De 1910 à 1939 (4ème partie)

Le 10 septembre 1930 Arthur Berny a repris sa belle plume ; c’est un régal de lire sa calligraphie après l’écriture quelque peu, disons, fatigante de Maurice Sténuit. Mais ce n’est pas le moment de critiquer le pauvre homme qui vient d’être blessé, ce qui explique la nomination de M. Berny, déjà secrétaire communal à Villers, comme secrétaire ff. à Gougnies. Ce dernier a une particularité : le soin qu’il donne à sa calligraphie, allant même jusqu’à changer l’inclinaison de ses lettres pour différencier le sujet d’un débat, ne le ralentit nullement puisqu’il présente son compte rendu à l’approbation des Conseillers dès la fin de la séance !

Un exemple de la calligraphie du secrétaire Arthur Berny 

Electricité : ennuis techniques, manque de rentabilité ? Depuis 1924, Albert Pirmez, le propriétaire de la « turbine » , ne renouvelle plus que de trois mois en trois mois le contrat d’exclusivité de fourniture qui le lie à la commune depuis 1914.
Ce n’est pas la première fois que l’on en débat, mais cette fois il y a urgence : il faut aller voir ailleurs et procéder à une adjudication. En vue de celle-ci, le bourgmestre est chargé d’établir un cahier des charges avec l’aide de Jean Fichter qui est ingénieur chez Marmor. On peut donc en déduire qu’il n’y avait pas, pour la question de la fourniture électrique, de conflit entre le Conseil et le bourgmestre.

La coupe de taillis « taille à l’argile » du Bois de Gougnies, d’une contenance de 3 Ha 68 Ca sera distribuée en affouage aux habitants

Pas d’organisation sans comité : celui du Centenaire sera composé de :
– Albert Pirmez, président d’honneur
– Jules Marcelle, président
– Léon Wiart, vice-président.
Une réunion aura lieu dès le lendemain soir avec la population pour prendre les arrangements voulus. La fête aura lieu les 4, 5 et 6 octobre.

Voir notre dossier consacré aux festivités du Centenaire à Gougnies

Séance du 21 novembre 1930. En ce qui concerne l’électricité, le cahier des charges demandé à la réunion précédente a été établi et approuvé. Le Conseil se réjouit donc (trop tôt) de passer à la mise en adjudication pour pourvoir clôturer le dossier.
Autre sujet : le vitrail ouest de l’église est à réparer. Le bourgmestre se mettra en rapport avec M. Compart de Bruxelles qui s’est proposé pour la réparation.

Voir notre dossier « De verre et de lumière »

Les finances de la commune se portent encore bien : le 20 décembre 1930, approbation de la vente de bois sur le territoire de Gougnies pour 44.783 francs 30 centimes et sur celui de Biesme pour 6.095 francs.
S’il y avait des enfants débiles à Gougnies ils seraient confiés au « Home des enfants du Hainaut ».

La saga de l’électricité
Aïe, aïe, les choses semblent moins claires qu’il n’y paraissait pour l’électricité : comme la Centrale d’Auvelais a été la seule à soumissionner, l’adjudication est ajournée et le bourgmestre, qui accepte de prolonger la fourniture jusqu’au 31 janvier (il ignore à ce moment que ce n’est pas, loin de là, le dernier délai qu’il accorde) prendra contact avec la centrale.

Election des membres de la Commission d’assistance publique : Ernest Soumillon, Léon Mengeot, Augustin Lefèvre, Pierre Gillain et Calixte Delferrière sont membres effectifs tandis que Jules Wauthy, Léon Massaux, Jules Henseval, Hector Defresne et René Grégoire, sont suppléants.

La séance du 30 janvier 1931 s’ouvre par un hommage du bourgmestre au Conseiller Léon Hébrant décédé. Il est remplacé par Oscar Tayenne.

Le Conseil est désormais composé d’Albert Pirmez, (bourgmestre) Isaac Hébrant (1er échevin) Ernest Soumillon (2d échevin) Léon Wiart, Jules Thibaut, Jules Marcelle et Oscar Tayenne, Conseillers.

La situation économique a évolué depuis un an : il y a désormais des chômeurs à Gougnies et le 30 janvier 1931, la commune s’est affiliée au Fonds de crise et à la Caisse intercommunale de chômage à Charleroi.

Par ailleurs, une pétition sera adressée au gouverneur pour qu’il rappelle à la Ville de Châtelet le respect de ses obligations en ce qui concerne l’entretien , sur 1 Km, de la route entre Villers et Châtelet empruntée par de nombreux gougnaciens à vélo et qui comporte de nombreux trous.

Albert Pirmez prolonge jusqu’au 28 février « dernier délai » la fourniture d’électricité.

La santé de Maurice Sténuit s’est améliorée : le 21 mars il a donc repris le stylo plume. Adieu la calligraphie…
Son traitement va être revu, ce qui nous apprend qu’au recensement décennal de 1920 la commune comptait 687 habitants.

Il n’y a toujours qu’une seule soumission pour la fourniture d’électricité, celle de la SA Centrale électrique d’Entre Sambre-et Meuse à Auvelais, mais la commune espère une économie de 6 à 8 % par rapport au coût actuel. Albert Pirmez prolonge encore de deux mois son contrat de fourniture.
Un nouveau recensement décennal est prévu : la commune multipliera par 2 ½ (avec un maximum de 450 francs) la somme allouée aux recenseurs par l’Etat.

Le budget pour 1931 est approuvé : 204.974,94 francs en recettes pour un boni de 2.804,19 francs.

Les chasseurs sont autorisés à construire un abri en bois au lieu-dit « Les Coumagnes », mais il restera la propriété de la commune.

Un homme patient
Le 12 juin 1931, Albert Pirmez démontre qu’il est un homme patient : comme il y a un problème avec la centrale d’Auvelais, il faut établir un nouveau cahier des charges qui puisse, cette fois, être approuvé. Le bourgmestre prolonge jusqu’au 30 septembre son contrat de fourniture.

Le transport public a la cote et doit être rentable puisqu’au Conseil du 15 juillet il est annoncé que MM Igot, de Denée et Bert, de Mettet proposent la création d’un service public et régulier d’autobus entre Denée et Charleroi, avec arrêt à Gougnies. Au Conseil suivant, quatre autres demandes ont été introduites par des concurrents pour des lignes entre Denée et Charleroi, Denée – Châtelet et Châtelet – Mettet.
Ce jour-là également quatre cultivateurs, Gérard Wauthy, Achille Demanet, Armand Minet et Emile Toussaint sont désignés pour assister le garde champêtre dans le recensement « des étendues récoltées en certaines céréales » comme le prescrit un arrêté royal. Cette mesure est sans doute à mettre en rapport avec la crise qui s’installe.

Le 28 septembre 1931, à deux jours donc de l’expiration du nouveau délai fixé par le propriétaire de la « turbine », celui-ci accorde une nouvelle « rallonge » jusqu’au 31 décembre (NB : ce n’est pas la dernière…)
Le budget pour 1932 est approuvé : 189.460,44 francs en boni de 868,09 francs. (NB : on se serre la ceinture : le budget de l’année précédente était supérieur de quelque 15.000 francs)
Mauvaise nouvelle : le ministre des Sciences et des Arts réclame 21.855,96 francs à la commune à titre d’arriérés de pensions aux instituteurs de 1920 à 1930. Le Conseil décide de surseoir et d’interroger d’autres communes afin de voir si elles ont obtenu des facilités de paiement. On va voir que cette affaire va empoisonner la vie communale longtemps encore…

Nous sommes le 12 décembre 1931 et Albert Pirmez prolonge son contrat jusqu’au 28 février. On peut en déduire que 1932 n’était pas une année bissextile…
Et, ouf! La nouvelle soumission de la centrale d’Auvelais est approuvée.

« Bien que le risque de fraude soit pratiquement inexistant » estiment les Conseillers lors de la séance du 20 janvier 1932, la commune, conformément à la circulaire du gouverneur exercera un contrôle des chômeurs. En revanche, elle n’accordera aucune majoration d’allocations à ceux-ci au-delà de la somme de 3 francs par habitant et par an et le « délai statutaire » (c’est-à-dire un stage d’attente durant lequel on ne perçoit rien) reste fixé à 60 jours.
Le garde champêtre exercera le contrôle deux fois par jour et, pour ce faire, percevra 50 centimes par jour.

Coup de massue lors de la réunion du 29 mars 1932 : le commissaire d’arrondissement refuse d’approuver le budget de l’année et ordonne d’y inscrire 27.046,36 francs réclamés par l’Etat. (NB : on constatera que la somme a augmenté depuis le mois de septembre…)
Impossible de s’y conformer sans recette nouvelle : on vendra la maison du garde champêtre, d’autant que celui-ci va être pensionné et que le bâtiment a une valeur équivalente aux sommes réclamées.

Toute subvention aux sociétés mutuellistes sera supprimée.

Le 25 mai 1932, atteint cette fois par la limite d’âge, le garde champêtre Jules Duchène a remis sa démission. Sur fonds communaux on lui alloue 4.000 francs annuels. Il restera en fonctions jusqu’à ce qu’on lui ait trouvé un successeur.

Au cours de la séance du 21 juillet 1932, il est décidé que, par roulement, les chômeurs seront affectés à des travaux de voirie.
Par ailleurs un procès sera intenté à Omer Castiaux, de Trazegnies qui a refusé le bois dont il était adjudicataire, sous prétexte qu’on le lui avait signalé trop tard.

Selon les règles, deux candidats à la succession de Jules Duchène sont désignés lors de la réunion du 1er août.
Il s’agit de Joseph Elisée Cuvelier, 40 ans et de Camille Degueldre, 29 ans. L’élu paiera 75 francs par mois de loyer en attendant que la maison soit vendue.

Le 23 septembre, le gouverneur a communiqué que Joseph Cuvelier est le nouveau garde champêtre et à l’occasion de la fixation de son traitement (5.250 francs annuels) on rappelle qu’au dernier recensement décennal Gougnies comptait 720 habitants.

Des élections ayant eu lieu le 9 octobre, le Conseil du 9 janvier 1933 officialise sa composition. Ont été élus sur la liste N°1 : Isaac Hébrant (1er échevin), Albert Pirmez (bourgmestre), Ernest Soumillon (2eme échevin) Léon Wiart et Oscar Tayenne, Conseillers. Sur la liste N°2 : René Grégoire et Calixte Delferrière.

Les premiers de chaque liste: d'une part Isaac Hébrant, dit "le vieux fiston", élu la première fois en 1892, honoré en 1939 pour son dévouement à l'égard de la commune. (Photo Collection Michel Caramin). De l'autre René Grégoire qui allait être désigné bourgmestre par l'Assemblée générale des habitants le 29 mai 1940. Il est photographié ici dans les années 1960.(coll. Freddy Grégoire).  

Le loyer de la maison du garde champêtre est fixé à 225 francs par trimestre majorés de 142,50 francs par trimestre « les six premières années » (tiens : aurait-on renoncé à la vendre ?)

Par ailleurs, la situation économique ne s’améliorant pas, l’allocation aux chômeurs est portée à 6 francs par habitant et par an, mais le délai d’attente est porté de 60 à 120 jours…

Mars 1933, Gougnies reçoit la crise en plein front : il n’y a plus que 4.000 francs dans les caisses. Le Conseil du 17 mars décide de vendre deux parcelles du territoire communal, mais le revenu sera insuffisant pour les besoins de trésorerie. En outre, une vente de bois n’a pu être approuvée car trop inférieure à l’estimation. De plus la commune ignore quand elle touchera la part d’impôts d’Etat qui lui revient… Bref, la faillite pure et simple menace et le Conseil demande à la Députation permanente l’autorisation d’utiliser les 12.381,33 francs qu’elle a bloqués comme réserve sur un compte d’épargne à la CGER. Sinon, il n’y aura plus d’argent pour les indemnités des chômeurs.
Et décidément la commune a des rapports difficiles avec ses instituteurs : après l’affaire Joachim, voici qu’elle est confrontée à son successeur Joseph Dausimon qui réclame la gratuité de l’eau dans son logement.
Malgré les difficultés financières, la commune offrira un fauteuil aux époux Edmond Grégoire – Marie Guyaux mariés depuis le 8 janvier 1876.
Les Conseillers n’ont pas précisé lequel des deux jubilaires l’occuperait…

Attroupements interdits
Le 22 mai, le Conseil approuve un arrêté pris dans l’urgence, le 24 mars, par le bourgmestre relatif aux attroupements, cortèges et manifestations. (NB : gageons que c’est pour les interdire, la colère doit gronder dans le monde ouvrier)

Une dizaine d’années auparavant, au moment de l’opulence, la commune avait dédaigneusement refusé une somme de 8.579,72 francs au titre de dommages de guerre, estimant que c’était insuffisant. Aujourd’hui, 12 juin 1933, le Conseil décide, profil bas, qu’une lettre sera adressée au Commissaire de l’Etat aux dommages de guerre pour lui dire, que tous comptes faits, la somme est bienvenue.

Les temps sont durs pour tout le monde : cette fois c’est 32.021,76 francs (la somme a encore augmenté depuis mars 32) que l’Etat réclame à la commune.
Les mesures suivantes sont envisagées par le Conseil :
-vente de différents terrains communaux, à savoir une parcelle au Bas-Sart et une autre au lieu-dit « abreuvoir » (NB : il doit s’agir d’une ancienne pièce d’eau, comblée, située face au château Piret, de l’autre côté de la route). La vente publique aura lieu à la maison communale et on en espère 6.000 francs
– coupes de bois à Gougnies et à Biesme : on en espère 40.000 francs, mais pas avant la fin de l’année
Si l’on ajoute les dommages de guerre et le carnet d’épargne, on atteint 66.500 francs.

Le 28 août , le Conseil entérine les ventes : l’abreuvoir désaffecté (2 ares de superficie) a été adjugé pour 4.500 francs à Eugène Daffe, tandis que deux parcelles au Bas-Sart, l’ont été , respectivement à Félicie Poulleur pour 890 francs et à Félicie Cobut pour 685 francs.
Malgré la crise, il faut respecter les barèmes : le traitement annuel du garde champêtre Joseph Cuvelier passe à 5.512,50 francs.

Toujours la chasse aux rentrées : le 10 octobre 1933, par 5 voix contre deux, le Conseil décide d’instaurer au profit de la commune une taxe de 25 centimes additionnels aux taxes perçues par l’Etat.

Le budget de 1934 est fixé à 204.819,06 francs en recettes pour un boni de… 10,64 francs, celui de la Commission d’assistance publique à 8.431,85 francs avec un boni de 68,95 francs quant à celui de la Fabrique d’église, il est 5.519,16 francs avec un boni nul, mais un supplément de 2.992,90 francs pour « les frais ordinaires du culte » est demandé. La demande est approuvée par 5 voix et deux abstentions.

Pour payer les sommes réclamées par l’Etat, il faudra se résoudre à emprunter 20.000 francs au Crédit communal.

L’année 1934 s’ouvre par la décision du Conseil d’envoyer une « lettre énergique de protestation » à la direction de la Société nationale des chemins de fer : la population s’alarme de bruits, jamais démentis par celle-ci, d’un projet de suppression de nombreux trains entre Gougnies et Acoz où il y a du travail dans les laminoirs.

Par ailleurs, pas rancunière pour ses décisions concernant le conflit avec l’instituteur Joachim et la dette envers l’Etat, la commune versera 20 francs à un comité qui s’est formé à la province pour organiser une fête en l’honneur du gouverneur Maurice Damoiseaux pour ses 25 ans de charge. Deux Conseillers votent cependant contre.

Le 16 mai, la situation s’est encore aggravée et le Conseil décide de demander à la députation permanente de pouvoir vendre des titres qu’elle détient pour 13.500 francs, sinon le personnel ne pourra être payé ni la cotisation au fonds de chômage.

Le Crédit communal n’est pas un organisme philanthropique : il faut deux pages du compte rendu de la séance du 2 octobre 1934 pour détailler les clauses du prêt de 20.000 francs. Le taux d’intérêt est de 6,5 %.
Par ailleurs, les ventes de bois ont rapporté un peu plus de 15.000 francs (NB : on en espérait 40.000 !). C’est ainsi que les comptes du 3eme trimestre se clôturent sur un déficit de 536,84 francs.

Séance du 7 novembre 1934 : Isaac Hébrant étant décédé six jours auparavant, Hector Defrène, un comptable né à Gougnies le 11 février 1884 et ayant obtenu 252 voix aux élections, prête serment.
Le Conseil est désormais composé de
-Albert Pirmez, bourgmestre, Léon Wiart, 1er échevin
-Ernest Soumillon, 2d échevin
-Oscar Tayenne, René Grégoire, Calixte Delferrière et Hector Defrène, Conseillers.

La Commune au bord de la faillite
Réunion du 3 décembre 1934 : cette fois la situation pécuniaire de la commune est telle que , sans l’intervention de Saint Nicolas ou du Père Noël, auxquels les Conseillers ne croient plus, il est impossible d’établir le budget 1935 sans doubler les centimes additionnels qui passent donc à 50.
A cette condition, il sera en boni de 403,63 francs pour des recettes de 166.065,64 francs

Angoisse : dans une argumentation à la Députation permanente afin qu’elle donne son accord pour la vente des titres, le Conseil du 16 janvier affirme que la Commune n’est plus en état de payer son personnel.

La vie communale continue cependant et le chemin vers Sart-Eustache est dans un état déplorable (le sujet sera encore sur la planche du Conseil durant quelques décennies). Lors de sa réunion du 11 mars 1935, le dossier examiné par le Conseil est abandonné : il s’agissait de faire reprendre ce chemin par l’Etat au titre de « voie de grande communication », mais pour ce faire, le chemin en question devait être en bon état. Nous sommes loin du compte…

La loi du plus fort : les conditions du Crédit communal pour accorder un emprunt de 20.000 francs à Gougnies sont draconiennes, mais il faut passer sous les fourches caudines. La commune a besoin de 5.000 francs pour les salaires en retard et de 15.000 francs pour débloquer des paiements gelés par la Province, faute de fonds.

Passez votre chemin : un arrêté est pris signifiant que « les voitures de saltimbanques, de ménages ambulants et les camps volants en général » ne pourront stationner sur aucune route du territoire communal sans autorisation préalable du bourgmestre, limitée par ailleurs à 24 heures.

L’été 1935 a été marqué par une sécheresse, ce qui n’arrange pas les problèmes d’alimentation en eau du haut de la commune (les Hayettes) il faudrait entreprendre des travaux, constatent les Conseillers lors de leur réunion du 12 août, placer des tuyaux de section plus importante et creuser une citerne. Ils ignorent à ce moment que le problème de l’eau empoisonnera la vie communale durant 22 ans encore…

Réunion du 4 novembre 1935 : les temps sont durs et le budget de l’Assistance publique est
serré, en boni de 27,13 francs pour 7.558,30 francs. Celui de la Fabrique d’église est à peine inférieur, mais elle demande -et obtient- 3.431,20 francs de supplément pour les « frais ordinaires du culte »

Un peu d’oxygène pour les finances communales : tandis que les taillis de « la taille à l’argile » seront donnés en affouage aux habitants, les ventes de bois ont été adjugées pour 23.040,25 francs en ce qui concerne le bois de Gougnies et pour 11.092,90 pour celui situé à Biesme.

Le Conseil du 10 février 1936 approuve le budget pour cette année, en boni de 400,01 francs pour des recettes de 191.621,31 francs. Les Conseillers, d’autre part, acceptent la vente au bourgmestre du « chemin N°13 ». Ce chemin qui, jusque-là était public débutait, dans le bas du village, près du pont Mariminsson, traversait la propriété et aboutissait à la limite de Biesme.

L'emplacement du petit pont. Le chemin en question se situe à droite sur la photo. 

Photo Ben.

La vente rapportera 10.520 francs qui seront consacrés aux travaux urgents pour la distribution d’eau.
Cette somme ne suffira d’ailleurs pas puisque le devis présenté aux Conseillers lors de la réunion du 9 mars est de 11.500 francs pour la création d’une citerne rue de Namur et d’une autre aux Hayettes. Les Conseillers prennent aussi connaissance des nouveaux barèmes fixés par le gouverneur et par arrêté royal. Le secrétaire communal gagne 6.250 francs par an en début de carrière et 11.250 en fin de carrière ; le garde champêtre, 5.250 au début et 7.875 en fin de carrière.
Lors de la même réunion, suite à la démission de Calixte Delferrière, son suppléant, Isaac Vaneukem, prête serment de Conseiller.

Isaac Vaneukem, à droite sur la photo prise au "Castor" sur la place de Gougnies.
(Photo coll. famille Soumillon)

C’est la crise pour tout le monde, même les mieux nantis: lors du Conseil du 2 juin 1936, il est constaté que le droit de chasse pour le bois situé à Biesme n’a pas été attribué faute d’amateur et que celui pour le bois de Gougnies a été adjugé à Antonin Daffe de Ligny pour seulement 4.000 francs, soit un tiers de moins qu’il y a 9 ans…

Changements dans la composition du Conseil : suite au décès de Léon Wiart le 8 août, Gérard Wauthy lui succède comme Conseiller lors de la réunion du 2 septembre tandis qu’Oscar Tayenne devient 1er échevin.

Pas simple de vivre dans les campagnes : les propriétaires de la ferme des Longs Bonniers (famille Wauthy) ont demandé à être raccordés au réseau électrique. Le Conseiller, réunis le 2 septembre 1936, donnent leur accord, mais il faudra un minimum de consommation, à défaut, une participation de 17,5% des frais d’installation de la ligne sera à leur charge.

Le 11 décembre, le Conseil entérine la désignation de Hector Defrène, Eugène Douillet, Léon Mengeot, Pierre Gillain et Léon Massaux comme membres effectifs de la commission communale d’Assistance publique.

Finalement, le droit de chasse sur Biesme a trouvé amateur : il a été adjugé à François Hannaert, de Bruxelles pour 2.510 francs par an, soit le tiers de ce qu’il valait lors de la signature du bail précédent il y a dix ans…, mais en sa réunion du 22 janvier 1937, le Conseil approuve la transaction, d’autant que le locataire précédent ne payait plus les loyers…

Le bois, lui se vend bien : le 5 mars 1937 il est enregistré que les lots de futaie pour 1937 ont été adjugés pour 21.177,20 francs soit 3.000 francs de plus que l’année précédente.

Le compte de la commune reviennent dans le positif : pour le premier trimestre de l’année en cours il présentent un excédent de 5.768,13 francs.

L’instituteur Joseph Dausimon est prié d’entretenir du feu dans une des pièces de sa maison de fonctions afin de vérifier l’efficacité des travaux (humidité sans doute) qui y ont été menés… Les Conseillers ne se doutent pas que cette maison empoisonnera leurs successeurs pendant quelques décennies encore.

Enfin, il est décidé d’abattre les sapins de l’allée centrale du cimetière devenus dangereux en raison de leur taille


Bruits de bottes
Lors de la réunion du 17 décembre 1937, soit quelques mois après le bombardement de Guernica (26 avril) le Conseil désigne le garde champêtre Joseph Cuvelier et Pierre Gillain, membre de la Commission d’assistance publique, « pour suivre à Charleroi les cours officiels instaurés par la Province pour prémunir les populations contre les dangers de la guerre aérienne… »

Nous voici arrivés en 1938. Le 14 janvier le Conseil désigne Jules Thiry de Sart Eustache pour remplacer l’instituteur Joseph Dausimon décédé le 15 décembre précédent. Il n’y avait pas moins de 24 candidats pour ce poste.
Et voici que s’ouvre un dossier qui, avec celui de la distribution d’eau, de l’électricité, de l’état de la route de Sart-Eustache n’est pas prêt d’être refermé : l’horloge de l’église. Sur proposition des Conseillers Grégoire et Vaneukem il est en effet décidé de « faire quelques réparations » à l’escalier et au plancher de la tour de l’église « afin de remettre l’horloge en marche ».

La commune a été démarchée par un Atelier d’art qui désire lui vendre les portraits des rois et reines des Belges. Il y a des dépenses plus urgentes : le Conseil du 22 juillet fait savoir à la firme qu’on peut venir retirer les modèles…

L’instituteur Jules Thiry a été mobilisé. Le 10 décembre 1938, les Conseillers désignent Maurice Scieur comme intérimaire. Par ailleurs, ils protestent contre la décision, confirmée, des Chemins de fer de supprimer des trains de voyageurs vers Acoz et de renforcer le service des bus.

On avait voté le 16 octobre 1938. Le Conseil du 18 janvier 1939 valide les résultats. Sont élus, sur la liste N°1, Albert Pirmez, Hector Defrène, Gérard Wauthy, Julien Renson et Gaston Gillain ; sur la liste N°2, René Grégoire et Isaac Vaneukem, ces deux derniers ne prêtant le serment de fidélité au Roi que « sous réserve de mes opinions philosophiques ».
Gérard Wauthy et Julien Renson sont élus respectivement 1er et 2d échevins.

On le sait, les ventes de bois constituent une importante ressource pour les finances communales, mais en ces temps troublés les cours ont baissé et les dernières adjudications ne sont pas approuvées tant elle sont inférieures aux estimations.

Par ailleurs, comme Hector Defrène a donné sa démission de président de la Commission d’assistance publique, ainsi que son suppléant Oscar Tayenne, Julien Renson est élu membre effectif et Jules Burton sera son suppléant. C’est la première fois qu’apparaît le nom de celui qui sera bourgmestre après guerre.

Quant à Albert Pirmez, il ne s’est pas représenté comme candidat bourgmestre. Son successeur sera Hector Defrène.

Ben

Voir aussi dans cette série la première partie de cette période 1910 – 1939
la seconde partie et
la troisième partie
la période 1939-1946
et 1947-1963

ainsi que les dossiers
Heures de guerre (1)
Heures de guerre (2)
Heures de guerre (3) et
Heures de guerre (4)