de bonnes volontés…

La commune va vendre des terrains communaux à des particuliers s’ils s’engagent à y construire dans les deux ans une bâtisse d’au moins 290.000 francs. Priorité sera donnée aux Gougnaciens.
Au cours de cette même réunion du 25 mars 1960 on met en place les modalités des cérémonies de « la rentrée de la cloche » que le bourgmestre ainsi que MM. Caussin et Gérard, membres de la Fabrique d’église sont allés réceptionner à Tournai. Un comité est formé, présidé par Gérard Delfosse pour organiser une fête le dimanche 10 avril avec la participation des marcheurs. Les habitants seront invités à pavoiser et une tribune sera installée devant la maison communale. Y prendront place les autorités civiles et religieuses afin que Berthe puisse être remise officiellement à ces dernières.

Coll.Gaspar
Les travaux de 1948 et 1956 à la maison de l’instituteur n’ont pas dû être fort efficaces. Depuis l’élaboration d’un nouveau projet des réparations, en 1958 pour 569.047,30 francs, une partie de la façade s’est effondrée du côté de la maison de l’institutrice qui, elle-même se fendille (la maison, pas l’institutrice…). En outre, la cheminée est tombée dans la corniche.

Réunion du 6 avril 1960. Mme Pirmez y participe. Il s’agit d’élire le nouveau garde champêtre: ce sera Jules Lefèvre, choisi parmi quatre candidats. Il sera, comme prévu, garde champêtre auxiliaire-cantonnier-fontainier-indexier.
Selon un barème sans doute fixé par la Province, il sera payé 34.075 francs comme garde champêtre, 14.000 francs comme cantonnier-fontainier et 300 francs en tant qu’indexier. Le tout annuellement.
Par ailleurs, étant donné l’étendue de la commune qui s’étend du Bas-Sart aux Longs Bonniers, on lui accorde une indemnité annuelle de 800 francs pour l’entretient de son vélo.

Jules Lefèvre dans ses fonctions de garde champêtre (Photo coll. Christian Hébrant) et de président d’honneur du cercle cycliste fondé par Freddy Grégoire (coll. Freddy Grégoire)

Les comptes 1959 sont approuvés le 20 mai 1960. La commune est toujours en bonne santé puisqu’ils se soldent par un boni de 455.874 francs.

La commune ne jette pas pour autant l’argent par les fenêtres : le Conseil examine la demande de subsides introduite par Robert Bauffe, président du cercle de balle-pelote.
Il argue du fait que le bourgmestre précédent en accordait. Des recherches ont été faites qui ne font apparaître rien de tel. Bien essayé Robert, mais la demande est rejetée ! On verra que ce n’est que partie remise.

Lors de la réunion du 24 juin 1960, la firme Schréder emporte la soumission pour la pose de 93 lampadaires à vapeur de mercure pour 240.533 francs.

En 1959, au prix de 10 francs le mètre cube, la consommation d’eau a rapporté 81.710 francs à la commune, mais comme il a fallu faire des travaux aux canalisations pour 144.376 francs, le mètre cube passera à 15 francs, ainsi en décide le Conseil du 12 décembre 1960 au cours duquel nous apprenons qu’il n’y eut pas de garde champêtre à Gougnies pendant quatre ans et neuf mois : le secrétaire communal obtient une indemnité pour le surcroît de travail que cette carence lui a occasionné.

Il manque un porteur de cercueils

L’emploi de porteur de cercueils n’enthousiasme pas : alors qu’il en fallait deux, le Conseil du 20 février 1961 en est réduit à élire le seul candidat. Il s’agit d’Arthur Wuyame qui recevra 50 francs par prestation.

L’école de Gougnies a déjà bonne réputation. Elle compte en moyenne 31 élèves, surtout en gardienne. Le Conseil du 8 mars 1961 envisage donc l’ouverture d’une classe supplémentaire, mais on manque de bâtiments. Demande sera faite à Mme Pirmez de louer le patronage.

Les déversements d’immondices se faisaient dans les terrains vagues longeant le bois communal. Mais ils sont actuellement comblés et on a commencé à remplir les carrières inexploitées dans ce bois (NB : il doit s’agir des excavations d’où on tirait les pierres ferrugineuses). Il faudra cependant demander l’autorisation des Eaux et Forêts.
Ce même Conseil du 19 mai 1961 décide que les chablis des années 1959 et 1960 s’étant mal vendus, on les fera abattre pour les besoins en chauffage de l’école et de la maison communale.

Suite sans doute à une demande d’achat d’une parcelle sur le terrain de l’Ermitage, se pose la question : qui en est le légitime propriétaire ?
Le bourgmestre a fait des recherches : en 1702 l’empereur Joseph II a promulgué un décret supprimant tous les Ermitages, mais la destination des biens n’est pas spécifiée. La question sera posée au gouvernement provincial (la réponse viendra un an plus tard…)

Des travaux seront menés dans le 3eme tronçon de la rue des Hayettes (actuellement du Bos-le-Comte) car à chaque pluie violente le N° 30 (actuellement N° 2) est inondé et, par ailleurs, le chemin N° 15 qui mène aux sources et à Fromiée comporte des trous de 60 à 70 cm. Les fermiers se plaignent ainsi que les pèlerins du Tour sainte Rolende. Les travaux sont décidés dans les deux cas.

Le Tour de France passera par Gougnies le 28 juin : interdiction de stationner entre 8h30 et 12 h sur la grand route et interdiction d’y circuler de 10 à 11 h. C’est une décision prise lors du Conseil du 19 mai.

Cette réunion dut être assez tendue. On constate d’ailleurs que, contrairement à ce qui se passait durant le mayorat précédent, les décisions se prennent généralement majorité (IC de tendance catholique) contre opposition (socialiste).

Café boycotté

Ce jour-là donc, Georges Darville (socialiste) s’étonne qu’à la Pentecôte la Marche ne passe pas dans tous les cafés de la commune. Il ne cite pas le nom de l’établissement boycotté, mais la précision viendra d’Aimé André (catholique) : effectivement, admet-il, « le Comité de la marche a décidé de ne plus passer chez Malvaux. » Il faut savoir que Roger Malvaux dont le cabaret était rue de la Tourette était réputé pour son caractère, disons, bien trempé mais surtout pour être un bouillant socialiste.
Aimé André poursuivit en expliquant que cette mesure ne concernait que les membres du Comité et que les soldats étaient libres d’aller où ils voulaient. Il faut bien dire que cette explication n’avait rien pour convaincre le conseiller socialiste : Aimé André qui est sergent-sapeur est bien placé pour savoir que quand une compagnie entre dans un café, offrant ainsi au patron une centaine de clients d’un seul coup, elle y est menée par ses officiers… sergent-sapeur en tête !
Le bourgmestre tente d’esquiver en affirmant que cette affaire ne concerne pas d’administration communale.
Bien sûr que si, rétorque l’interpellant : la Marche reçoit des subsides de la commune donc tous les habitants sont concernés.
Nouvelle tentative du bourgmestre d’éluder le problème.
Pudiquement le secrétaire communal note : « un échange de vues a lieu et la séance est levée ».

La réunion du 31 août 1961 commence par l’éloge funèbre de Mme Pirmez, décédée le 13.
Le bourgmestre prononce des mots sobres et propose aux conseillers de méditer le fait que dans une vie de labeur le temps qu’on peut consacrer au bien de ses concitoyens est relativement court. A nous de l’utiliser judicieusement conclut-il.

Mme Pirmez, née Berthe de Sauvage. Coll Jacques Monnoyer
Gougnies la coquette : Michel Caramin est désigné pour entretenir les plantations autour du monument aux morts et de la station de pompage.

Madeleine Vassart, institutrice primaire des filles depuis 33 ans, a atteint l’âge de 65 ans et a remis sa démission. Manifestement pas perturbée par les travaux qu’il a fallu y faire, elle demande de conserver son logement. Un appel est lancé pour son remplacement. La seule candidate valable, Madeleine Caussin sera nommée lors de la séance suivante, le 20 septembre.

Lors de cette réunion à l’occasion de travaux forestiers, on apprend l’appellation des lieux-dits concernés : à Biesme il s’agit de « Tasnière » et à Gougnies de « Coumagne-Taille à foin » et de « Taille Demanet »

Le 24 janvier 1962, le Conseil adopte la requête suivante qui sera transmise au ministre de l’Intérieur.
« Considérant que l’administration communale de Gougnies désire se voir reconnaître des armoiries propre.
Considérant que des recherches et documents compulsés les derniers seigneurs étaient les LE SIRE ou DE SIRE dont les armoiries portaient « d’or à une hure de sanglier au naturel » le Conseil à l’unanimité des membres présents décide d’émettre le vœu de voir reconnaître les armes des derniers seigneurs et demande que soient pris les arrêtés d’usage»

C’est aussi au cours de cette séance, à l’occasion de la fixation d’une taxe que l’on apprend qu’au 31 décembre 1960 la commune comptait 794 habitants.

Nettoyage obligatoire

Gougnies la propre. L’arrêté suivant est pris lors de la réunion du 1 juin 1962 :
Article 1 : le nettoyage des filets d’eau doit s’effectuer le samedi de chaque semaine.
Article 2 : il doit être terminé pour midi
Article 3 : les riverains doivent mettre en état de propreté les filets en face de leur propriété
Article 4 : il faut nettoyer jusqu’à la limite du voisin, lequel continue
Article 5 : chaque riverain doit ramasser les dépôts amoncelés sur la longueur qu’il nettoie
Article 6 : le présent règlement entre en vigueur à partir du 15 juin 1962
Article 7 : les infractions seront passibles de peines de police

Lors de la réunion du 1er juin 1962 Le Conseil prend connaissance de la réponse du gouverneur quant à la propriété des terrains de l’Ermitage. On peut se demander si Emile Cornez n’avait pas « Pilate » parmi ses prénoms. En substance il écrit ceci : la commune pourrait disposer de ces terrains comme de son bien propre, mais en cas de conflit le problème ne pourrait être résolu que par les tribunaux.
Au cours de la même séance, le garde champêtre est désigné comme agent recenseur. Un subtil calcul fixe son indemnité : il peut recenser 4 personnes à l’heure or il y a 786 habitants à Gougnies, ce qui représente 197 heures de travail à 35,98 francs, soit 7.088 francs qui viendront s’ajouter à son traitement annuel de 75.561 francs.

Robert Bauffe ne se laissait pas facilement décourager : le Conseil du 24 octobre 1962 prend connaissance de sa nouvelle demande de subsides pour la balle-pelote. Sa requête est repoussée à la séance qui déterminera le budget 1963.

Pauvre maison communale. Sa réparation ainsi que celle de la maison de l’instituteur ont été décidées le 13 juillet 1956. L’adjudication n’a été approuvée que 5 ans plus tard, jour pour jour. L’ordre de commencer les travaux a été donné à l’entrepreneur le 1er décembre 1961 et dix mois plus tard ils n’ont pas encore été entamés. On lancera une nouvelle adjudication.

L’obstination est payante : le cercle de balle-pelote aura son subside mais son montant dépend du fait qu’il y ait ou non un comité de la Jeunesse pour organiser les fêtes communales.
S’il en existe un ce comité recevra 2.000 francs tandis que l’organisateur de la fête de la gare recevra 500 francs, la Marche 1.500 francs et le jeu de balle 500 francs. Mais s’il n’y a pas de fête communale, celle de la gare restera dotée de 500 francs tandis que la Marche recevra 3000 francs et le jeu de balle 1.000 francs.
A l’ordinaire le budget de 1.786.826 francs est en boni de 4.156 francs. On vote cependant de nouvelles taxes contre l’avis des deux conseillers socialistes. Quant à l’architecte de la commune qui avait établi un projet d’agrandissement du cimetière pour 1.290.000 francs, il est prié de revoir sa copie de façon à ramener le coût à 400.000 francs.

Le Conseil du 3 janvier 1963 sera le dernier présidé par Gérard Delfosse qui fait part de sa démission pour raisons personnelles. Son départ à l’étranger est fixé… le lendemain !
Il remercie les conseillers pour le travail accompli et demande que l’on suive, si possible sa politique vis-à-vis des écoles afin que les enfants puissent bénéficier d’une bonne formation dans des locaux agréables. Les conseillers le remercient et Georges Darville lui souhaite bonne chance.
Aimé André lui succèdera.

Ben

(à suivre)

L’instituteur Jean-Claude Maquet, le bourgmestre Gérard Delfosse,
Mlle Vassart et Mme Coster institutrices.
Collection Madame Coster

Voir aussi dans cette série période 1910 – 1939 (I)

la période 1939-1946

ainsi que les dossiers
Heures de guerre (1)
Heures de guerre (2)
Heures de guerre (3) et
Heures de guerre (4)